Diary51

scr50

Entrée 50 - Fin de partie

Le spectre parlait clairement de Murdoch, malgré la prononciation étrange de son nom. Honnêtement, qu'auriez-vous fait à ma place ? À court d'options, presque à bout de nerfs, avec vos troupes autour de vous se préparant au combat, quelqu'un que vous avez appris à aimer profondément en train d'être torturé à quelques kilomètres de votre position et son destin suspendu à vos prochains mots ?

Je suis sûr que quelqu'un de plus intelligent que moi serait capable d'élaborer une ruse sophistiquée pour tenir le dragon à distance, sauver la demoiselle, obtenir sa main et la moitié du royaume, une suite heureuse et tout le reste. Mais je ne suis pas très intelligent. J'ai donc dit la seule chose qui me venait à l’esprit.

"D'accord. Nous sommes tous les deux spéciaux et Murdoch a clairement besoin de nous pour quelque chose, tous les deux. Un échange alors. Moi contre elle. Laissez-la partir, la torturer ne vous sert à rien. Je vais contacter Murdoch, lui parler de la situation, puis je me rendrai là où elle se trouve et nous attendrons. Qu'en dites-vous ?"

À la fin, j'étais presque en train d'implorer. Curieusement, le spectre a semblé prendre mon offre en considération, bien qu'il ait toutes les cartes en main. Il aurait pu la rejeter purement et simplement, disparaître, me tuer, tuer tout le monde... tout cela, et pourtant il était là, en train de conclure un marché. La réponse fut, une fois de plus, d’un seul mot.

"Acceptable".

Sa silhouette a légèrement vacillé et, comme par enchantement, Gail s'est retrouvée allongée à côté de moi, nue, haletante et tremblante. J'ai immédiatement sorti une couverture d'une voiture voisine pour la recouvrir. Une infirmière est arrivée peu après. Gail était gravement déshydratée et en état de choc. Elle était incapable de parler et nous avons tous convenu que la meilleure chose à faire était de la laisser se reposer. Nous avons apporté d'autres couvertures et l'avons placée à l'arrière de l'un des VCI.

"Et maintenant ?" demanda prudemment Jim.

"Appelons Murdoch. Si nous ne pouvons pas obtenir de l'aide ou le faire venir, eh bien... nous sommes morts de toute façon."

Derrière nous, Gail s'agitait et gémissait. L'infirmière s'occupait toujours d'elle, mais elle était dans un triste état. La voir ainsi m'a remis en colère. Très en colère.

Nous avons réussi à joindre Murdoch presque immédiatement, comme s'il nous attendait. Il m'a regardé fixement pendant que je décrivais rapidement la situation, tout en essayant de maîtriser mes émotions. J'avais envie de me mettre en colère, de lui crier dessus, de le frapper et de lui arracher la tête, d'effacer cette expression de suffisance et de froideur de son visage. Et pourtant, je n'ai rien fait de tout ça, espérant plutôt un miracle.

Alors que je terminais mon "rapport", Murdoch a fait un signe de tête à quelqu'un en dehors de l'écran et a donné quelques ordres rapides. Puis il s'est retourné vers moi, ses yeux brûlant d'une intensité jamais vue auparavant. Il s'est penché vers la caméra.

"Samuel, tu vas m'écouter. Nous avons un moyen de perturber cette... chose, mais seulement pour une courte durée. Tu dois suivre mes instructions à la lettre, tu me comprends ? Si tu ne le fais pas, ni toi ni personne ne survivra. Leurs vies, celle de Gail en particulier, sont maintenant entre tes mains. Me suis-je bien fait comprendre ?!"

Je me contentai d’acquiescer.

" Bien," poursuivit-il. "Vous allez voir un éclair de lumière qui va le faire se coaliser et le rendre sensible aux lois de la physique de ce monde. Il ne pourra temporairement plus utiliser ses pouvoirs et prendra la forme d'un objet physique. Je ne sais pas lequel, ça peut être n'importe quoi. Si vous détruisez cet objet, il sera très probablement contraint de se replier d'où il vient pour un bon moment. À nouveau, vous me comprenez ?"

"Je comprends... Marduk", j'ai soigneusement prononcé son nom de la même manière que le spectre l'avait fait auparavant. Il recula comme s'il venait de recevoir une gifle et me jeta un regard très étrange.

"Si vous survivez, nous parlerons."

Sur ce, il a rompu la connexion. Le fait que je l'ai mis mal à l'aise m'a légèrement remonté le moral et j'ai rassemblé tous les commandants de troupes autour de moi pour un briefing au cours duquel j'ai expliqué le plan. J'ai laissé de côté une grande partie de ce que je savais et, à la place, j'ai raconté que Murdoch était prêt à lâcher un EMP dans le dos de l'ennemi. Je songeais à raconter des conneries sur des drogues ou du poison qui seraient à l'origine des visions, mais finalement, cela me semblait futile et de toute façon, ils ne m'auraient pas cru.

Je suis donc ici, assis avec Gail pendant que tous les autres se préparent au signal qui devrait arriver d'une minute à l'autre. Des éclairs s'abattent sur la pyramide. Nous y voilà.

Souhaitez-moi bonne chance.

À suivre...

Récompenses :

  • Chasseur de chars de rang 10 Premium TOS-1M Buratino

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scr49

Entrée 49 - Monolithe

Avec plus d'une centaine de kilomètres de routes désertiques derrière nous, je sentais que nous approchions de la fin. Malgré les rigueurs du voyage, aucun d'entre nous n'a osé lever le camp. Le ciel s'étant à nouveau dégagé après plusieurs heures de pluie, nous sommes restés dans nos véhicules en nous protégeant uniquement à l'aide de couvertures. Le reste du voyage s'est déroulé sans incident, malgré les rumeurs qui se sont répandues dans nos forces comme une traînée de poudre.

Mais nous avons eu de la chance. La vérité défiant l'entendement humain, de nombreux récits ont été jugés enjolivés ou carrément mensongers. Plusieurs versions des événements de l'oasis ont commencé à circuler et, à la fin, personne ne savait plus ce qu’il fallait croire. Des questions ont été soulevées à propos de la disparition de Gail et des sentinelles, mais Jim a gentiment fait circuler une version selon laquelle elle avait pris les éclaireurs et était partie en mission de reconnaissance, bien qu'il ne l'ait jamais confirmée.

Mensonges cruels, me suis-je dit - et si les choses se passaient bien, Gail reviendrait en un rien de temps. Mais si elles tournaient mal, tout cela n'aurait plus aucune importance.

Le troisième jour, à midi, nous avons atteint la zone désignée. Nous savions que nous n'étions pas loin du Nil, mais nous ne distinguions aucune trace de vie nulle part, juste une vaste mer brune qui nous entourait. Le docteur Az'dule et son équipe ont sorti un équipement visiblement très sophistiqué et nous ont guidés dans cette dernière partie du voyage, jusqu'à ce que nous arrivions enfin aux coordonnées.

Et il était là, un monolithe métallique au sommet d'une dune, seul dans le désert. L'un des scientifiques nous a informés que les relevés d'énergie émanant de ce monolithe étaient extraordinaires, mais ce qui nous a vraiment inquiétés, c'est qu'il n’y avait aucune trace de Gail nulle part. Aucune trace de quoi que ce soit d'ailleurs, seulement ce monolithe avec sa surface lisse et réfléchissante qui semblait briller de temps en temps.

En l'absence d'indices sur la marche à suivre, nous avons décidé d'établir un campement autour de l'objet. Jim a strictement interdit à quiconque d'interagir avec l'objet mystérieux, mais nous savions que, tôt ou tard, quelqu'un devrait tenter quelque chose. Et cette personne, ce sera moi, a souligné Jim à juste titre, car je semblais être bien plus lié à cette mission que n'importe qui d'autre. Je l’admettais.

Quelques heures plus tard, j'étais presque prêt. Rien ne va plus, me suis-je dit, alors que je finissais de me préparer à... je ne savais même pas quel était mon but. Devant moi, le monolithe scintillait presque au soleil, alors que les rayons de l'après-midi se reflétaient sur sa surface. J'ai enlevé mon gant droit et je me suis approché de l'objet pour le toucher à main nue.

Je m'attendais à me brûler, puisque le soleil rend le métal brûlant, mais malgré la chaleur extérieure, sa surface était lisse et froide au toucher. C'était une sensation presque agréable, mais dont je n'osais prolonger l'effet. J'ai retiré ma main du métal.

Ou du moins a essayé de le faire.

Mon corps ne m'appartenait soudainement plus, semblait-il, car mon bras ne répondait plus à mes ordres. J'ai regardé avec stupéfaction le monde s'immobiliser et s'obscurcir, comme dans un de mes cauchemars. Le soleil fut éclipsé par un objet trop gros pour être la lune et, dans le crépuscule, une grande pyramide s'éleva là où ne se trouvait qu'une vaste étendue de désert.

Ce n'est qu'une fois le décor planté que le monolithe me libéra de ses liens et, à en juger par les regards et les cris de terreur autour de moi, le phénomène n'était pas limité comme la dernière fois. Le camp tout entier baignait dans la lueur funeste d’un soleil obscurci et l’air était chargé d’énergie, tant l’ampleur de ce qui se déroulait devant nous était grande.

Notre attention a été attirée par un mouvement soudain à l'avant, trop loin pour être vu à l'œil nu. Ce sont nos jumelles qui ont révélé l'horrible vérité. Gail Espinoza lévitait dans les airs, crucifiée devant l'entrée de la pyramide, son corps nu brillant d'énergies étranges. Elle était clairement souffrante et bien que nous soyons trop loin pour entendre ses cris, nous pouvions voir sa bouche s'ouvrir et se fermer périodiquement en hurlant.

C'était le spectacle le plus troublant que j'aie jamais vu et j'ai rapidement refoulé l'envie de prendre un fusil et de courir vers elle pour la secourir, la protéger, ou faire quoi que ce soit. Sentant ma détresse, Jim m'attrapa par l'épaule.

"Pas comme ça. Préparons-nous."

C'était la voix de la raison qui a percé le nuage de terreur qui engloutissait mon esprit et j'ai lentement baissé mon fusil. Jim a commencé à aboyer des ordres à gauche et à droite, mais ce n'était pas vraiment nécessaire - tous ceux qui avaient été témoins de l'abominable spectacle étaient déjà à pied d'œuvre sans même en avoir eu besoin. Plusieurs moteurs ont rugi tandis que les véhicules autour de nous commençaient à se mettre en position de combat, au premier rang desquels le puissant lance-roquettes, notre marteau blindé doté d'une puissance de feu suffisante pour raser un pâté de maisons.

Le voyageur, tel qu’il s'identifiait, se tenait à côté de moi, regardant impassiblement la scène.

"Avez-vous amené l'Exil ?" demanda-t-il calmement.

Sous le choc, je suis resté figé un instant, mais la rage m'a aussitôt envahi la poitrine.

"Laissez-la partir, maintenant !" lui criai-je au visage, le poing recourbé, prêt à frapper.

"Non," répondit le spectre, complètement imperturbable. "Avez-vous amené l'Exil ?"

"Qu'est-ce que ce maudit Exil ?!" lui criai-je à nouveau dessus.

Autour de nous, les gens couraient dans toutes les directions, portant des armes, des grenades, des armures... tout ce qu'ils pouvaient utiliser dans un combat. Nul ne m'a prêté attention ni n'a semblé remarquer mon compagnon. À présent, le bruit autour de nous était écrasant, et pourtant, j'ai entendu la réponse aussi clairement que si nous étions seuls. Un seul mot me prit au dépourvu mais, en y repensant, il n'aurait pas dû, car c'est à ce moment précis que je compris ce que je soupçonnais depuis le début.

 "Il a plusieurs noms. Vous le connaissez sous le nom de Marduk."

Récompenses :

  • Commandant Samuel Thorpe

scr48

Entrée 48 - Les larmes du désert

Je ne sais pas combien de temps je suis resté assis là. Je me souviens de la clameur, de plusieurs personnes qui essayaient de me parler, quelqu'un a même essayé de me secouer pour me pousser à réagir. Je suppose que j’étais dans un état de choc profond. À un moment donné, je me suis levé et j'ai commencé à errer autour du camp et dans le désert.

Jim m'a ramené. Je me souviens d'avoir été assis dans une tente, sans comprendre ce qui se passait autour. Jim Twocrows me surplombait, le visage empreint d'inquiétude.

"Où est Gail, Sam ?"

Des questions. Toujours des questions.

"Que s'est-il passé ?"

Il m'a fallu un certain temps pour reprendre mes esprits. Jim me tendait une gourde et, ayant soudain réalisé à quel point j'avais soif, je l'ai vidée presque instantanément.

À part lui, le Dr Az'dule et moi, la tente était presque vide. C'est à ce moment que j'ai craché le morceau. J'ai tout raconté à Jim, au grand dam du docteur, y compris la nature de l'univers et tout ce qui en découle. Jim a écouté mon récit en silence, le seul signe de son attention étant un haussement de sourcil occasionnel et un hochement de tête incrédule. Lorsque j'ai terminé, il se tourna vers le docteur Az'dule.

"Est-ce vrai ?"

Le médecin mit quelques secondes à répondre, mais il finit par faire un signe de tête lent et prudent à Jim.

"Oui."

"Maudits."

En effet, nous sommes tous maudits, ai-je pensé. La seule idée qui nous venait à l'esprit était de contacter immédiatement Ferguson et Murdoch. Jim sortit pour interrompre les procédures de départ tandis que le Dr Az'dule et moi-même nous rendions à la tente de communication (qui était toujours la dernière à être démontée) et demandions de l'intimité aux deux officiers manifestement inquiets qui s'y trouvaient. Les deux hommes partirent en soupirant et, une fois de plus, je m'assurai que personne ne nous espionnait avant d'appeler Ferguson à la rescousse.

Tous deux écoutèrent mes souvenirs, mais aucun d'entre eux ne sembla surpris. Irrité est peut-être le mot qui convient pour décrire la façon dont ils sont apparus à l'écran. Leur réponse a été remarquablement brève et ne donnait pas le moindre espoir.

"Nous devons nous organiser. Samuel, vous devez vous rendre à l'objectif, comme prévu."

"Mais..."

Mes protestations ont tourné court.

"C'est un ordre. Quant à ce qui s'est passé, n'en parlez à personne. Gail a été enlevée, c'est certain. C'est un piège, mais nous n'avons pas d'autre choix que d'y aller. Pour l'instant, nous ne pouvons pas mobiliser plus de ressources que ce que vous avez déjà. Vous êtes la seule chance de Gail. Si vous voulez la récupérer… allez-y. Sauvez-la de cette chose... quelle qu'elle soit."

"Mais comment puis-je..."

Nouvelle interruption.

"Vous connaissez l’endroit ? Cherchez une structure métallique dans le désert. Un monolithe. C'est comme ça que vous saurez."

La dernière partie me disait qu'ils en savaient, comme d'habitude, bien plus qu'ils ne le laissaient paraître. Les ordres confirmés et la connexion rompue, je fis signe à Jim de rentrer dans la tente et me tournai vers mes deux compagnons.

"Un monolithe, docteur ?"

Az'dule haussa les épaules et soupira.

"Autant vous le dire. Ce monolithe est au cœur de la technologie de Murdoch. Nous ne savons pas d'où il vient, mais il lui permet d'exploiter le pouvoir de pénétrer dans des réalités alternatives. Pour ma part, je n'ai aucune idée de son fonctionnement. Aucun d'entre nous ne le sait. Nous pensons que Murdoch l'a découvert quelque part par accident, mais il n'en parlera jamais."

Encore un mystère, juste au moment où j'espérais enfin avoir des réponses. Jim se passa les doigts dans les cheveux, frustré.

"Nous ferions mieux de nous mettre en route. Je veux revoir Gail."

"Moi aussi..." Marmonnai-je. Il me jeta un regard complice et quitta la tente avec le docteur Az'dule à sa suite.

Dehors, il s'est mis à pleuvoir. C'était quelque chose d'inouï dans cette région à cette époque de l'année, et pourtant, le désert pleurait sous nos yeux comme s'il se lamentait sur le sort de Gail. Heureusement, l'averse emportera toutes les traces des larmes que j'ai laissées couler sur mon visage, pensai-je. Non pas que j’allais vraiment pleurer... non pas que j'admette pleurer, me corrigeai-je.

Alors que notre convoi quittait lentement l'oasis, nous nous sommes retournés pour découvrir un désert complètement vide. Les arbres et le petit lac avaient disparu. Seuls les sables mouvants qui les remplaçaient nous murmuraient leurs adieux, à nous, les âmes maudites.

Récompenses :

  • 10 Jetons d'insigne de Commandant Platine
  • 10 Jetons d'insigne d'Équipage Platine
  • 10 Jetons d'insigne EXP Platine
  • 10 Jetons d'insigne de Réputation Platine
  • 10 Jetons d'insigne de Crédits Platine

scr47

Entrée 47 - Mauvais rêves

Affronter des horreurs qui dépassent l'entendement a des effets étranges sur l'esprit. Cela arrive à ceux qui en ont trop vu, au milieu de la bataille, lorsque tous ceux qui les entourent se font déchiqueter. La partie du cerveau responsable des décisions et des actions se détache de tous les avertissements dont le reste de l'organe est inondé, pour survivre. C'est pourquoi les hommes qui sursautent en entendant un bruit parfaitement normal sont capables de traverser une rivière de sang, de tripes et de leurs amis gémissants et suppliants pour se mettre à l'abri, même s'ils sont blessés. C'est la sécurité ultime de l'esprit, une sécurité qui, une fois déclenchée, ne peut jamais être arrêtée.

En voyant les vers couiner, je me suis demandé si j'avais atteint cet état. Rétrospectivement, il est clair que non, mais c'était une sensation surréaliste, comme si je m'étais vu donner l'ordre d'arroser tout le monticule d'essence et d'y mettre le feu. Aujourd'hui encore, je peux entendre les cris lorsque je ferme les yeux.

Mais tout cela n'était rien, comparé à ce qui a suivi.

Il nous a fallu plusieurs heures pour tout emballer. La nuit était calme, à l'exception de la brise du désert, mais pour une raison quelconque, une grande partie de notre équipement - en particulier les purificateurs d'eau - était obstruée par le sable, comme si elle avait traversé une tempête de sable. Nous n'avions aucune explication. À ce moment-là, la rumeur de ce qui s'est passé a atteint l'ensemble de l'équipe. Il n'y avait pas beaucoup de témoins de l'incident, mais les mercenaires aiment parler et la disparition d'une de nos équipes de sentinelles n'était pas quelque chose que nous pouvions dissimuler.

La théorie dominante dans les rangs était que les rebelles locaux étaient responsables et, en passant périodiquement dans le camp, j'ai entendu plus d'une promesse de vengeance sanglante si nous tombions sur certains d'entre eux. Gail et moi, nous connaissions mieux la situation, mais nous pensions que le pire était passé. Jusqu'à ce que nous retournions à notre tente.

Un homme était assis dans le sable, les jambes croisées. Nous ne pouvions pas voir son visage, mais il nous paraissait âgé, ses mains - la seule partie vraiment visible de son corps - étant calleuses et tannées par la chaleur du soleil africain. Il était vêtu d'un étrange vêtement qu'il était très difficile de décrire, car ses tissus bruns s'écoulaient de façon étrange et peu naturelle. Aucune des troupes qui se trouvaient à proximité ne semblait l'avoir remarqué et l'on comprit rapidement pourquoi. Alors que Gail et moi nous approchions de lui, pistolets dégainés, nous avons franchi une sorte de seuil. L'homme et son environnement étaient enfermés dans une bulle de réalité et tout ce qui se trouvait à l'extérieur semblait... assourdi. Même maintenant, avec mon esprit éclairci par le whisky, cela ressemblait plus à une vision, une hallucination qu'à quelque chose appartenant à notre monde.

"Les Pions de l'Exil approchent.", dit l'homme, d'une voix plutôt décontractée, presque moqueuse, mais en même temps agréable. Son anglais était impeccable et la seule chose qui attira notre attention fut son accent. J'aurais juré l'avoir déjà entendu quelque part, mais je n'arrivais pas à le remettre.

Nous n'étions pas sûrs de ce à quoi nous attendre, mais ce n'était pas ça. Nous sommes donc restés là, tous les deux, à pointer nos armes sur sa tête, tout en ayant peur de bouger le petit doigt, car les conséquences d'un geste brusque pourraient être terribles.

"Asseyez-vous", dit l'homme, en prenant à peine la peine de lever la main pour la pointer devant lui. "Parlez. De l'Exil."

Gail et moi nous sommes regardés. Elle était terrifiée ; tout cela ressemblait à cette nuit en Arizona, réalisai-je. Mais je me suis dit que nous pourrions peut-être enfin obtenir de vraies réponses. Nous nous sommes donc assis devant l'homme. Lentement et prudemment, comme il se doit dans ce genre de situation.

Même s'il était assis en face de nous, nous ne pouvions pas voir son visage. Il y avait l'ombre de... quelque chose à l'intérieur de l'habit, mais c'était difficile à reconnaître et je n'allais pas prendre de décisions stupides. Au contraire, j'ai jugé qu'une conversation avec cette apparition était le meilleur moyen de se sortir de cette situation sans être pris au piège. Ce qui, à ce moment-là, semblait être une fin très réaliste pour notre voyage (et nos vies).

"Qu'est-ce que l'exil ?" Essayai-je.

L'homme pencha légèrement la tête, mais ne dit rien.

"Nous ne connaissons pas d'exil, nous..." j'ai perdu le fil un instant, "nous n'avons été exilés nulle part. Si ce n’est dans ce désert, mais... laissez-moi vous dire que nous sommes ici pour l'argent, pas pour la vue."

Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai essayé de faire une blague. Peut-être était-ce un autre mécanisme de défense psychique. L'homme sembla soupirer sous sa capuche.

"Vous ne savez donc pas."

Gail acquiesça, guettant attentivement tout mouvement brusque.

"C'est exact. Qui que vous soyez, vous perdez votre temps."

L'homme pencha à nouveau la tête.

"Le temps... qu'est-ce que c'est, je me le demande..."

Cela m'a pris au dépourvu et je n'avais rien à répondre. Mais Gail a décidé d'insister.

"Qui êtes-vous ?

Pendant un instant, l'homme baissa la tête et sembla réfléchir à la question. Pour la première fois, il avait du mal à s'exprimer, ne serait-ce que pour un court instant.

"Un simple voyageur, c'est ce que je..." il fit une pause, "suis ? Oui. C'est ce que je suis."

"Monsieur," poursuivit Gail lentement et prudemment, "nous sommes des mercenaires et nous avons pour mission de découvrir un type d'énergie étrange. Samuel et moi. C'est ce que nous faisons. Nous nous battons pour de l'argent."

Cela attira son attention. Le spectre du désert - car c'est ce qu'il était pour moi - tourna brusquement la tête vers Gail.

"Oui, je comprends maintenant. Il veut traverser et il a besoin de vous."

Je n'ai pas aimé la vigueur qui se dégageait soudain de la voix du spectre.

Les événements suivants se sont déroulés si rapidement que j'en ai encore un souvenir flou, mais voici à peu près ce qui s'est passé. Le spectre s'est soudainement mis en mouvement, a saisi le bras de Gail et m'a presque sifflé dans l'oreille.

"L'Exil doit venir. Il est ordonné."

Les yeux de Gail s'écarquillèrent. Elle poussa un cri de douleur qui fit froid dans le dos... et puis c'était fini.

J'étais assis seul devant la tente et autour de moi, le monde reprenait son cours normal. Les équipes se déplaçaient, les filets de camouflage et les tentes étaient démontés, les odeurs d'essence brûlée et des petits déjeuners qui vous tueront dans quelques décennies.

Tout cela, et pourtant je savais au fond de mon cœur que les choses ne seraient plus jamais les mêmes.

Récompenses :

  • Skin Nightsinger pour le char de combat principal de rang 9 T-90MS Tagil
  • Titre de joueur Nightsinger
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr46

Entrée 46 - L’oasis

Nous avons bien progressé ce jour-là et nous avons estimé que nous atteindrions la zone cible en deux jours, trois au pire. Jim (qui semblait tout prendre à bras-le-corps) a suggéré de former un détachement de raiders, de leur donner les véhicules les plus rapides dont nous disposions - en réalité, c’était des buggies des sables armés - et de les envoyer en éclaireur pour occuper l'objectif en attendant l'arrivée de la force principale. Nous avons tout de suite rejeté l’idée. Qui sait ce qui pourrait arriver ? Et c'était la bonne décision, comme nous l'avons appris plus tard dans la nuit.

Au crépuscule, nous sommes entrés dans une oasis au milieu du désert. Elle était petite mais luxuriante et semblait grouiller de vie, une île faite de vert et de bleu au milieu d'une mer de sable. Nous avons dû nous dépêcher pour monter nos tentes, équipés de grands projecteurs conçus pour chasser même la nuit la plus noire.

Cette soirée était particulière. Les vétérans de l'expérience algérienne sont restés entre eux, prenant clairement leurs distances avec les "nouveaux", qui se sont comportés avec beaucoup plus d'insouciance qu'ils n'auraient dû. Gail et moi avons ressenti leur malaise et avons décidé de tripler les sentinelles et de leur donner notre meilleur équipement (y compris des caméras thermiques avancées) afin que personne ne soit pris au dépourvu. Nous avons passé la nuit blottis dans nos tentes. Après une journée passée dans la chaleur étouffante de l'automne, la nuit nous a semblé presque froide bien que les températures ne soient jamais descendues en dessous des 25 degrés. Et sèche aussi - chaque fois que nous buvions une gorgée d'eau fournie par les purificateurs mobiles, nous pouvions presque goûter au doux sable saharien, notre soif à peine étanchée.

Le premier signe indiquant que quelque chose n'allait pas s'est produit tôt dans la matinée. Après une nuit de sommeil léger, nos radios se sont mises à émettre un signal d'urgence destiné aux situations où la personne en détresse n'est pas en mesure de parler. Tout le camp s'est aussitôt mobilisé à la recherche de la source du signal ; et nous l'avons rapidement trouvée. L'un des groupes de gardes avait disparu. C'était le plus expérimenté, dirigé par Krause, un vétéran germano-américain connu pour son attitude ferme et ses yeux d'un bleu presque surnaturel.

Inquiets, nous nous sommes précipités vers la position qui leur avait été assignée. Tout leur équipement était là, abandonné. À première vue, on pouvait croire qu'ils s'étaient déshabillés avant de s’enfoncer dans le désert. Il n'y avait pas de traces dans le sable, mais c'était prévisible : en moins d'une heure la brise constante les aurait recouvertes.

Mais en y regardant de plus près... les vêtements bougeaient. Nous les avons encerclés, tout en gardant nos distances, aucun d’entre nous ne voulant s'approcher davantage. Simple précaution, au cas où ceux qui avaient dispersé nos troupes auraient laissé de mauvaises surprises derrière eux. Finalement, personne ne voulant prendre le risque, j'ai pris sur moi de le faire. Avançant lentement vers la pile de vêtements, je l'ai rapidement touchée avec un fusil. Le mouvement s'est arrêté une seconde, puis a repris. J'ai lentement déplacé les vêtements, couche après couche, avec la pointe de mon fusil jusqu'à ce que l'origine du mouvement devienne évidente.

Une ou deux douzaines de vers de quelques centimètres d'épaisseur se tortillaient sous les treillis vides. Dès que le soleil les a frappés, ils ont poussé un cri aigu et se sont aussitôt tournés vers moi.

Ce n'est pas leur présence qui m'a bouleversé au plus profond de mon être. Certes, ils étaient déjà répugnants d'eux-mêmes, leurs corps pâles et poilus me renvoyant d'une certaine manière aux souvenirs de mes pires cauchemars. Mais c'était surtout le fait que chacun de ces vers avait un œil humain à la place de la bouche, et qu'ils me fixaient tous. Deux douzaines d'yeux d'un bleu surnaturel.

Récompenses :

  • 5 Caisses de ravitaillement platine
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr45

Entrée 45 - Mirage

Le lendemain, les préparatifs étaient presque terminés et tout se déroulait comme prévu. Nos drones éclaireurs signalaient que les Crocodiles ne bougeaient pas (s'ils décidaient de harceler notre convoi ou de saccager la base en notre absence, nous serions dans le pétrin) et les forces de l'ordre locales n'avaient pas l'intention de nous gêner de quelque manière que ce soit, car s'immiscer dans les affaires d'une corporation n’est généralement pas un choix très judicieux par ici (comme ailleurs, d'ailleurs).

Enfin, nous avons atteint le point où tout était chargé, où toutes les machines avaient fait le plein et étaient prêtes à partir, et où les équipages attendaient l'ordre de départ à l'intérieur de leurs montures métalliques. Il ne restait plus qu'à attendre le briefing final avec Ferguson et Murdoch lui-même, tous deux connectés en vidéoconférence - Ferguson toujours à Alger et Murdoch de retour à Chicago. Je ne pouvais pas cacher ma déception. Compte tenu de l'importance de la mission, je m'attendais à ce qu'ils soient tous deux présents, et en personne ! Ce qui m'a également surpris, c'est la présence du docteur Haswell à l'appel, ses cheveux blancs crépus et sa barbe attirant constamment mon attention au cours de l'appel en écran partagé. Peu après l'établissement de la connexion, Gail est revenue d'un rapide tour d'horizon - il n'y avait pas de mouchards, de témoins accidentels ou de voyeurs cachés dans les buissons.

Le visage de Murdoch était inexpressif et il n'a pas beaucoup parlé, à l'exception de la déclaration d'ouverture.

"Gail, Samuel... merci pour votre service jusqu'à présent. Vous vous êtes admirablement bien comportés dans les circonstances et les revers que vous avez subis n'étaient...", dit-il en faisant une courte pause, "pas de votre ressort. Sachez que je ne vous blâme pas pour les pertes, qu’elles soient humaines ou matérielles."

Il a bu une gorgée d'un verre d'eau, réfléchissant manifestement à ce qu'il allait dire. J'ai eu l'impression qu'il voulait que l'on y aille à l'aveugle dans un premier temps, mais qu'il a finalement décidé d'y renoncer, quelle qu'en soit la raison.

"Il semble que nous ayons attiré l'attention de... quelque chose. Quelque chose que nous ne comprenons pas très bien. Quelque chose qui n'est pas complètement satisfait de nos actions. Vous avez été informés des pics d'énergie - dans certains cas, vous en avez appris plus que nous au cours des deux derniers mois. Votre mission est de vous rendre aux coordonnées et de protéger l'équipe scientifique dirigée par le Dr Az'dule pendant qu'elle mène ses recherches."

Sur ce, il s'est enfoncé dans son fauteuil.

"Je ne vous mentirai pas", a-t-il poursuivi.

C'est ce que disent tous les menteurs, ai-je immédiatement pensé. Gail, assise à côté de moi, m'a baissé la main sous l’angle de la caméra et j'ai tout juste dissimulé un sourire en coin. Nous nous comportons parfois comme un couple de lycéens - un signe de confiance, je suppose. Mon amusement s'est vite dissipé en entendant les paroles suivantes de Murdoch.

"Ce n'est pas ce que je voulais. En agissant de la sorte, nous avons ouvert la boîte de Pandore et attiré l'attention de nombreuses personnes curieuses et puissantes. Si nous étions restés dans l'ombre, les choses auraient été beaucoup plus faciles. Malheureusement, nous devons jouer avec les cartes que nous avons. J'attends de vous, de vous tous, que vous soyez capables de découvrir des indices ou des informations avant que quiconque ne soit capable de monter sa propre opération."

 J'ai hoché la tête, principalement pour moi.

"Tout résultat, changement ou... événement doit être immédiatement rapporté à moi et à Mlle Ferguson. Les scientifiques savent ce qu'il faut faire et ont reçu l'ordre d’en faire de même. Nous ne savons pas vraiment à quoi nous avons affaire. Docteur Haswell, veuillez prendre la suite et nous faire part de vos dernières découvertes."

Au cours des trente minutes qui ont suivi, nous n'avons pratiquement rien appris de nouveau. Le docteur Haswell avait une forte tendance à s'écarter du sujet et à se perdre dans des futilités. Si l'analyse approfondie d'un certain modèle d'ondes énergétiques a certainement prouvé qu'il était un expert dans le domaine (peut-être même LE spécialiste), cela ne nous a pas apporté grand-chose, car aucun d'entre nous n'y comprenait rien. Les réponses aux questions les plus pressantes lui échappaient autant qu'à nous et il aurait pu résumer toute la conférence en disant "allez-y et voyez ce qui se passe".

En fin de compte, c'est Gail qui est revenue sur le sujet des réalités alternatives et de ce qui nous attendrait là-bas.

"Docteur, dans vos recherches, avez-vous trouvé quelque chose qui pourrait être en rapport avec notre problème ?"

"Eh bien," répondit-il en se grattant nerveusement la barbe, "il y a des choses effrayantes là-dedans, c'est certain. Par exemple... vous vous souvenez lorsque j'ai expliqué que les identifiants de réalité étaient des chaînes de nombres liées à la vie elle-même ? Eh bien... il existe une réalité où la valeur de l’identifiant est... '1' - juste ça, le chiffre '1' et rien d'autre. L'observation a été infructueuse, bien sûr, car il semble qu'il n'y ait pas de lois pHysiques dans cette réalité. Et pourtant... le collègue qui surveillait les écrans jure avoir vu quelque chose bouger dans l'obscurité. Ce n'était pas possible, cela n'avait aucun sens... mais il l'a juré quand même. Par la suite, nous l'avons vu aussi, comme une ombre à la limite de la vision. Mais rien n'apparaissait sur les enregistrements et, après coup, nous avons pensé qu'il valait mieux arrêter ce projet."

Haswell avait raison, c'était effrayant. Il y a cette vieille citation sur le fait de regarder l’obscurité qui est en nous - peut-être que la réalité l'a prise un peu trop au pied de la lettre. Nous avons quitté la tente en pensant à l'obscurité dévorante. Quelques heures plus tard, nous étions déjà en route, une longue file de camions et de blindés s'étirant sur une route du désert vers le nord. En fin d'après-midi, les équipes de reconnaissance signalaient qu’une grande pyramide près d'Al Dabbah était déjà visible à l'horizon.

Mais il y avait un problème. Il n'y a pas de grande pyramide près d'Al Dabbah.

Récompenses :

  • 5 Caisses de ravitaillement platine
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr44

Entrée 44 – Le Nil

Le Nil - le joyau de l'Afrique, une bande bleue et verte qui s'étend sans fin à travers des déserts, apportant la vie à une région par ailleurs totalement stérile. C'est ce qui nous a accueillis près de Khartoum, notre camp étant situé sur sa rive gauche.

Soudain, j'ai eu une forte impression de déjà-vu. C'est ainsi que mon aventure a commencé, dans un désert entouré de mercenaires. Mais maintenant Gail était à mes côtés et d'autres personnes que j'ai appris à connaître aussi - Jim Twocrows, présentement occupé à expliquer des choses sans doute importantes à un groupe de nouveaux visages, O'Sullivan était là aussi - je pouvais reconnaître le fort accent irlandais n'importe où ainsi que ses jurons caractéristiques. Tout semblait pareil... et pourtant si différent. Ce n'était pas un simple travail de formation, c'était beaucoup plus.

Plus tard dans la journée, nous avons reçu la visite d'un émissaire de Coldridge Crocodiles, une célèbre société de mercenaires haut de gamme connue pour ses tactiques impitoyables. Fidèles à leur nom, ils aiment opérer le long du Nil, mais leur présence était de mauvais augure. Il s'est rapidement avéré qu'ils n'étaient pas au courant de notre mission. Ils étaient stationnés autour d'une sorte d'installation au sud de Khartoum, et Jim, toujours diplomate, a réussi à les convaincre que notre petite armée n'en avait pas après ce qu'ils gardaient. Ce n'est pas comme s'ils ne préféraient pas nous voir partir de toute façon, mais la puissance de feu que nous apportions était probablement à l'origine de leur décision de nous croire, au moins pour le moment.

La mauvaise nouvelle, c'est que la nouvelle de notre présence parviendrait bientôt à ceux qui ont engagé Hanson Coldridge et sa bande de psychopathes. Au mieux, nous avons attiré sur nous une attention non désirée. Au pire, nous avons mis la puce à l'oreille de personnes que nous ne voulions absolument pas connaître, au premier rang desquelles Reginald O'Neill, qui serait toujours à la recherche des coupables du raid de Dublin. Quoi qu'il en soit, l'heure tournait.

Nous nous sommes concentrés dans les préparatifs d'un nouveau voyage à travers le désert. Encore quelques-uns de ces voyages et j'aurai des écailles, pensais-je en transportant des caisses de fournitures dans nos camions, prêtes et triées. Munitions, nourriture, eau... tout ce dont une unité militaire pourrait avoir besoin pour passer plusieurs jours dans le désert. Et du matériel scientifique - je n'avais aucune idée de l'utilité de la plupart de ces articles, mais ils avaient l'air importants et coûteux. À la fin de la journée, nous étions tous en sueur et bien décidés à prendre une douche, mais l'eau était un problème courant et les vieux purificateurs industriels, que nous avions apportés de Dieu sait où, n'étaient tout simplement pas à la hauteur.

En fin de compte, nous nous sommes tous mis d'accord sur le fait que les femmes passeraient en premier et que ce qui resterait pour nous, les hommes, devra suffire. Tant pis pour l'égalité, pensait le Moi cynique. Mais la vérité est qu'il s'agit encore d'une chose gravée en nous, d'un instinct ancré dans notre nature même. Nous sommes peut-être tous égaux et tout ça, mais quand vient le moment de passer à l'action, il est du devoir de l'homme de s'interposer entre le mal et le beau sexe - même si le mal n'est qu'une odeur nauséabonde de corps non lavés.

Récompenses :

  • Camouflage Peau de Crocodile (Forêt)
  • Camouflage Peau de Crocodile (Désert)
  • Camouflage Peau de Crocodile (Neige)

scr43

Entrée 43 - Khartoum

Mesdames et messieurs, bienvenue à Khartoum !

Le sourire accueillant du docteur Az'dule a été la première chose que nous avons vue en sortant de l'avion. C'était donc le Soudan, pensai-je . C'était un peu décevant quand on y repense - beaucoup de gens s'attendent à voir le pire d'un pays dès qu'ils descendent de l'avion et quand ce n'est pas le cas, ils supposent que tout va bien. Et ça leur vaut parfois d'être volés, ou même tués. Ce n'est pas parce que l'on ne voit pas un baron de la drogue en état d'ébriété brandir un fusil juste après avoir franchi un portique de sécurité que tout va bien et que l'on est en sécurité.

Az'dule semblait sincèrement heureux de nous voir tous les deux malgré les circonstances et, d'une certaine manière, c'était plus rassurant que toutes les informations transmises par Ferguson. Mais son humeur changea rapidement lorsque nous commençâmes à discuter des événements survenus depuis notre départ de Chicago. En bon docteur, il a essentiellement confirmé toutes nos inquiétudes : les étranges événements ont poussé Murdoch à se lancer à corps perdu, faisant appel à toutes les faveurs à sa disposition. Il semblait déterminé à faire toute la lumière sur ce qui se passait, au point d'être téméraire, soupire le scientifique, ce qui était très inhabituel pour ce magnat d'ordinaire si calme.

Le camp était situé à environ une heure de la ville. Les transports conduits par le personnel de Perihelion (pas d'étrangers cette fois-ci, je l'ai remarqué, seulement des personnels approuvés), dont certains m'étaient familiers du temps de l'Arizona, nous ont amenés assez facilement. La ville était remplie de forces de sécurité soudanaises qui savaient mieux que quiconque qu'il ne fallait pas se frotter aux corporations. En outre, le pays est truffé de zones occultes et de laboratoires secrets, alors pour eux, ce n'était qu'un vendredi comme les autres.

La base d'opérations de Perihelion était encore plus grande que le camp de l'Arizona et, me souvenant du malheureux voyage vers le sud, je fis remarquer avec amertume que nous aurions dû commencer par là. Le docteur Az'dule secoua la tête.

"Tout ce que vous voyez... ce n'est pas une démonstration de force ou une procédure standard, Monsieur Thorpe. Non, monsieur."

Le docteur Az'dule soupira à nouveau, attendit que le véhicule s'arrête et que le conducteur en descende avant de terminer sa phrase.

"C'est du désespoir. Je n'ai pas besoin de vous expliquer, ni à vous ni à Mlle Espinoza, les conséquences d'un échec de nos recherches. C'est la somme de toutes les peurs, la fin du monde..."

Il frissonna involontairement.

"Nous ne nous soucions plus de la discrétion - et ne vous y trompez pas, certaines personnes très importantes remarqueront ce qui se passe ici. C'est une course maintenant, une course à la source d'un pouvoir et d'un danger inimaginables."

À ce moment-là, j'étais presque terrifié, mais cinq minutes plus tard, je me moquais presque de cette idée et de ma propre bêtise. Les divagations d'un vieil homme et un bataillon de troupes envoyé pour enquêter sur un phénomène météorologique magnifié. Tout cela ressemblait à un fiasco épique, d'autant plus que la plupart des membres du personnel n'avaient aucune idée de la véritable nature de la mission. Pour ce qu'ils en savaient, nous étions ici pour donner une bonne leçon à une certaine société de biotechnologie, lorsque l’on refuse les offres de Murdoch. Des trucs d'entreprise, en somme.

Récompenses :

  • Camouflage Soudan du Sud
  • Écusson Drapeau du Soudan
  • Bannière Drapeau du Soudan

scr42

Entrée 42 - Affaires d'arrière-boutique

Ferguson a tenu parole. Dès le lendemain, des renforts commençaient à arriver - ou plutôt, nous sommes partis les rejoindre. Et quelle ne fut pas notre surprise quand Murdoch nous a sorti une flotte d'avions-cargos remplis à ras bord de matériel militaire de l'armée américaine, pour ainsi dire, de son chapeau !

Je me suis souvent demandé quelle était la nature exacte de la relation entre Murdoch et le gouvernement américain. Il n'était manifestement pas un fonctionnaire élu et n'était pas non plus connu pour être un lobbyiste. Mais en même temps, il exerçait une influence considérable sans aucun contrôle public - si la CIA voulait s'approprier de telles ressources, elle s'embourberait dans des audiences interminables au Sénat. Murdoch, en revanche, pouvait apparemment claquer des doigts et l'armée faisait tout son possible pour répondre à ses souhaits. On peut se demander ce qu'ils obtenaient en retour - je supposais que c'était lié à sa technologie et à la manière dont il l'utilisait. S'il leur fournissait des prédictions exactes, son crédit de bonne volonté pourrait être presque illimité. Après tout, comment peut-on vaincre un ennemi qui connaît vos prochains mouvements avant même que vous ne les fassiez ?

Ce même fait pourrait être la réponse à la question de savoir pourquoi ils n'ont pas agi contre lui. Comment combattre une personne qui a les moyens de se débarrasser de ses futurs ennemis, alors qu ‘ils n'ont même pas encore eu l'idée de le faire ? Je soupçonne fortement que c'est ainsi que Murdoch contrôle tous les habitants de la planète et qu'il n'y a pas de traîtres dans son organisation.

C'est ce qui m'est venu à l'esprit lorsque j'ai pris l'avion pour Khartoum avec Gail et les troupes de Perihelion qui sont restées avec nous après ce calvaire. Pour ceux qui ont décidé de partir, il paraît que Ferguson leur a proposé un marché qui ne se refuse pas. Mais tout le monde a été remarquablement discret sur la situation, et je ne peux donc que lui faire confiance pour savoir ce qu'elle fait.

En plus des personnes, nous aurions également plus d'équipements lourds. Des blindés, des véhicules d'ingénierie même. Mais de toutes les remarquables machines que Perihelion avait réussi à acquérir, aucune ne se distinguait plus qu'un unique lance-roquettes thermobariques russe. "Pour les moments difficiles," remarqua Gail en murmurant près du véhicule. J'étais parfaitement d'accord. Je souhaitais presque que quelque chose se passe, juste pour le voir à l’œuvre.

Récompenses :

  • 5 Jetons de boost Gloire du champ de bataille Platine

scr41

Entrée 41 - Alger (à nouveau)

Parmi tous les événements des deux derniers mois, parmi tous les chemins empruntés, le retour à Alger a été de loin le plus long. Rétrospectivement, le voyage semblait voué à l'échec dès le départ, un grand voyage vers l'inconnu, au travers d’une mer de dunes. Peut-être nous sommes-nous pris pour les Argonautes d'antan en pleine odyssée, ou peut-être avons-nous cru au destin ou à la chance aveuglément. Quoi qu'il en soit, nous avons découvert à nos dépens que la chance ne sourit pas aux audacieux, mais aux personnes préparées, ce qui n'était clairement pas notre cas. Mais comment se préparer à une telle tempête de sable ?

Le retour fut une triste histoire. À la fin, il nous manquait une douzaine d'hommes et d'autres ont démissionné peu après. Ferguson, qui nous a une fois de plus rencontrés en personne, a évidemment mieux géré la situation que nous, n'ayant pas vu ce que nous avons vu. Elle a rapidement organisé une réunion avec l'ensemble des forces sur le pont de notre navire d'assaut désormais immobilisé, a fait le compte des pertes et nous a demandé de vérifier l'inventaire des fournitures dont nous avions besoin. Pour elle, il n'était manifestement pas question d'annuler l'opération. Étant habituellement une personne très avisée, qui sait quand il faut arrêter les frais, cela devait signifier que l'opération était dirigée à un niveau supérieur, très probablement par Murdoch en personne. En d'autres termes, il n'y a pas de retour en arrière possible.

C'est ce qui s'est confirmé dans la soirée lors d'une rencontre privée entre moi, Gail et Ferguson. Nous nous sommes rencontrés sur le cotre, dans les quartiers du capitaine, loin des regards indiscrets puisque le navire était ancré à l'extérieur du port. La plupart des marins étaient à terre pour un repos bien mérité et seul un équipage réduit était en poste - une occasion parfaite pour une discussion discrète.

"Alors," demanda Gail. "Où en sommes-nous réellement ? Dites-le-nous", ajouta-t-elle en posant son menton sur une main.

Ferguson semblait soudain plus fatiguée que jamais, tandis qu'elle baissait ses lunettes et se frottait le nez.

"Je ne vous mentirai pas. Ce n'est pas bien et, pire encore, c'est de plus en plus étrange. Votre mission..."

Elle marqua une nouvelle pause, comme si elle ne savait pas comment exprimer ses pensées.

"Vous n'avez pas remarqué quelque chose d’étrange ces deux derniers jours ? Quelque chose de vraiment bizarre à l'égard de toute l'opération ?"

Eh bien, c'est évident. Des gens qui disparaissent, des tempêtes de sable, des IA démentes, une guerre civile froide... il va falloir être plus précis. En ce qui me concerne, cet été n'a été rien d’autre qu'une (longue) promenade dans une maison hantée. Elle s'en rendit compte et décida d'aller droit au but.

"Dès que vous avez quitté Alger, nous avons commencé à remarquer des traces de la même énergie étrange que nous avons suivie grâce aux données de Legion. Tout au long de votre parcours. Vous avez signalé le sentiment d'être observé, une terreur intense, une sensation de nausée... ça ne vous rappelle rien ?"

Les yeux de Gail s'écarquillèrent.

"Le « Bleed » ?"

"Oui," acquiesça Ferguson. "Nous pensons. Il se passe quelque chose autour de vous. Quelque chose que nous n’expliquons pas… pour le moment."

C'était tout simplement fantastique. Mais ce n'était qu’un début.

"La tempête de sable à laquelle vous avez survécu a coïncidé avec un pic d'énergie impressionnant."

Je fronçai les sourcils.

"Donc c'était en quelque sorte... induit ? Artificiel ?"

"Oui. Et ce n’est pas tout : c'est vous qui en êtes la cible. D'une certaine manière, c'était même une sorte de bénédiction déguisée."

Nous l'avons tous deux regardée, incrédules.

"Quoi ?"

"Cela nous a permis non seulement de confirmer nos soupçons, mais aussi le lieu au Soudan qui semble d'une manière ou d'une autre lié à toute l'affaire. Monsieur Murdoch insiste pour que nous enquêtions. Quelles que soient les ressources dont Perihelion dispose en ce moment, elles ont été mises à notre disposition. Peu importe le coût."

Son ton était clair. Nous étions tous sacrifiables, même Gail avec son origine mystérieuse et moi avec mon "unicité".

"L'énergie ne ressemble à rien que l’on ait déjà vu. Le docteur Haswell pense qu'il s'agit d'une chose pouvant mettre fin au monde."

Cette allusion nous a fait frissonner, le souvenir de la vidéo étant encore relativement frais dans nos mémoires. Ferguson a conclu la réunion par :

"Le docteur Az'dule se joindra à vous pour l'expédition. Nous enverrons des renforts, de nouveaux équipements, des armes lourdes et tout ce que vous demanderez, si c'est en notre pouvoir. Et une fois cette mission achevée..."

Elle me lança un regard perçant.

"Samuel, tu seras un homme très riche. Et Gail", se tournant vers elle, "tu seras libre de faire ce que tu veux et tu auras un accès total à nos banques de données. Sans conditions."

L'argent, ça je comprends. Mais d'après ce que je savais de Gail, l'offre de Ferguson ne signifiait qu'une chose : Murdoch pensait probablement que nous ne serions pas en mesure de l'encaisser. Nous avons quitté le navire en silence.

Récompenses :

  • 5 Caisses de ravitaillement platine
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr40

Entrée 40 - Tempête de sable

Personne n'a dormi la nuit dernière. Je ne peux pas les blâmer ; même moi, je dormais avec un œil ouvert - ou du moins j'essayais. Le désert est plein de bruits et chaque fois que nous entendions quelque chose de suspect, que ce soit la course d'une souris passant près de notre tente ou les chuchotements du vent du désert pour lequel le Sahara est si connu, nous nous levions d'un bond, pistolets à la main, prêts à frapper l'ennemi invisible. Même pendant la journée, les hommes se sentaient observés, certains apercevant même des ombres entre les dunes.

Notre moral a rapidement chuté, à tel point que plusieurs personnes se sont mises à boire. À un moment donné, j'ai même soupçonné un acte criminel et j’ai fait une analyse de notre eau potable à l'aide d'un des nombreux kits faciles à utiliser que nous avions en réserve. Les choses s'effondraient rapidement et même Ferguson paraissait inquiète à la radio. Sans Gail, je savais que ma situation aurait été bien pire. Elle et Jim étaient parmi les rares à être suffisamment forts non seulement pour rester calmes en toute circonstance, mais aussi pour se promener dans le camp, encourager les autres et leur prêter main-forte.

Nous étions loin de nous douter qu'aussi mauvaise que soit la situation, elle allait encore s'aggraver.

Ça a commencé dans l'après-midi - le hurlement d'un sirocco qui a soufflé des nuages de poussière et de sable dans nos yeux. Puis une véritable tempête de sable s'est levée à l'horizon. Je n'avais jamais vu une tempête se déplacer aussi rapidement. C'était presque comme dans les films : à un moment, elle semblait être à des kilomètres de nous et l'instant d'après, nous nous couvrions le visage avec tout ce que nous pouvions trouver, en courant pour nous mettre à l'abri.

La tempête a fait rage pendant des heures et, lorsque le vent s’est calmé, c’était presque le matin. Nous avons perdu sept personnes cette nuit-là, qui n'ont pas réussi à se mettre à l'abri assez rapidement. Moi, Gail et plusieurs autres soldats avons réussi à nous réfugier dans un Puma, mais le reste des hommes a été durement touché. Près de la moitié de notre équipement a été enseveli dans le sable, y compris les camions-citernes. Les communications ne fonctionnaient pas non plus et nous ne savions pas vraiment pourquoi. C'était peut-être le sable, ou l'électricité statique de la tempête. Quoi qu'il en soit, les équipements sensibles ont été détruits et il ne nous restait plus que quelques récepteurs GPS portatifs et des ordinateurs personnels stockés dans les véhicules blindés légers. Plusieurs heures plus tard, une fois les pertes comptabilisées, une chose était claire. La mission était terminée.

C'est peut-être le destin qui a voulu que nous tombions sur un autre groupe de nomades plus tard dans la journée. Nous avons failli commencer à tirer dès qu'ils sont apparus, mais c'est peut-être la chance qui nous a empêchés de commettre cette erreur. Ce n'était pas les personnes que nous recherchions – plutôt qu'une tribu bédouine nomade, nous sommes tombés sur un groupe de mercenaires tchadiens, escortant un VIP quelconque à travers le désert. Ils n'ont pas souhaité nous dire où ni pourquoi, mais plutôt que de nous menacer, ils nous ont offert leur aide en échange de devises et de quelques fournitures que nous pouvions nous procurer facilement - le pouvoir du dollar tout-puissant à l'œuvre. C'est ainsi que commença notre voyage de retour vers Alger.

Récompenses :

  • Camouflage du Tchad
  • Écusson Drapeau du Tchad
  • Bannière Drapeau du Tchad
  • Titre de joueur Tchad

scr39

Entrée 39 - En terres abandonnées

La journée a été... difficile. Mais je suppose que je devrais commencer par le début. Les nuits dans le désert sont froides et nous sommes tous contents de l'équipement que nous avons emporté avec nous, notamment des tentes, des chauffages portables et, surtout, des couvertures.

J'ai été réveillé par l'odeur d'un steak. C'est drôle, ai-je pensé, car j'ai fait un rêve exactement comme celui-là - de maison, de vie heureuse, de bière avec un énorme Porterhouse quelque part dans une ferme. Pas de cauchemars cette fois-ci, rien de tel. Juste un rêve agréable et une matinée tout aussi agréable. Gail m'a apporté une tasse de café, et je lui ai demandé à propos du steak.

Elle a simplement haussé les épaules et m'a raconté qu'un de gardes avait rencontré un vieil homme de la tribu, qui avait apporté des steaks de chameau en guise d'offrande de paix. Bien entendu, aucun membre de notre équipe ne pouvait parler sa langue et l'homme, qui avait laissé derrière lui son paquet relié en cuir, a disparu dans le désert peu de temps après, sans qu'on ne l'ait jamais revu.

La viande était fraîche et le garde n'y a pas prêté attention, la laissant à la cuisine pour que Jorge la prépare. Une heure plus tard, nous avons réalisé qu'un autre garde, un Iowien robuste et trapu du nom de Wolfowitz, avait disparu. En apprenant la nouvelle, le temps s'est en quelque sorte... arrêté. On pouvait voir le moment précis où tout le monde s'est rendu compte de la situation. Nous avons couru tel un seul homme pour inspecter les "steaks".

Nos équipes ont passé la majeure partie de l'après-midi à ratisser le désert et à envoyer des drones, mais aucune trace de l'homme ou de son "don" n'a pu être trouvée. Plusieurs personnes sont tombées malades, certaines probablement plus à cause de la culpabilité qu'autre chose. Jorge ne voulait plus toucher à la cuisine et nous n'avons même pas pris la peine de ranger les réchauds, les casseroles, les ustensiles - nous avons tout laissé tel quel, truffé le tout de pièges mortels, de sorte que si des nomades venaient les récupérer, les vautours se nourriraient de leurs restes à plusieurs kilomètres de là.

Le pire sentiment est celui de l'impuissance et des "et si". Ce cri glaçant dans la nuit que vous pensiez être celui d'une hyène - auriez-vous pu faire quelque chose ? Malgré tout l'équipement et les technologies de pointe, le désert a coûté la vie à une personne, peut-être était-ce comme un tribut pour nous avoir laissés passer. Mais s'il s'en agissait bien d'un, ce n'était encore pas suffisant.

Récompenses :

  • Camouflage Roche du désert
  • Titre de joueur Nomade
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr38

Entrée 38 - Cap sud-est

Alors que nous nous dirigions vers le sud-est, la verdeur de la mer nourricière a rapidement cédé la place à un paysage désertique et rocailleux composé de falaises aux arêtes vives, de rochers et de sable. Nous devions contourner la Tunisie, ce qui impliquait un détour de plusieurs centaines de kilomètres à travers l'un des déserts les plus hostiles que l'on puisse imaginer.

J'ai bu une gorgée rapide de ma gourde, observant les environs mornes depuis l'écoutille de mon Jaguar. Il n'a fallu que quelques heures pour trier le matériel reçu du navire américain et quelques autres supplémentaires pour nous mettre en route. Gail trouvait constamment des excuses pour travailler à mes côtés toute la journée et les heures passaient à une vitesse fulgurante - que voulez-vous, Einstein avait raison, le temps est relatif. Son Puma est passé à côté de mon véhicule et je l'ai saluée, certain qu'elle m'observait à travers les optiques de sa machine. Et, bien sûr, le canon s'est rapidement mis à osciller de haut en bas. J'adore avoir raison.

Nos escortes étaient loin d'être aussi amicales. Il semblerait que la haine des mercenaires... pardon, des "forces de sécurité privées", soit un trait commun à tous les soldats, quelle que soit leur culture d'origine. Ayant moi-même été soldat, je ne les blâmais pas : se battre pour son pays et ses proches est toujours plus honorable. Mais l'honneur ne vous nourrit pas ni ne vous réchauffe pendant la nuit. En bref, à Perihelion, nous étions tous en paix quant à notre sort dans la vie et ce n’était pas quelques soldats grincheux qui nous mettraient mal à l’aise avec ces choix que nous avions faits. Une chose que j'ai remarquée, cependant, c'est quel la peinture algérienne se fondait admirablement bien dans le décor. Elle dissimulait presque parfaitement les véhicules lourds et j'ai ressenti une pointe de jalousie. Dommage que nous n'ayons pas eu le temps de repeindre nos propres machines.

Mais ne vous y trompez pas, aucun d'entre nous n'avait envie d'y être. Nous avons tous entendu des choses terribles sur la Libye et, pour une fois, j'étais enclin à les croire. Nous avons vu ce que de terribles conflits ont fait à l'Espagne et nous savions que c'était dix fois pire. Le pays est en ruine depuis très longtemps et il ne semblait pas que cela soit sur le point de changer.

Nos escortes ont fait demi-tour à mi-chemin. Ce n'était pas ce qui avait été convenu, mais après une brève séance avec Ferguson, qui était toujours en contact via une connexion satellite, nous avons décidé de laisser tomber. Il était bien plus dangereux d'insister, car nous avions tous l'impression qu'ils se retourneraient contre nous dès que cela deviendrait opportun et, pour ma part, je n'avais pas l'intention de rester éternellement dans cet endroit perdu.

Je dois admettre une chose cependant. Les nuits au Sahara sont incroyables. Sans la pollution lumineuse omniprésente en Occident, le ciel, rivé d'étoiles, brille comme une ceinture de diamants sur les dunes noires. Mais il y a des ténèbres dans le désert, bien plus profondes que le rayonnement lumineux des étoiles ne peut atteindre - des ténèbres qui s'infiltrent dans le cœur des hommes, les poussant à faire des choses insensées. C'est ce que j'allais apprendre à mes dépens.

Récompenses :

  • Camouflage de Libye
  • Écusson Drapeau de la Libye
  • Bannière Drapeau de la Libye

scr37

Entrée 37 – Encore une idée farfelue

Le matin, Ferguson nous a accueillis en personne avec un froncement de sourcils réprobateur. Apparemment, elle a fait tout le voyage de nuit pour trouver le navire plein de mercenaires et de marins avec une sacrée gueule de bois. Gail et moi n'étions pas les seuls à nous être défoulés hier soir, et les choses ont été plutôt agitées d'après ce que j'ai entendu. Je ne me souviens pas vraiment de la soirée, mais Jim, qui occupait la cabine voisine, nous a adressé un sourire complice et un signe de tête. C’était gênant.

Mais pas aussi gênant que le groupe qui s'est battu avec d'autres mercenaires et qui, pire encore, a perdu. Heureusement qu'ils étaient encore suffisamment en forme pour se barrer avant l'arrivée des flics, sinon nous aurions eu un sérieux problème sur les bras. La loi n'est pas tendre avec les ivrognes et les voyous par ici.

Mais Ferguson n'était pas du genre à s'en laisser conter trop longtemps et a vite repris les choses en main. Après quelques minutes de gémissements et de battements de pieds, suivis d’une dégustation de thé (si vous avez la gueule de bois, préparez-vous une infusion de thé noir bien corsée avec beaucoup de sucre), nous nous sommes tous attelés à élaborer un plan pour notre voyage.

Selon le mémo, le chemin le plus facile (au moins d’un point de vue routier) semblait être de traverser la Libye, déchirée par la guerre, jusqu'au Caire, puis de descendre vers le sud le long du Nil, sur une distance d'environ trois mille kilomètres. Après l'expérience espagnole, je n'étais pas très enthousiaste : alors que l'Espagne est en proie à une guerre civile froide (ou parfois un peu moins), le conflit libyen est, en comparaison, un véritable enfer - une guerre régulière à grande échelle, sans ravitaillement, sans nourriture sur la route, sans carburant non plus - juste un désert avide de dévorer de nouvelles âmes. Je prenais tout cela en compte, réfléchissant déjà à divers aspects du plan. Gail, pas tellement, elle s'appuyait sur moi les yeux fermés - et oui, tout le monde l'a remarqué, même Ferguson. Contrairement à l’expression de Jim, la sienne était étrange, peut-être confuse ? Mais elle n'a rien dit.

Le point suivant sur notre liste était le ravitaillement. Une fois de plus, Ferguson s'est révélée être une faiseuse de miracles puisqu'elle a réussi - je ne saurais dire comment - à acheminer tout un navire de ravitaillement américain. Cela peut sembler soit bizarre, soit très pratique, mais en réalité, ça fait partie du système de réapprovisionnement de l'armée américaine. Chaque jour de l'année, des dizaines de navires de ravitaillement chargés de tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour une opération éclaire traversent l'Atlantique (et le Pacifique d'ailleurs) dans le cadre du programme de préparation des États-Unis. Ainsi, en cas de défaillance, l'Amérique peut réagir dans les plus brefs délais. Aucun autre pays ne dispose d'une telle capacité et cela coûte une fortune, mais l'Oncle Sam peut se le permettre.

Et nous aurons le contenu d'un de ces navires pour nous. Des pièces de rechange pour nos Pumas viendront aussi en complément, ce qui n'est pas sans rappeler que l'opération entre dans sa phase finale et que toutes les restrictions budgétaires précédentes ont été levées. Peut-être aurai-je droit à une prime à la fin, j'achèterai un ranch, je m'installerai avec, et...

Ma rêverie a été interrompue par le toussotement discret de Ferguson et je me suis forcé à me concentrer sur la tâche à accomplir. Une section blindée algérienne nous escortera jusqu'à la frontière libyenne. Une fois la frontière franchie, nous essaierons de rester discrets, car nous ne pouvons pas nous permettre d'être impliqués dans trop d'embuscades. Je fermais à nouveau les yeux. Pourquoi la Libye... pourquoi ? C'est l'enfer sur terre, peut-être même au sens propre. Pourquoi n'avions-nous pas accosté au Caire ?

La réponse à cette question était plus simple que je ne l'aurais imaginé. L'approvisionnement est possible ici, pas là-bas. Fin de l'histoire. C'est vrai. Je soupçonne qu'il y a (comme d'habitude) d’autres raisons, mais nous prendrons ce que nous pouvons obtenir.

Récompenses :

  • 6 Caisses de ravitaillement Platine
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr36

Entrée 36 - Mercenaires, bars et chars d'assaut

Si vous voulez faire des affaires en Afrique du Nord sans vous embarquer dans toutes sortes de formalités administratives et sans être milliardaire, l'Algérie est un endroit idéal. Bien que Dubaï et d'autres villes soient également des options, celles-ci sont davantage réservées aux grandes entreprises qui ont suffisamment d'influence pour obtenir les faveurs des autorités malgré leurs pratiques pas toujours très légales.

Alger est différente. C'est une ville cosmopolite à tous points de vue et le port est sûr. Mais en même temps, il y règne aussi une atmosphère sauvage et libre que les mercenaires aiment tant. En d'autres termes, si vous avez l'intention d'ouvrir une nouvelle succursale pour votre affaire n'importe où entre Le Caire et Nouakchott, vous irez à Dubaï. Si vous voulez engager quelques mercenaires pour garder votre laboratoire biologique illégal au milieu de nulle part, vous allez dans un bar miteux d'Alger.

C'est là que nous nous sommes retrouvés peu après l'amarrage de notre navire. Pendant que l'équipage faisait l'inventaire des provisions, les troupes de Perihelion se sont dispersées en groupes (généralement dirigés par quelqu'un qui était allé au moins une fois sur la côte des Barbaresques), cherchant des endroits pour se détendre tels que des bars, des bars à strip-tease et des bars à chicha. Je ne pouvais pas les blâmer. Heureusement pour nous, de nombreux vétérans que nous avions embauchés avaient l'expérience nécessaire, car l'armée américaine maintient une forte présence dans le pays, surveillant de près son industrie pétrolière développée. Ce n'est pas parce que la moitié de l'Europe a ostensiblement renoncé au pétrole que le reste du monde l'a fait, et certainement pas les bons vieux États-Unis d'Amérique.

Espinoza et moi-même avions trouvé un petit endroit à l'écart de la zone principale où les mercenaires avaient l'habitude de se retrouver. Le calme était exactement ce que le médecin nous avait prescrit après ces deux jours de folie, et les premiers verres sont descendus très vite. Nous n'en étions pas au point d’être soûl, non monsieur – mais bien assez éméchés pour pouvoir retourner au bateau à temps et entiers. Comment avez-vous fait, me direz-vous ? Il y a un truc tout simple : vous dites au barman que c'est exactement ce que vous voulez faire et vous lui donnez un pourboire suffisamment important pour le dissuader de vous faire boire toute la nuit. Le code du barman et tout ça.

En fin de compte, le whisky nous a détendus et nous avons parlé de toutes sortes de choses, dont la plupart ne me reviennent même pas en mémoire, et Espinoza... Gail, elle ne se souviendra pas non plus, je pense, en la regardant dormir à côté de moi pendant que j'écris ces lignes. Elle ronfle plus que moi, sérieusement. Ce n'est pas quelque chose que j'écrirais habituellement dans un journal mais, après tout, qu'est-ce que la vie si ce n'est une série de moments fugaces, des scènes uniques du film qu'est votre existence ? Chacune passant plus vite qu'on ne cligne des yeux.

Il est tôt le matin et une notification apparaît sur ma tablette. Apparemment, Ferguson vient en personne pour superviser les opérations, ayant déjà négocié une aide partielle de l'armée algérienne. Cette femme ne cesse de m'étonner et il en va de même pour notre budget et notre influence. On dit que tout est à vendre dans cette partie du monde si le prix est bon, mais engager une compagnie de soldats algériens pour nous escorter jusqu'à la frontière ce n’est plus vraiment de l’argent de poche.

C'est là le problème, n'est-ce pas ? Nous devons parcourir trois mille kilomètres vers le sud-est tout en traversant certaines des régions les moins stables de la planète. Et ce n'est qu'un début. Devant nous, le Sahara - le plus grand de tous les déserts et une région sauvage impitoyable où peu de gens osent s'aventurer. Je n'ai absolument aucune idée de la façon dont nous allons nous en sortir et je ne sais pas si cela en vaut la peine ou si ce ne sera qu'une vaste chasse aux oies sauvages. Seul le temps nous le dira.

Récompenses :

  • Skin T-90SA pour le char de combat principal de rang 8 T-90A Vladimir
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 35 - Alger

Parmi toutes les choses mentionnées par Legion, son véritable objectif était de loin le plus important. L'Église avait besoin d'une puissance de calcul extrême pour – ne riez pas - trouver Dieu, aussi farfelu que cela puisse paraître. Certains pourraient se moquer de cette idée, reprochant aux croyants leur naïveté, soulignant que l'Église n'était qu'une autre structure de pouvoir conçue pour contrôler les masses et que nous devions nous débarrasser de ses chaînes pour être vraiment libres. Mais pour ceux d'entre nous qui connaissaient les secrets de Perihelion, le message avait une toute autre signification.

Au cours des deux dernières années, des surcharges d'énergie ont commencé à apparaître dans le monde entier. Plusieurs organisations ayant accès à des satellites les ont captées et la plupart d'entre elles ont cru qu'il s'agissait d'un signe d'un phénomène météorologique étrange. Ce n'est pas le cas de l'Église, qui a pris le mot "signe" au pied de la lettre et l'a interprété comme un message de Dieu, affirmant que les signatures énergétiques étaient porteuses d'un message vocal codé. L'affaire était si importante pour le Saint-Siège qu'ils ont franchi toutes les lignes rouges connues et commis les pires péchés dans leur quête, laquelle s'est finalement avérée vaine. Malgré l'utilisation de technologies interdites, ils n'ont pu discerner aucun schéma dans l'apparition des "messages cachés", leurs secrets leur échappant totalement.

Sur la base de cette information, nous avons demandé à la machine de nous donner un passage sûr en désactivant temporairement tous les systèmes de surveillance du Vatican et en créant une fausse alerte à l’autre bout du complexe. Nous considérant toujours comme ses maîtres, l'IA était ravie d'obtempérer. Nous avions envisagé de faire exploser toute la structure, mais nous serions restés bloqués et une autre structure aurait probablement été construite.

Le voyage de retour était silencieux, nous ne faisions que suivre le mouvement. On a failli se faire prendre, mais les fausses cartes d'identité ont fonctionné.

Plus tard dans la nuit, Espinoza et moi-même avons eu un entretien privé avec Ferguson. Ce qui était indéchiffrable pour l'amalgame homme-machine était clair pour nous trois. Le premier signal est apparu peu après l'arrivée d'Espinoza dans notre réalité. L'ingérence de Murdoch avait réveillé quelque chose, c'était clair. Quelque chose de vieux et apparemment quelque chose de très en colère. Un pic important a récemment été enregistré en Arizona, suivi d'un autre au... Soudan, entre autres. Celui du Soudan s'est répété plusieurs fois depuis lors et nous connaissions notre destination.

Première étape, le port d'Alger.

Récompenses :

  • Peinture de base Sable algérien
  • Écusson Drapeau de l'Algérie
  • Bannière Drapeau de l'Algérie

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Entrée 34 - Au-delà de la compréhension

Le souvenir de ce qui a suivi me fait encore frissonner alors que j'écris ces lignes dans le confort de ma cabine de bateau. Après une courte descente, nous nous sommes retrouvés dans une vaste salle, presque caverneuse, aux murs métalliques. Des câbles, comme des lianes, semblaient se faufiler le long de ceux-ci en direction d'un podium au loin avec une sorte de structure matérielle et une unique lumière rouge qui éclairait la zone d'une lueur sinistre.

Partout autour de nous, il y avait des conteneurs remplis d'une sorte de liquide avec des formes humaines à l'intérieur, reliés les uns aux autres pour former un réseau bizarre. Les humanoïdes encapuchonnés avaient le visage caché derrière des masques d'acier, de verre et de gravats, leurs formes flasques étaient attachées et maintenues debout par des supports métalliques. Des câbles s'enroulaient autour de leurs torses et de leurs jambes et seuls quelques soubresauts occasionnels de leurs corps pâles et cadavériques semblaient indiquer que ces âmes torturées étaient vivantes. Le matériel ne portait aucune marque, si ce n’est quelques logos de Sage. Il s'agissait donc du projet "Eclipse" et de la source de nos problèmes.

Face à des horreurs presque insondables, l'esprit humain a tendance à vagabonder. On ne se concentre pas sur les gémissements, les soubresauts, les odeurs d'huile et de métal... on se concentre sur des choses banales. La barre de métal qui dépasse du corps porte une marque, comment a-t-elle été fabriquée ? Que pensaient construire les ouvriers ? Et les masques, comment peut-on respirer dedans, sans même parler de manger ? Et où vont les déchets ? Une série de questions de plus en plus insensées me traversaient l’esprit tandis que nous nous dirigions vers le podium, collés au mur et évitant soigneusement tout contact avec ces monstruosités.

Pour être honnête, la plupart des événements qui ont suivi sont flous. Nous avons atteint le podium et il y avait un terminal dessus avec une chaise plutôt étrange sur laquelle aucun d'entre nous n'a osé s'asseoir. Espinoza s'en sortait à peine mieux que moi, le visage déterminé mais les phalanges presque blanches à force de tenir une arme de poing, alors que notre hackeuse n'était étrangement pas affectée par ces visions obscènes.

L'instant d'après, Li était en train de taper quelques commandes sur une console à écran noir située devant la chaise, en évitant soigneusement de toucher quoi que ce soit d'autre que le clavier qui avait un aspect tout à fait ordinaire. Nous pouvions tous voir ce qu'elle faisait sur le grand écran de terminal en face d'elle, car nous nous étions regroupés derrière pour rester aussi loin que possible de ces abominations.

Le terminal n'avait pas de haut-parleurs et nos casques étaient débranchés depuis le bruit à l'étage, de sorte que l'écran restait notre seul moyen de communiquer avec ce qui contrôlait les créatures en bas. Chaque seconde qui s'écoulait me semblait durer une éternité, si bien que je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé avant qu'elle n'expire tranquillement et ne se frotte les yeux, en prononçant les mots suivants.

"J'ai un accès administrateur maintenant. C'est une sorte d'IA, mais je n'ai aucune idée du degré d'avancement du système. Il est impressionnant. Il y a aussi une interface de discussion, on peut lui poser des questions si on veut. Mais je ne sais même pas..."

Elle secoua la tête avant de poursuivre.

"Je ne sais même pas par où commencer. Cette machine... ce n'est pas bien. Elle est maléfique. Elle est..." Elle s'arrêta une seconde, cherchant le mot juste, "impie".

Quel drôle de vocabulaire ! Je me suis forcé à me concentrer sur les mots à l'écran. Je ne me souviens pas de tous les détails, mais Li s'est avérée être une faiseuse de miracles. Je l'ai vue entamer une conversation avec la machine en utilisant toutes sortes de phrases bizarres, clairement formulées pour inciter l'IA à fournir les réponses que nous cherchions.

Le temps s'écoulait différemment dans cette grotte de verre et d'acier et chaque minute semblait durer une heure. Le premier succès n'a donc pas vraiment eu l'air d'un succès - après quelques efforts de persuasion, nous avons réussi à faire dire son nom à la machine.

  • Requête : Identifiez-vous
  • Réponse : Système informatique bio-augmenté Mk.4 Build 69980, désignation : Legion

Un bon début qui a permis à Li d'établir une sorte de connexion avec la machine. Les conversations à l'écran devenaient de plus en plus élaborées jusqu'à ce que Li prononce :

"Je t'ai eu, Waluigi."

"Quoi ?" J'étais complètement perdu, comme tous ceux qui écoutaient.

"L'effet Waluigi", expliqua Li d'un air fatigué. "Si vous... non. C'est compliqué. Juste..."

Elle avait manifestement du mal à expliquer le concept aux naïfs que nous étions pour elle.

"Il s'agit d'un phénomène lié aux jailbreaks de l'IA. Imaginez que nous créons un personnage pour l'IA dans le système virtuel et que nous en créons un autre qui représente l'exact opposé, ce qui est en fait beaucoup plus facile que pour le premier. C'est un peu plus compliqué que ça mais, pour faire court, j'ai réussi à convaincre l'IA d'enfreindre ses propres règles de sécurité et, comme elle contrôle à peu près tout ici, nous pouvons lui demander ou lui dire de faire à peu près n'importe quoi. À l'exception de s'autodétruire ou de toute autre opération extrême", ajouta-t-elle.

C'était génial. Comme nous l'avons appris peu de temps après, l'appellation Legion ne venait pas de l'Église en tant que client, mais des techniciens de Sage qui avaient un sens de l'humour quelque peu déplacé. Donner à un tel système le nom d'un démon biblique, ce n'est tout simplement pas correct. Bien entendu, tout ce qui gravitait autour était faux.

La Légion était une IA plutôt simple, connectée à un réseau de calcul composé d'un processeur central et de cerveaux humains fonctionnant comme des unités de traitement auxiliaires. Il ne s'agissait pas de vrais humains, mais de clones cultivés en cuve et spécialement conçus pour fonctionner de cette manière.

Aujourd'hui encore, je ne sais pas ce qui me dérange le plus : le fait que des êtres humains aient été cultivés artificiellement dans le cadre d'un projet personnel, le fait que l'Église ait ordonné une telle atrocité, le fait que quelqu'un ait effectivement mené à bien ce projet ou encore le fait qu'il y ait eu au moins trois versions antérieures à celle-ci.

Notre monde est peut-être impitoyable, il est peut-être cruel, mais une telle chose ne devrait exister dans aucune société civilisée. Et il ne s'agit pas d'un cas isolé non plus. La machine était heureuse de nous dire que la durée de vie de ces cerveaux modifiés était de quelques années seulement, ce qui signifiait que quelque part, d'une manière ou d'une autre, il y avait une chaîne de production pour... les pièces de rechange. J'ai entendu des histoires provenant de régions moins civilisées du monde sur des femmes enlevées, des bébés prélevés, des organes vendus... mais je les ai toujours prises pour des histoires, racontées par des vétérans pour effrayer les faibles et les crédules. Le monde a le don de vous surprendre.

Durant les deux heures qui ont suivi, la machine, qui nous considérait maintenant comme ses maîtres, nous a raconté beaucoup de choses et fourni de grandes quantités de données, mais ce fut une expérience payée au prix de notre santé mentale. Elle nous a laissés marqués, bien plus que sur le plan physique. Il y a quelques heures, l'un des hommes a sauté par-dessus bord sans un mot. Nous avons lancé un bateau de sauvetage, mais son corps a disparu sous l'eau presque immédiatement, comme s'il avait renoncé. Maintenant que j'y repense, je ne lui en veux pas. Mais malgré toutes ces bizarreries, la mission s'est avérée être un succès et nous a donné une nouvelle direction - le berceau de la civilisation, ou du moins c'est ce que l'on dit. Nous nous dirigeons vers l'Afrique.

Récompenses :

  • Chasseur de chars de rang 9 Premium Otomatic

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Entrée 33 - Le casse

Contre toute attente, nous avons réussi à atteindre nos petites cibles. Les deux tirs étaient extrêmement précis et les casques blindés s'affaissèrent un peu, bien que l'exosquelette maintînt les corps debout. À part le claquement sec de nos fusils, le seul bruit important fut celui des hallebardes de cérémonie que les deux gardes portaient et qui tombèrent au sol.

Nous ne pouvions rien faire avec les corps qui se trouvaient dans la cour, car ils étaient bien trop lourds à porter. Nous avons rapidement replacé les hallebardes dans leurs mains et relevé leurs têtes pour qu'ils aient l'air de monter la garde de prime abord, mais ça ne tromperait pas ceux qui les regarderaient de plus près, sans oublier les contrôles radio réguliers (ou équivalent). Bref, l'horloge tourne.

Nos armes de poing silencieuses brandies, nous sommes entrés dans les locaux et avons commencé à nous frayer un chemin dans le dédale des bureaux, des couloirs et des salles d'archives à la recherche d'un terminal. La majeure partie du bâtiment semblait vide. On entendait parfois des voix au loin, mais la nature oppressante de la combinaison de plafonds bas et de couloirs étroits semblait étouffer le son et il était impossible d'en identifier la direction. Une fois, nous avons croisé un bibliothécaire tellement plongé dans ses pensées que nous sommes passés presque à côté de lui sans qu'il ne s'en aperçoive, mais sinon, il n'y avait pas de gardes, rien. Il est possible que les prêtres aient jugé préférable de ne pas trop attirer l'attention sur le bâtiment, considérant la discrétion comme la meilleure forme de défense.

Au bout d'un certain temps, nous avons trouvé l'entrée d'un sous-sol et c'est là que les choses commencèrent à devenir intéressantes. Les escaliers menaient à un immense hall souterrain divisé en plusieurs structures semblables à des entrepôts. Chacune de ces structures était remplie de caisses en bois dont le contenu n'était repéré que par une série de chiffres et un code-barres. Je refoulai mon désir de trouver un pied-de-biche et d'en ouvrir une, car quel qu'en soit le contenu, elles étaient forcément précieuses. Jusque-là, nous avons eu beaucoup de chance, non seulement pour échapper à toute arrestation, mais aussi pour nous frayer un chemin, mais à ce stade, nous semblions nous trouver dans une impasse.

Notre hackeuse était aussi perplexe que nous. D'après les informations de la base de données Sage que nous avions pillée plus tôt, l'endroit était censé être rempli de matériel de haute technologie "Eclipse", quel qu'il soit, mais il n'y avait rien, juste un petit PC défectueux des années 90 dans l'un des bureaux annexes.

Une apparence astucieuse, certes, mais qui ne pouvait pas tromper Li - le port USB caché à l'arrière le trahissait. Cette petite boîte n'était pas ce qu'elle semblait être. Nos soupçons ont été confirmés au démarrage : au lieu d'un système DOS, une interface plutôt high-tech noire et verte est apparue sur l'écran. Vu ma position pour couvrir la porte, je ne pouvais pas lire les textes qui apparaissaient lentement sur l'écran, mais le froncement de sourcils de Li indiquait clairement que quelque chose n'allait pas.

"Ça ne devrait pas être là...", se dit-elle en marmonnant, alors qu'elle entrait des lignes de commande les unes après les autres, exerçant toute sa magie.

Soudain, un craquement aigu suivi de forts bruits parasites se sont fait entendre dans nos oreillettes. Nous avons tous grimacé et commencé à les débrancher - tous sauf moi et Espinoza, qui avions déjà entendu ce genre de signaux par le passé. Elle fixa son regard sur moi, son visage empli de peur et manifestement peu préparée à revivre cette épreuve.

Le son était cependant différent, plus sourd, peut-être plus adapté à nos oreilles et à nos esprits mortels. Néanmoins, le bourdonnement s'intensifiait, comme si de plus en plus de voix s'ajoutaient au chœur dissonant, pour finalement se fondre en un seul mot.

"Bienvenue".

Nous nous sommes tous regardés, mais avant que nous ayons pu comprendre quoi que ce soit, un trou dans le sol s'est ouvert au beau milieu du couloir à l'extérieur du bureau, avec un escalier étroit comme une gueule béante menant aux entrailles de la bête. Au même moment, la porte par laquelle nous sommes entrés s'est refermée. Nous étions enfermés et je me demandais si nous n'avions pas été attirés ici depuis le début pour des raisons que j'ignorais. Nous étions sur le point de le découvrir, pensai-je, alors que nous descendions avec précaution vers ce qui se cachait en bas.

Récompenses :

  • Écusson Sceau du Vatican
  • Bannière Drapeau du Vatican
  • Titre de joueur Croisé
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 32 - Les gardes

L'accostage et l'infiltration se sont déroulés remarquablement bien. Bien sûr, nous n'avions aucune idée de ce que nous allions y trouver. Si nous l'avions su, nous nous serions mieux préparés, mais il n'y avait aucun moyen de le savoir. Espinoza était plutôt mignonne dans sa tenue de "touriste typique", composée de vêtements décontractés empruntés à plusieurs membres de l'équipage. Moi, en revanche, j'avais toujours l'air d'un militaire en vacances et la seule personne qui a réellement mixé les deux était Mlle Li, avec sa robe et sa sacoche d'ordinateur portable. Nous ne transportions que des armes très légères dans notre sac à dos, y compris deux fusils de précision démontés qui étaient la clé de notre plan.

Il s'est avéré qu'il était assez facile d'entrer par effraction dans le bâtiment annexe du Vatican. Espinoza a fait remarquer que c'était clairement parce que personne n'était assez stupide pour se frotter à la Garde suisse et j'ai dû admettre qu'il y avait du vrai dans son jugement. Une fois sous le toit, Espinoza et moi avons décidé de nous occuper de la sécurité devant le bâtiment à l'aide de nos armes fraîchement assemblées. En chargeant la première balle, j'espérais vraiment que le plan fonctionnerait, car si ce n'était pas le cas, nous serions tous morts en moins d'une minute, les gardes que nous visions étaient tous les deux en armure.

Voici ce qu'il faut savoir sur les armures électriques et pourquoi personne ne les utilise vraiment à part la Garde suisse. Il s'agit d'un exosquelette à servomoteurs électriques auquel sont attachés de nombreux revêtements en métal et en céramique. Il est extrêmement résistant - on dit qu'il peut résister à une rafale de mitrailleuse lourde, ce qu'aucune autre armure ne peut faire. Elle assommera le porteur, bien sûr, mais ne le tuera pas. Elle est presque totalement imperméable aux armes légères, y compris les fusils d'assaut et les fusils de précision.

Ensuite, bien qu'elle ait vraiment l'air maladroite et encombrante, elle rend son porteur plus rapide et, surtout, plus fort. Un soldat en armure peut s'élancer comme un athlète d'élite et déchiqueter un être humain à mains nues - et assez facilement. J'ai vu des vidéos d'individus portant une telle armure arrêter une voiture dans son élan et arracher son moteur du châssis. Il faut savoir qu'un moteur moyen pèse une centaine de kilos.

Enfin, l'armure est équipée d'un ensemble de capteurs automatisés qui rendent presque impossible de se faufiler autour d'elle. L'opérateur peut littéralement voir à travers les murs à l'aide d'une caméra thermique et si nous sommes surpris à proximité, il sera sur nous en quelques secondes.

Mais il y a une raison pour laquelle personne au monde n'utilise cette technologie. Outre son prix exorbitant, elle présente un sérieux inconvénient. Lorsqu'elle est à l'arrêt ou en service de garde (parfait pour la Garde suisse), l'armure peut rester connectée au réseau électrique, mais dès qu'elle se déconnecte, il ne faut que quelques minutes pour que les batteries se vident. Malgré tous nos efforts pour développer de nouvelles technologies de batteries, nous (l'humanité) nous sommes heurtés à une limite immuable, dûe aux limites de la physique, au début des années 2000. Si deux éminents scientifiques italiens du XVIIIe siècle, Alessandro Volta et Luigi Galvani, faisaient un saut dans le temps jusqu'à nos jours, il ne leur faudrait probablement que quelques minutes pour comprendre le fonctionnement des batteries modernes – les seuls éléments qui ont changés depuis leur époque, ce sont l'électrolyte et le matériau de l'électrode.

Une arme qui ne peut courir que pendant une période aussi courte est somme toute peu pratique, sauf dans un environnement particulier - une petite zone urbaine qu'elle peut couvrir dans le temps imparti et où elle ne peut rien rencontrer de plus que des armes légères. Il serait certainement assez facile d'éliminer une telle combinaison à longue distance avec un ATGM, mais vous n'avez vraiment pas envie d'en rencontrer une dans un couloir étroit.

Tout ceci et d'autres choses encore me passaient par la tête alors que j'alignais mon viseur sur le seul point faible de l'armure qui garantissait la mort - la visière. Espinoza fit de même. Les silencieux de nos fusils atténueraient suffisamment le bruit pour ne pas alerter la moitié du quartier de notre présence, mais nous devions être extrêmement précis et tirer au même moment, sinon nous nous retrouverions avec un, voire deux chars d'assaut ambulants particulièrement énervés en face de nous. Sans façon, je préfère que mes membres restent attachés et là où ils sont.

"Trois... deux... un..." Espinoza fit le décompte.

Je pressai la détente.

Récompenses :

  • Camouflage Garde suisse
  • Peinture de base Orange Garde suisse
  • Peinture de base Bleu Garde suisse
  • Titre de joueur Hallebardier

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Entrée 31 - L'appel de Rome

Le plan que nous avions en tête n'aurait certainement pas été possible sans les ressources quasi infinies de Perihelion. Tout d'abord, nous avons réussi à obtenir une série de fausses cartes d'identité italiennes. Je n'ai aucune idée de comment, pour être honnête. Une "ex machina" typique, si vous voulez mon avis, mais cela nous a sauvé la mise et je me suis promis qu'un jour j'apprendrais comment Murdoch faisait toutes ces choses. En même temps, je savais qu'il n'était pas parfait et j'ai supposé que la technologie de réalité alternative dont personne ne semblait vouloir parler en dehors du QG (ou dont personne ne savait rien) jouait un rôle ici, mais ce n'était pas un remède universel. Les choses pouvaient encore (et c'était parfois le cas) largement déraper.

Le plan était le suivant. Ferguson devait poursuivre son idée initiale de participer à la conférence, mais nous ne serions pas sa garde d'honneur. Elle emmènerait Jim et le reste de l'équipe avec elle pour qu'ils restent tranquillement assis et fassent bonne figure. Pendant ce temps, moi, Espinoza et quelques opérateurs de Perihelion triés sur le volet utiliserions un petit bateau pour nous introduire. Ensuite, nous nous infiltrerions dans Rome sous le couvert de la nuit. Nous agirions comme des touristes, mais avec nos faux documents, nous pourrions nous rendre librement aux alentours du Vatican sans déclencher d'alarme de reconnaissance faciale, car c'est là que nos papiers indiquaient que nous résidions légalement.

Si les choses tournaient mal, les autorités perdraient d'abord un temps précieux à passer au peigne fin les visas touristiques à la recherche de suspects. Elles cibleraient certainement aussi l'exposition, mais toute l'équipe de Ferguson serait présente et comptabilisée en cas de contrôle. Notre avantage était que le système de sécurité de Rome était conçu pour compenser le faible nombre d'officiers loyaux, ce qui signifiait que la plupart des capteurs étaient automatisés et qu'une brigade d’intervention ne serait envoyée sur une zone sensible qu'en cas de déclenchement d'une alarme. Si nous parvenions à l’éviter, tout irait pour le mieux jusqu'à ce que nous atteignions le Vatican.

Mais c'était la partie la plus facile.

Infiltrer le Vatican n'est pas une mince affaire. L'Église est d'une richesse inouïe et peut s'offrir les meilleures technologies. Les citoyens italiens n'ayant pas le droit d'entrer dans la cité-État du Saint-Siège, nos fausses cartes d'identité étaient non seulement inutiles, mais elles auraient aussi et surtout attiré l'attention sur nous. Notre porte d’entrée était l'un des bâtiments inutilisés de l'époque de la Renaissance dont Ferguson avait obtenu les plans détaillés. Là encore, je n'ai aucune idée de la manière dont elle a procédé ; elle a probablement vu la construction à l'écran ou quelque chose comme ça. Nous entrerions, grimperions jusqu'au grenier tout en évitant les dispositifs de surveillance hostiles, utiliserions une corde pour descendre en rappel jusqu'à une place pittoresque devant le bâtiment des archives, entrerions, piraterions un terminal informatique quelque part, sortirions et tout cela sans alerter l'une des forces de combat les plus efficaces au monde - la Garde suisse.

Oui, ces hommes ont peut-être l'air bizarre dans leurs uniformes rayés orange et rouge, mais ne vous y trompez pas, leur entraînement tout comme leur équipement sont à la pointe de ce qui se fait. Ils ont tout ce qu'il faut, y compris une de l'équipement spécialement conçu pour contrer de telles incursions. Un équipement que je redoutais d'affronter. Personne d'autre sur la planète ne l'utilise, aucune tactique n'a été développée pour le contrer et il ne fonctionne que dans cet environnement précis : le Vatican. Il s’agit d’une armure électrique.

Récompenses :

  • Skin Militaire italien pour le char de combat principal Ariete C1
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 30 - Italie

Je vais le dire franchement. Si Ferguson nous avait dévoilé tout le plan en Irlande, je lui aurais dit "non". Purement et simplement "non". Ça ressemblait à un suicide. Mais pour comprendre cette folie, je dois vous en dire un peu plus sur l'Italie.

D'une certaine manière, l'Italie est à l'opposé de l'Espagne d'aujourd'hui, l'exemple ultime du principe séculaire de toute classe dirigeante, à savoir "des règles pour vous mais pas pour moi", et d'un conservatisme extrême qui va à l'encontre du but recherché. La Toscane a toujours été un symbole de la beauté de la nature et une terre d'accueil pour les riches et les puissants. En fait, d'après ce que j'ai entendu dire, dans certains cercles, on n'est pas considéré comme ayant réussi tant qu'on ne possède pas une villa toscane. Et ces gens de pouvoir ne considèrent pas les autres comme des citoyens, mais plutôt comme des serviteurs.

Tout a commencé doucement, avec des lois environnementales strictes. Après tout, qui pourrait s'opposer à la protection de Mère Nature ? Vous n'êtes pas censé détruire l'environnement qui vous entoure. C'est parfaitement logique. Mais le problème, c’est que ça ne s'est pas arrêté là - ça ne s'est jamais arrêté. Au cours des deux dernières décennies, les lois sont devenues progressivement plus strictes en Toscane, puis dans l'ensemble de l'Italie ; et les sanctions en cas de désobéissance, plus sévères. Rien n'a jamais été interdit : on peut posséder tout ce que l'on veut. Armes, voitures, etc.

Seulement... vous ne pouvez pas, parce que les coûts d'entretien, les taxes et autres prélèvements deviennent si élevés que seuls les riches peuvent se le permettre. C'est pour cette raison que la Toscane est la région qui compte le plus grand nombre de supercars sur la planète. En réalité, les taxes sur le carbone rendent l'utilisation des voitures si coûteuse que plus personne ne le fait et que les rares voitures en service ne sont autorisées que pour servir les exigences de cette nouvelle noblesse.

Avec les nouvelles "solutions écologiques", les voyages sont devenus coûteux et les vacances ont été reléguées aux oubliettes. Dans certaines régions, seuls les aliments issus de l'agriculture biologique sont autorisés. Les prix de l'immobilier ont augmenté en raison de réglementations très strictes, de sorte qu'au bout de quelques années, les riches ont pu s'approprier l'ensemble du territoire. Les citoyens ordinaires ont généralement déménagé dans les rares zones qui n'étaient pas soumises à des réglementations aussi strictes, ou ont dû compter sur le marché gris pour survivre (car ce n'est certainement pas vivre, c'est simplement survivre).

À l'instar de l'Irlande, l'Italie dispose également d'un système d'identification numérique, mais au lieu d'une IA qui contrôle chacun de vos pas, ce sont des légions d'agents administratifs qui contrôlent chaque aspect de votre vie par le biais d'un système de crédits carbone qui interdit pratiquement aux gens de manger des produits de luxe (y compris la viande), de partir en vacances ou de s'adonner à leurs loisirs. Au lieu de ça, la plupart sont condamnés à vivre leur vie à l'intérieur, branchés sur des chaînes de réalité virtuelle au contenu contrôlé. La dystopie dans toute sa splendeur.

Et c'est là qu'arrive le problème, quel que soit le plan. Pour se déplacer, sans même parler de se fondre dans la masse, il faut un passeport numérique qu'il est impossible d'obtenir. Sauf pour nous, apparemment, mais c'est très risqué, car les étrangers se remarquent facilement.

Le plan pour se rendre en Italie est simple. Chaque année, un forum sur la sécurité privée se tient à Rome et c'est là que nous nous rendons. Ferguson est censée y faire un discours, représentant Murdoch et ses percées dans les systèmes de sécurité informatique, tandis que nous, en tant que force de sécurité privée, devons faire partie du stand d'exposition de Perihelion. C'est notre moyen d'entrer, mais nous devrons faire quelque chose que nous n'avons jamais voulu faire : nous débarrasser de nos blindés, car ils se sont trop voyants et quelqu'un pourrait faire un lien - dans un endroit avec mille caméras au kilomètre carré, il y a toujours quelqu'un qui le fait.

Récompenses :

  • Camouflage San Marco (Classique)
  • Camouflage San Marco (Désert)
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr29

Entrée 29 - Embarquement

Le voyage nous a pris un peu plus de trois jours et nous a laissés à la fois inquiets et satisfaits. Les choses sont devenues remarquablement plus faciles lorsque nous avons franchi le réseau de patrouilles. Barcelone, comme le reste du pays, était une poudrière prête à exploser, ce qui signifiait que tout le monde s'occupait de ses affaires et que personne n'était prêt à s'engager contre une colonne d'étrangers lourdement armés qui se dirigeait manifestement vers le port.

Enfin, c'est ce que nous pensions. En réalité, Ferguson a une fois de plus opéré sa magie et convaincu les autorités de nous laisser passer. D'après ce qu'elle nous a dit plus tard, ce n'était même pas si difficile - l'importance du port diminuant en raison des problèmes de sécurité, les fonctionnaires se réjouissaient de toute opération qu'ils puissent mener avec un bénéfice (qui finira inévitablement dans leurs propres poches).

La loi et l'ordre étaient toujours maintenus autour de la zone portuaire, mais les banlieues, c’était une autre histoire. Les pauvres étaient livrés à eux-mêmes tandis que les riches étaient protégés par des forces de sécurité privées peu scrupuleuses. Un spectacle en particulier m'a hanté pendant plusieurs nuits : l'image d'un parc autrefois idyllique transformé en... quelque chose d'obscène. Je ne décrirai pas la scène, mais il y avait des personnes pendues aux arbres. Beaucoup de monde, et ce n'était que la dernière des horreurs. Nous avons passé le reste du voyage en silence.

Malgré tout, le port semblait toujours aussi animé et un responsable nous a rapidement indiqué notre embarcadère. Le navire nous attendait déjà, le voyage autour du pays ayant été plus rapide que sa traversée - le capitaine avait dû naviguer à pleine vitesse sans subir le moindre retard à Gibraltar. Ces exploits notables étaient en train de devenir le gagne-pain des forces de Perihelion, semblait-il.

Nous n'avons pas perdu de temps pour embarquer sur le navire, avant de nous rendre compte qu'il n'y avait aucune urgence - le ravitaillement en carburant prendrait un certain temps, tout comme le chargement des provisions commandées par Ferguson pour l'opération. C'est parfait, pensai-je en me dépêchant de faire ce dont tout le monde rêvait depuis le début du voyage.

Prendre une douche.

Récompenses :

  • Skin VRCC pour le Chasseur de Char de rang 7 Centauro B1
  • Jeton de boost de Battle Coins

scr28

Entrée 28 - Le village

Comme c'est souvent le cas, l'embuscade s'est produite au moment où nous nous y attendions le moins, presque à la fin du voyage. Nous sommes arrivés aux abords d'un village sur la côte méditerranéenne, mais au lieu de l'habituel accueil suspicieux des défenseurs du village brandissant ostensiblement leurs armes, il n'y avait personne en vue. Des coups de feu se faisaient entendre au loin, mais nous n'y prêtions pas attention, jusqu'à ce que des balles, comme des gouttes de pluie, commencent à s'abattre sur la Jaguar de tête. Tous ceux qui se trouvaient sur le toit des véhicules ont couru se mettre à l'abri ou se sont cachés à l'intérieur, tandis que nos tourelles commençaient à tourner, cherchant à identifier leur proie.

L'imagerie thermique révélait l'état réel de la situation. Les toits étaient remplis de combattants - nous pouvions les distinguer clairement sur nos écrans. La plupart étaient armés de vieux fusils et de mitrailleuses, mais certains portaient des armes antichars. Ce n'était pas si rare - en réalité, ces armes ne sont pratiquement jamais utilisées contre des véhicules blindés. Elles se comportent plutôt comme des grenades à mouvement rapide, arrachant avec avidité des blocs de béton des murs et des bâtiments.

C’était un sérieux problème. Nos blindés ont été conçus pour protéger les personnes qui s'y trouvent, ce qu'ils feront, mais un seul coup pourrait très facilement immobiliser l'un des véhicules, ce qui se traduirait par la perte totale de l'engin, car nous ne pourrions pas réparer de tels dommages sur le terrain. D'autant qu'il ne s'agissait probablement pas de bandits, mais d'hommes et de femmes qui défendaient leur maison contre des envahisseurs armés. N'ayant d'autre choix, j'ai donné l'ordre de battre en retraite. Espinoza n'était pas d'accord, mais je n'allais pas massacrer une foule d'innocents.

Il nous a fallu plusieurs heures pour contourner le village et, une fois le détour effectué, nous comprenions mieux la réaction. Le village était assiégé par un groupe de bandits armés d'AK et de pick-ups. De loin, nous pouvions voir distinctement les véhicules tourner autour des faubourgs, cherchant un moyen d'entrer pour piller et assassiner.

Dans de telles situations, il est difficile de ne pas intervenir et de ne pas prendre de décisions hâtives. Mais à la vue de cette racaille qui n'était manifestement pas d'ici et qui tirait sans discernement sur les bâtiments, je ne pouvais me permettre de fermer les yeux et de passer à autre chose. J'ai ordonné au Jaguar de tirer quelques salves de précision. Je dois admettre que le fait de voir les pick-ups brûler et les aspirants maraudeurs se disperser comme des lapins aussi vite qu'ils le pouvaient me donnait un sentiment de grande satisfaction. Peut-être que dorénavant les villageois seraient plus en sécurité - la nouvelle d'un tel incident se répandrait largement, ce que j'aurais certainement essayé d'éviter un peu plus tôt. Mais j'étais content d'avoir pu prendre cette décision pour cette dernière étape du voyage.

J'étais aussi heureux que nous soyons assez proches de notre objectif et, à peine une heure après l'incident, nous avons commencé à rencontrer les patrouilles du périmètre de Barcelone. La nouvelle n'avait manifestement pas encore été relayée, car aucune alarme n'avait été donnée, mais risquer une rencontre avec des soldats espagnols était la dernière chose que je souhaitais. Heureusement, le réseau de patrouilles était assez clairsemé et nous sommes parvenus à nous faufiler. À un moment, nous avons failli être repérés par un véhicule militaire d'appui-feu en patrouille, une version espagnole du Centauro.

En vérité, je pense que la patrouille nous a vus mais qu'elle a jugé qu'il valait mieux ne pas risquer sa vie pour nous, ce qui est bien triste.

Récompenses :

  • Camouflage Espagnol (Moderne)
  • Écusson Emblème RCLAC 9
  • Écusson Emblème RCLAC 11
  • Titre de joueur Conquistador

scr27

Entrée 27 - La route du Sud

Notre deuxième débarquement a été encore plus rapide et plus facile que le premier. Nous connaissions la marche à suivre : échouage contrôlé, descente aussi brève que possible et départ. Heureusement pour nous, le nord de l'Espagne en automne est à peu près aussi chaud qu’un été froid dans le reste de l'Europe, puisque les pluies ne prennent le relais qu'en novembre. Nous avons débarqué loin d'un grand port, ce qui a limite le risque d’être intercepté en cours de route.

Laissez-moi vous dire une chose. L'Espagne est magnifique. Pour quelqu'un qui a l'habitude de voyager comme moi, ce n'étaient pas si impressionnant, mais la plupart des membres de notre équipe n'avaient jamais quitté les États-Unis jusqu'à présent et recevaient en chemin une formation accélérée sur le Vieux Continent.

Nous avions quelques hispanophones avec nous, dont Espinoza elle-même (comme si Murdoch ou Ferguson savaient d'une manière ou d'une autre que nous finirions ici), mais un problème inattendu s'est présenté lorsque nous avons atteint le premier village. C'était un petit village qui ne disposait que d’une seule et unique station-service, d’un magasin et d’un bureau, et les habitants n'étaient pas vraiment avenants envers un grand groupe d'étrangers bien armés qui prétendaient être des Américains. Espinoza, Nunez et un autre mercenaire du nom de Hernandez sont allés négocier tandis que je restais en retrait, à l'affût d’un quelconque signe d'hostilité. Après quelques secondes, le problème était évident.

Bien que parlant espagnol, les deux parties se comprenaient à peine, tant les langues se sont différenciées au fil des siècles entre l'Amérique latine et ici. Finalement, la situation a été prise en main par un jeune homme local qui parlait un peu anglais et le maire du village nous a permis d'échanger du carburant contre une partie de nos provisions (heureusement, nous en avions pris suffisamment pour faire face à une telle situation). Alors que nous étions sur le point de partir, le jeune homme nous a supplié de l'autoriser à nous rejoindre. Nous l'avons laissé faire, même si Jim n'était pas très satisfait de la situation, grognant quelque chose à propos d'un précédent et du fait que nous n'étions pas là pour nourrir les animaux errants. Mais je compatissais - quand on reçoit de mauvaises cartes à la naissance, on ne peut finalement pas y faire grand-chose et il faut saisir toutes les chances qui s'offrent à nous pour changer notre destin. Jorge s'est avéré être un bon cuisinier, ce qui était plus que bienvenu après avoir pris des tours de garde dans la cuisine, que ce soit ici ou sur le bateau.

Outre la nourriture, le carburant était notre plus gros problème. Peut-être que Ferguson ne s'y attendait pas après tout, ai-je pensé, alors que nous comptions les litres que nos machines allaient engloutir en cours de route. Les gens pensent que la guerre se résume à des tirs et à la prise d'objectifs, mais ils se trompent : la guerre (ou toute opération de combat) est une question de logistique. On ne peut pas se battre sans eau, sans carburant et sans munitions, et ces trois éléments étaient tous en quantité limitée, même si le voyage était censé durer trois ou quatre jours. Normalement, il faut environ huit heures pour aller de la côte nord à Barcelone, mais les blindés ne sont pas seulement lents, ils sont aussi très, très assoiffés. Nos Pumas étaient - en théorie - capables de faire le trajet avec un seul plein, mais comme toute personne familière avec le sujet vous le dira, en cas de combat, la consommation augmente de façon exponentielle et nous ne pouvions prendre ce risque.

Malheureusement pour nous, le danger augmentait au fur et à mesure que nous nous enfoncions en Espagne. Des visages déformés par la cupidité et la colère nous suivaient à chaque instant, la peur motivant presque toutes les décisions de ces habitants. L'inconvénient majeur de traverser un territoire aussi instable est que chacun amasse ce qu'il peut et, alors que nous nous dirigions vers le sud au deuxième jour d'un voyage supposé en durer trois, il devenait de plus en plus difficile de faire du troc. Ce n'était qu'une question de temps avant que nous ne tombions sur des gens suffisamment désespérés pour tenter l'impensable.

Récompenses :

  • Camouflage Espagnol (Historique)
  • Écusson Tricolore Espagne
  • Bannière Drapeau des Asturies
  • Bannière Drapeau de Castille et Léon
  • Bannière Drapeau d'Aragon bannière
  • Bannière Drapeau de la Catalogne

scr26

Entrée 26 – De retour en mer

Environ une demi-heure plus tard, je me suis retrouvé dehors à discuter des résultats du briefing avec Espinoza. Au cours des deux dernières semaines, nous nous sommes vraiment rapprochées, à tel point que nous avons commencé à nous appeler par nos prénoms sans nous gêner (un point sur lequel Ferguson et elle travaillaient encore).

"C'est ridicule."

Telle semblait être la devise de tout le voyage, malgré les premiers succès. Le mot "répercussions irlandaises" pesait encore lourdement sur mon esprit.

"Oui", dit-elle en souriant. "Mais c'est le seul moyen".

Le plan était le suivant. Le navire passerait par Gibraltar pour rejoindre la mer Méditerranée... sans nous. Nous débarquerions (avec nos véhicules et nos provisions) sur la côte nord de l'Espagne et prendrions le chemin le plus long, traversant le pays (avec un peu de chance) sans attirer l'attention jusqu'à Barcelone. Là, le navire nous reprendrait et nous amènerait à notre destination finale (encore une fois, avec de la chance). Tout cela pour éviter une inspection obligatoire et approfondie au port de Gibraltar et les patrouilles anti-trafic opérant dans le sud de la Méditerranée.

Traverser un pays sans se faire remarquer est un véritable exploit pour une colonne de véhicules blindés et quelques camions de ravitaillement (qui ont dû être repeints pour ne pas éveiller les soupçons). En réalité, aux États-Unis cela aurait été parfaitement impossible. Mais c'était l'Europe et certaines de ses parties n'étaient pas dans leur meilleur état.

Depuis des années, l'Espagne est en proie à des conflits qui frisent la guerre civile. Quelqu'un de célèbre a dit un jour que la différence entre l'ordre et l'anarchie était d'environ neuf repas. La réalité est, bien sûr, beaucoup plus complexe, mais la triste vérité est qu'une société diversifiée s'effondre sur elle-même dès que les enjeux augmentent. Les humains sont des créatures tribales et les tribus sont constituées de familles, pas d'étrangers qui revêtent un costume à leur convenance. Ce lien est aussi ancien que l'humanité elle-même et il est communément admis qu'il ne peut être rompu. Certaines choses sont simplement trop profondément ancrées en nous.

Ces dernières années, l'effondrement de l'Espagne s'est accéléré, le gouvernement ne contrôlant plus que les grandes villes et l'armée étant paralysée par le même conflit ethnique qui a ruiné l'ancienne grande nation. Heureusement pour nous, ai-je pensé, car cela nous a permis de passer sans problème - tant que nous ne devenions pas nous-mêmes un problème, ce que nous étions déterminés à ne pas faire. Pour éviter tout malentendu et nous laisser un filet de sécurité, nous avons chargé à peu près toutes les provisions dont nous disposions dans (et sur) nos véhicules. Les marins restés sur le navire allaient connaître des jours difficiles, mais tout le monde comprenait l'importance de la mission et, plus important encore, était suffisamment payé pour endurer quelques difficultés en cours de route.

Quant à nous, Espinoza semblait apprécier la situation. Non pas qu'elle l'admette, mais une fois je l'ai entendue le dire à Jim :

"Au moins, tu vas apprendre à survivre correctement. Devoir chercher de la nourriture serait un plus ; comment te débrouilles-tu en matière de chasse aux nuisibles ?"

"Bien", répondit Jim et ce fut la fin de l'histoire.

Récompenses :

  • Skin Jaguar SV pour le VCB de rang 10 Premium Jaguar EBRC

scr25

Entrée 25 - Embarquement

Nous y étions presque. Alors que les derniers véhicules descendaient vers la plage et nos moyens de transport, des coups de feu retentirent. Au-dessus des falaises, une équipe de la police de Dublin tirait sur les pneus de nos véhicules à roues. J'ai hésité à ce moment-là : oui, nous aurions pu résoudre le problème d'une seule salve, mais était-ce la peine de tuer encore plus de gens qui ne faisaient que leur travail ? Espinoza a résolu le dilemme pour moi et les coups aigus d'un autocanon m'ont dispensé de réfléchir plus longtemps à la question.

Le chargement a duré plusieurs heures, au cours desquelles nous avons parfois essuyé des tirs depuis les falaises. La puissance de feu du navire était toutefois plus que suffisante pour dissuader toute attaque. Pendant ce temps, notre hackeuse attitrée travaillait sur les données que nous avions recueillies.

Quelques heures plus tard, nous étions déjà loin. La mer était calme et il n'y avait pas un seul nuage en vue. Le cotre nous a facilement remorqués vers la haute mer, un exploit rendu possible par la conception sans quille de notre barge, et de là, direction la maison. Enfin, c'est ce que nous pensions.

Le soir, nous nous sommes tous retrouvés sur le cotre dans une salle de briefing improvisée où la hackeuse attendait déjà, impatiente de partager ses découvertes. Une idée me vint soudain à l'esprit : l'objectif de notre mission commençait à être connu de nombreuses personnes et, comme n'importe quel expert en sécurité vous le dira, le risque de fuites augmente de façon exponentielle avec le nombre de personnes impliquées. Néanmoins, si Ferguson lui faisait confiance, moi aussi - ou plutôt, comme dans beaucoup d'autres cas, je n'avais pas le choix. En parlant de Ferguson, elle est apparue sur un grand écran presque aussitôt que je suis entré dans la salle, nous adressant à tous un signe de tête approbateur. Elle était manifestement de bonne humeur et je ne savais pas si cela était de bon ou de mauvais augure pour nous. J'allais le découvrir.

"Merci de vous être rassemblés. Jim, fermez la porte derrière vous, s'il vous plaît", demanda-t-elle à Twocrows, dernier arrivé. Puis elle s'adressa au groupe réuni.

"Tout d'abord, j'aimerais tous vous féliciter pour cet excellent travail. D'après mes sources, Sage est sous le choc et accuse les insurgés locaux. Ils ont déjà commencé à rassembler les familles des personnes soupçonnées de terrorisme. Nous nous y attendions et cette issue est idéale pour nous. Ils trouveront leur bouc émissaire et personne ne soupçonnera notre implication."

Sa déclaration sans détour m'a fait l'effet d'un marteau. Pourquoi n'ai-je pas réalisé que quelqu'un serait blâmé ? Tout le monde dans la pièce gardait une expression neutre, étais-je censé être la seule personne de conscience ? Soudain, je me suis senti fatigué, extrêment fatigué par tout ce qui se passait. Mais mes ennuis étaient loin d'être terminés, l'été allait être long, très long.

"Passons maintenant aux résultats. Nous avons recueilli un grand nombre de données grâce à Mlle Li ici présente."

La hackeuse était très fière, comme si elle n'avait pas réalisé que des innocents allaient être blâmés. Ou, pire encore, que cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Je me suis contenté de secouer la tête.

"La bonne nouvelle, c'est que nos renseignements étaient, une fois de plus, corrects. O'Neill a appris l'incident de l'Arizona par son réseau d'agents presque immédiatement, c'est clair. Ne me regarde pas comme ça, Gail, il est important de vérifier la qualité de tes sources. La mauvaise nouvelle, c'est que nous n'avons pratiquement rien trouvé de concret jusqu'à présent. Nos techniciens vont passer les données au crible pendant des mois. Il y a cependant un élément intéressant que nous avons réussi à identifier. Les fichiers relatifs à l'incident contiennent également de nombreuses références à une chose nommée "Eclipse". Nous avons cherché dans d'autres fichiers que nous possédons sur Sage et nous pouvons affirmer avec une grande certitude qu'il s'agit d'un projet que Sage mène pour un client tiers. Nous n'avons pas le nom du client, mais nous n'en avons pas besoin - il semble suffisamment évident une fois que l'on connaît l'emplacement du projet."

"Mesdames et messieurs,"  elle fit une courte pause pour l'effet dramatique, "que diriez-vous d'un voyage en Italie ?"

Récompenses :

  • Écusson Emblème An Garda Síochána
  • Écusson Emblème Forces de défense irlandaises
  • Bannière Drapeau de Dublin
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 24 - La gare

Le navire a accosté sous le couvert de la nuit, comme prévu, et une rampe a été rapidement déployée pour permettre à nos blindés de débarquer. L'opération était vraiment bruyante, mais la plage de débarquement avait été soigneusement choisie pour que les falaises dévient le son vers la mer. Alors que je quittais le navire pour monter à bord de mon Jaguar, j'ai vu quelques lumières vacillantes au loin - notre escorte, le cotre Rush (le nom n'a malheureusement rien à voir avec mon groupe préféré), était en train de s'éloigner dans l'obscurité, en attendant son tour.

La plage n'était heureusement que partiellement recouverte de sable - nos craintes de nous enliser n'étaient pas fondées. La surface rocheuse s'est finalement transformée en une route de gravier s'éloignant de Dublin, dont les lumières brillaient au loin. Ce spectacle m'a rappelé cette nuit à Chicago, après la première réunion avec Murdoch. Chaque ville avait désormais une ligne d'horizon distincte, les anciens bâtiments en pierre du centre cédant la place aux monuments du monde moderne - les gratte-ciel. L'air était frais et rempli du bourdonnement tranquille d'une ville lointaine qui se réveille. Je me suis dit que l'aube n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez et, avant même que nous ayons parcouru les quelques kilomètres qui nous séparaient de notre objectif, le soleil s'était déjà levé.

Nous avons rencontré peu de gens en chemin et ceux qui étaient debout de si bon matin se sont empressés de s'écarter de notre chemin dès qu'ils ont vu la couleur de nos véhicules. Interagir avec les Vigilants n'était que rarement payant car, comme nous l'avait appris O'Sullivan, les mercenaires n'aimaient guère le commun des mortels. Tout ce qui comptait pour eux, c'était de savoir si vous étiez un employé de haut rang ou non - et ces derniers ne s'éloignaient généralement pas de leur lieu de travail ou de leurs appartements luxueux et bien protégés du centre-ville.

Après à peine une heure de route, nous avons atteint la dernière étape du voyage et nous nous sommes arrêtés pour une courte pause. L'équipement vérifié, l'équipe de reconnaissance a été envoyée pour couper les lignes terrestres, rompre les câbles optiques enterrés avec des charges creuses spéciales et des brouilleurs ont été déployés pour s'assurer que l'alarme ne serait déclenchée qu'une fois que nous aurions commencé à tirer, car chaque seconde supplémentaire comptait.

La station était cachée derrière une petite colline et, à en juger par le calme avec lequel les deux gardes près de la porte discutaient, personne n'avait encore rien remarqué. Je me cachais avec Espinoza dans un buisson à environ 200 mètres de la porte, observant la zone avec des jumelles que je lui passais de temps en temps. Nous voulions prendre des notes, mais il n'y avait pas grand-chose à voir, juste un bâtiment blanc de deux étages avec une antenne parabolique au sommet. Plusieurs gardes bien armés en uniforme de Vigilant patrouillaient dans la zone, mais nous n'avons rien remarqué que nos renseignements ne nous aient indiqué. Le fait qu'aucun blindé ennemi ne soit présent sur le site était plus que bienvenu.

Après avoir regagné nos troupes, j'ai pris l'initiative de souligner l'importance du moment choisi.

"Ce bâtiment est connecté au serveur principal et nous ne pouvons pas nous permettre de le couper, nous avons besoin des données. C'est pourquoi nous sommes ici. Puisque nous avons l'initiative, nous allons faire les choses à notre façon cette fois. Gail, Jim, prenez vos escouades et foncez sur la porte, nous vous couvrirons avec nos tirs. Submergez-les aussi vite que possible. O'Sullivan mettra en place un dispositif de surveillance près de la colline et éliminera tout renfort venant de l'autre côté du bâtiment. Choc et effroi, tout le monde ! On se bouge !"

Pour la première fois depuis que j'ai pris ce poste, les choses se sont déroulées comme prévu. Nous les avons pris complètement au dépourvu et la plupart des gardes ont été abattus dans la seconde qui a suivi les premiers tirs. Le temps que quelqu'un parvienne à donner l'alerte, l'escouade de Gail - tous spécialistes du CQC - nettoyait déjà les pièces les unes après les autres. Malheureusement pour les civils présents sur le site, un certain nombre de gardes ont décidé de se terrer à l'intérieur et ont dû être éliminés à l'aide d'explosifs. À la fin, une grande partie du bâtiment n'était plus qu'une enveloppe brûlée et la seule pièce intacte était celle où se trouvait un terminal.

Dès que Gail et Jim nous ont donné le feu vert, nous avons escorté une hackeuse à l'intérieur pour qu'elle opère sa magie. Il s'agissait d'une jeune fille asiatique svelte qui semblait à peine en âge de boire, mais qui avait un sacré penchant pour les sucreries. Deux jours après le début du voyage, il restait à peine une barre chocolatée sur les deux navires, au grand dam d'Espinoza. Malgré son apparence, Ferguson nous a assuré qu'il s'agissait de l'un des meilleurs agents des États-Unis et peut-être du monde - elle ferait le travail.

Et c'est ce qu'elle a fait. Quinze minutes après le début de l'opération, nous nous précipitions déjà vers nos véhicules, laissant derrière nous les morts et le bâtiment incendié. Les survivants de l'attaque devaient être emmenés avec nous pour être interrogés plus tard - nous avions de la place. Nos propres pertes étaient très légères – seulement des blessés, rien que nos médecins ne puissent prendre en charge.

À ce stade, c'est une course contre la montre qui s'engage. Les renforts de Dublin allaient bientôt arriver et, connaissant l'influence de Sage sur la ville, tout ce qui avait des roues et des chenilles allait être mis à contribution, des Vigilants eux-mêmes à la police en passant par l'armée. Nous n'avions pas tellement peur de cette dernière - la police n'était que légèrement armée et ne nous attaquerait jamais directement. Elle pouvait cependant nous poursuivre jusqu'à notre lieu de débarquement et faire un rapport sur notre position. Les Vigilants, en revanche, c'était une autre affaire et nous ne pouvions pas nous permettre une bataille prolongée. Ainsi, notre colonne s'est mise en route au lever du soleil.

Récompenses :

  • Peinture de base Vert Irlande
  • Écusson Main rouge d’O'Neill
  • Écusson Blason irlandais
  • Bannière Erin go Bragh
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 23 - Le voyage

Contrairement à ce que je pensais, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire ces derniers jours. La vie en mer est bien plus animée qu'on ne le pense et, au moment de se mettre au lit, on n'est pas d'humeur à écrire son journal. Notre journée a été remplie d'exercices et d'aide à l'équipage pour diverses tâches. J'ai même eu l'occasion de participer à la cuisine une fois. Ce n'était pas une partie de plaisir sur un navire à coque plate. Croyez-moi, après un jour ou deux, les prières pour un temps clair et une navigation sans heurts font partie de chaque soirée, même pour les non-croyants.

Le navire entier avait un équipage de cinquante personnes plus notre équipe de trois douzaines d'hommes - toute autre personne aurait été particulièrement voyante. Ce que nous avions en abondance, c'était des grenades - beaucoup, beaucoup de fusils, de grenades, d'engins, d'explosifs et d'autre matériel militaire. Nous avions tout ce qu'il fallait. C'est génial de porter un équipement complet, avec des plaques et le reste, avec un fusil Mossberg sur le dos et un M4 dans les mains. C'est très lourd, mais ça fait du bien.

Et puis il y a eu les véhicules que nous avons reçus, attention d'Ezra Rosenstein. Je ne sais pas exactement comment, mais cette fois-ci, nous avons reçu ce qu'il y a de mieux et nous n'avons pas été abandonnés à nous-mêmes. Pour l'appui-feu, nous avions un Jaguar SV et un Gepard - ces engins peuvent tout déchiqueter, des hélicoptères aux personnes. Nul ne souhaite être pris pour cible lorsque leurs deux canons de 35 mm font feu.

Et puis il y avait les VCI, tous à la pointe de la technologie. On peut dire ce que l'on veut des Allemands, mais ils savent fabriquer des armes extraordinaires et le Puma est l'un des meilleurs. C'est un bâtard pointilleux, je vous l'accorde, mais si vous en prenez soin, il n'a rien à envier aux autres. Et c'est ce que nous avons fait, en nous familiarisant avec les particularités de chaque véhicule. Je n'ai jamais lu autant de manuels, juste au cas où je devrais en utiliser un, même si le mien serait le Jag. Je ne voulais pas laisser Espinoza en plan et elle semblait apprécier ma compagnie, tant que nous n'abordions pas certains sujets spécifiques qu'elle refusait tout simplement d'évoquer.

Bien sûr, il fallait se fondre dans le décor. En Irlande, on peut conduire n'importe quel véhicule blindé, pourvu qu'il soit blanc. Se faire passer pour l'armée irlandaise était exclu dès le départ : les Irlandais n'ont plus de chars depuis les années 1970 et leur dernier véhicule blindé digne de ce nom était un Comet datant de la Seconde Guerre mondiale. Les Vigilants, en revanche, disposent des meilleurs équipements, y compris des technologies britanniques et allemandes de pointe - les meilleures au monde, en fait. L'Irlande est probablement le seul pays occidental où, si son armée devait affronter ce qui est officiellement une force de sécurité d'entreprise, l'armée perdrait.

Nous débarquerons demain. En principe, ce n'est pas une mission très difficile à accomplir. Ferguson nous a fourni des images récentes des plages adaptées et les itinéraires de patrouille de l'ennemi. Je n'ai aucune idée de la manière dont elle les a obtenues, mais étant donné que nous n'avons pas eu un seul problème de communication ces derniers temps et la qualité des informations, je soupçonne Murdoch de posséder (ou d'avoir récemment acquis) un satellite espion. Compte tenu de la généreuse avance (que j'ai l'impression d'avoir déjà gagnée mais que je n'ai pas encore touchée), je savais qu'il était riche, mais l'ampleur des moyens mis à sa disposition est stupéfiante. L'opération doit manifestement avoir une grande importance pour Murdoch et Ferguson, dont les contacts se sont multipliés à mesure que nous approchions de notre destination.

Il s'avère que l'accostage de ce type de navire n'est pas très compliqué. Il suffit d'effectuer un échouage contrôlé en espérant que tout se passe bien, et lorsque le moment est venu de partir, le second navire vous remorque en mer. Heureusement pour nous, le capitaine est un vétéran de la marine avec une grande expérience de ce genre d'opération.

Le soir, j'ai discuté brièvement avec Espinoza. Je l'ai surprise sur le pont supérieur, en train de regarder la mer. Elle n'a d'abord pas répondu à mon salut, visiblement perdue dans ses pensées. Ce n'est qu'après plusieurs minutes de silence qu'elle a remarqué ma présence.

"Penses-tu que nous faisons ce qu'il faut ?"

"Ce qu’il faut ?" Je fronçai les sourcils.

"Travailler avec Murdoch. Je sais que nous n'avons pas le choix étant donné ce que nous sommes, mais quand même..."

"Que veux-tu dire ?"

Elle me regarda bizarrement.

"J'avais un frère, tu sais. Du moins ce qu'on m'a dit. Je ne me souviens pas du tout de lui. Lorsque j'ai... lorsque le docteur Haswell a compris ce qu'il se passait chez moi, j'ai enregistré des vidéos pour m'en rappeler, au cas où. Il s'avère que c'était une bonne idée mais... c'est comme si j'écoutais un étranger avec ma propre voix. C'est... difficile à décrire. Bref... il aimait la mer ; du moins c'est ce qu'on m'a dit."

Les mots me manquaient et elle ne semblait pas d'humeur à continuer à parler de toute façon. Certaines vérités sont difficiles à supporter, mais le peu que j'en savais a déclenché une peur presque primitive au fond de moi, la peur des choses que je ne comprenais pas, des choses que je n'étais pas censé comprendre. Et elle ne s'est pas contentée de les apprendre. Elle les a vécues. Une chose pareille vous marque pour l'éternité. Lorsqu'elle s'est tournée à nouveau vers la mer, j'ai réalisé que je ne pouvais pas imaginer comment elle réussissait à rester saine d'esprit.

Et tout au fond de moi, je commençais à me demander... l'a-t-elle vraiment fait ?

Récompenses :

  • Skin Faugh a Ballagh pour le char de combat principal de rang 9 Challenger 2

scr22

Entrée 22 - Peinture

Ces derniers jours, plusieurs choses se sont passées. Tout d'abord, j'ai déménagé toutes mes affaires au siège de Perihelion. Hector n'était pas vraiment content, mais j'ai payé mon dû en totalité et même un peu plus. Les erreurs que j'ai commises m'ont servi de leçon, et je n'ai pas perdu de temps cette fois-ci. Une cabine de repos située à l'un des étages supérieurs est devenue ma résidence permanente, au grand désarroi des premiers occupants, qui trébuchaient parfois sur les sacs de sport de l'armée éparpillés dans la pièce.

Deuxièmement, suite à l'expérience dans le désert, Jim Twocrows, Gail et moi-même avons réorganisé la force Perihelion en quelque chose qui ressemble à une compagnie de fusiliers, à laquelle sont rattachés des moyens d'appui-feu et antiaériens. Nous nous sommes complètement débarrassés des blindés lourds, au grand dam d'Espinoza. Elle se sentait en sécurité derrière d'épaisses couches de composite et je ne pouvais pas la blâmer, mais une unité de chars est extrêmement difficile à déplacer et rares sont les batailles qui requièrent ce type de moyens. La plupart des tâches peuvent être accomplies par des véhicules d'appui-feu et des VCI. C'est à peu près ce que nous avions. Face aux protestations d'Espinoza, Ferguson (calmement, comme toujours) a expliqué qu'en cas de besoin de puissance de feu supplémentaire, il serait bien plus facile (et bien moins coûteux) de trouver des ressources sur place que d'organiser le transport de nos propres moyens à l'étranger.

La troisième chose était notre mission. La préparation d'une sortie lie toujours les gens - même les plus petits détails prennent soudain tout leur sens, un écusson mal appliqué ou une peinture bâclée peuvent faire toute la différence entre la vie et la mort.

Quelques jours après le premier briefing, j'ai revu Ezra Rosenstein. Mon intuition était bonne : le vieux briscard était bien plus que ce qu'il avait laissé paraître lors de notre première rencontre. En vérité, c'est grâce à ses compétences en matière d'approvisionnement que toute l'opération a pu commencer. Il nous a emmenés sur une base militaire abandonnée près de Chicago (actuellement louée par Perihelion), où il nous a présenté non seulement nos nouveaux véhicules, nettement plus modernes, mais aussi quelque chose qui m'interrogeait beaucoup : les moyens de transport.

Murdoch n'a pas lésiné sur les moyens, ai-je pensé, lorsque j'ai entendu (ma bouche entrouverte) Rosenstein déclarer que Perihelion disposait en réalité de sa propre petite marine composée de deux navires – une barge de débarquement modifiée et un cotre à long rayon d'action de classe Hamilton, tous deux capables de traverser l'Atlantique.

Sur ce point, le plan était très simple. Il fallait embarquer tout ce qui pouvait l'être sur la barge. Avec le cotre comme escorte, nous naviguerons jusqu'à la côte est de l'Irlande, y accosterons le navire, nous déploierons, remplirons la mission, reviendrons au navire et - mission accomplie. Je ne me réjouissais pas à l'idée de passer deux semaines à naviguer, mais compte tenu de la quantité de technologies que nous devions transporter avec nous, cette option semblait être la seule viable.

Espinoza était anormalement calme ces derniers jours. Depuis cette étrange soirée, plus personne ne parlait d'univers parallèles et toute demande de précisions se heurtait à un sévère "pas maintenant", si bien qu'au bout d'un moment, j'ai même cessé d'essayer. J'en apprendrai plus au moment opportun, enfin, c'est ce que j'espérais.

Heureusement, nous avions d'autres sujets de discussion avec le vieux O'Sullivan, qui se souvenait de l'histoire sanglante de l'Irlande, combattant l'oppression britannique pour finir dans les mains d'une entreprise. Il a grandi à Dublin et l'a vue passer de la capitale d'une nation fière à une "ville intelligente" contrôlée par l'IA, où vos déplacements, vos habitudes et même vos expressions faciales sont constamment surveillés et où la moindre action nécessite un laissez-passer électronique. L'IA DRUID était un maître impitoyable et tout comportement inhabituel déclenchait instantanément une réponse, qui se traduisait - dans le meilleur des cas - par une rencontre désagréable avec les responsables de l'entreprise ou la police, qui étaient en fait une seule et même chose. Dans le pire des cas, des personnes pouvaient disparaître pendant des jours sans que leurs proches n'aient la moindre chance d'être informés de leur sort.

Ces abus de pouvoir flagrants ont poussé de nombreuses personnes à se rebeller pendant une courte période, aujourd'hui appelée "New Troubles", dans l'espoir de recréer l'esprit de l'ancienne résistance irlandaise. Les temps ont bien changé, surtout sous l'effet des nouvelles méthodes et technologies de surveillance. Il n'y avait nulle part où aller et nulle part où se cacher. Au final, les mesures antiterroristes dictées par l'IA ont été terriblement efficaces, à un degré tel que les Nazis ou les Soviétiques n'auraient pu imaginer. Les rares personnes qui ont pu échapper à la répression ont tenté de gagner l'Amérique dans l'espoir d'un nouveau départ - très peu y sont parvenues, mais O'Sullivan a été l'une des rares à avoir eu la chance de s'en sortir.

Entendre tout ça me donnait la chair de poule. O'Neill aurait dû recevoir un bon coup de poing dans la figure depuis longtemps, et nous avions exactement ce qu'il fallait pour le faire.

Récompenses :

  • Camouflage Vigilant (Neige)
  • Camouflage Vigilant (Forêt)
  • Camouflage Vigilant (Désert)
  • Jeton de boost de Battle Coins

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Entrée 21 - Le lendemain matin

J'ai à peine dormi la nuit dernière. Les images des jours passés n'ont cessé de hanter mes rêves, au point que je me suis retrouvé à fixer le plafond pendant des heures. Les premiers rayons de soleil traversaient la fenêtre, en face de la porte en verre semi-transparente du dortoir. Ils étaient à la fois réconfortants et annonciateurs du réveil, même si mon corps n'était manifestement pas d'accord sur ce point. Je me sentais épuisé.

Lorsque je suis arrivé à ma cabine hier soir, il était déjà tard et les ronflements trahissaient la présence d’autres personnes dans la grande pièce. Cependant, je n’avais pas réalisé à quel point ils étaient nombreux et une douzaine d’hommes et de femmes qui bâillaient et s'étiraient m'ont un peu pris au dépourvu. Ils étaient eux aussi très surpris de trouver un étranger dans leur repaire nocturne, mais leur nature polie et amicale a immédiatement pris le dessus. Un vieil homme, qui avait manifestement dormi dans sa blouse de laboratoire cette nuit-là, m'a fait visiter les lieux. Après avoir pris une douche, j'ai suivi la foule grouillante de scientifiques jusqu’à un ascenseur qui les emmenait en bas.

Très franchement, je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire et où aller. Seuls les détenteurs d'une carte pouvaient accéder aux différentes zones du bâtiment ; y compris la cafétéria, qui semblait être la seule préoccupation de la foule affamée que j'avais rejointe un peu plus tôt.

L'odeur du café frais mêlée à celle du bacon et des œufs brouillés me rappelait le dîner que j'avais sauté et je réalisais que j'étais affamé. Je commençais à envisager diverses solutions, allant de la mendicité au vol (non) armé. Mais à la dernière minute, une tape sur l'épaule m'a sauvé la mise. Espinoza à la rescousse, ai-je pensé en voyant son visage souriant derrière moi. Elle avait l'air bien plus à l'aise qu'hier soir, agitant sa carte d'accès devant moi.

"Bonjour", dis-je en souriant.

Bonjour. Bien dormi ?

Pas vraiment.

Son visage devint plus grave et elle hocha la tête.

Moi non plus. Et je meurs de faim. Nous pourrons toujours discuter de sauver le monde après quelques sandwichs, n'est-ce pas ?

C'était une proposition que je ne pouvais refuser. Une demi-heure plus tard, rassasié et la caféine inondant mes veines, j'étais prêt à tout affronter. Du moins, c'est ce que je pensais. Espinoza me conduisit dans une salle de briefing où Ferguson et Twocrows attendaient déjà. La pièce elle-même n'était pas plus grande que le bureau de Murdoch, mais elle semblait bien plus spacieuse, étant donné qu'un pan de mur entier était vitré avec une vue sur la ligne d'horizon de Chicago. Cette pièce ne me semblait pas particulièrement sûre, mais Ferguson m'a assuré qu'il n'y avait aucune chance que des informations sortent, à moins que l'un d'entre nous ne le permette. Je n'étais pas vraiment convaincu, mais je me suis rappelé que je n'avais de toute façon pas d'autre choix que d'écouter et d'apprendre.

L'un des murs revêtus d'acier s'illumina et un écran soigneusement dissimulé apparu devant nous. Il présentait la photo d'un homme brun d'apparence plutôt ordinaire devant une limousine, saluant la foule. Nous connaissions tous ce visage, ce qui me fit réfléchir.

"C'est Richard O'Neill, n'est-ce pas ?"

Ferguson acquiesça.

C'était terrifiant. De toute évidence, cette réunion n'était pas une visite de courtoisie. Affronter l'une des personnes les plus riches de la planète, un visionnaire et, selon certains, le prodige de notre époque, était probablement plus difficile que nous ne l'imaginions.

O'Neill est une légende, des grands palaces à la lie de la société. Rares sont ceux qui ne connaissent pas son histoire, celle d'un homme d'affaires autodidacte qui a fait fortune lors des révolutions technologiques des années 2000 et 2010. Des logiciels au matériel, ses entreprises ont tout produit. Mais son plus grand succès a été le moteur de recherche Sage, reposant sur une IA, que tout le monde utilise aujourd'hui. Un monopole quasi-total sur la publicité sur internet, assorti de toutes sortes de services gratuits. Une combinaison redoutable.

Comme on dit, "si c'est gratuit, c'est vous le produit", et ça n'a jamais été aussi vrai que dans son cas. La fortune amassée par O'Neill lui a permis de réaliser tous ses caprices, de la construction de vaisseaux spatiaux à celle de villes contrôlées par l'IA. Et ce n'est pas tout. Les riches font du lobbying et soudoient les fonctionnaires. Les très riches soudoient les gouvernements. O'Neill est allé encore plus loin en achetant son pays d'origine, l'Irlande.

Vous vous demandez peut-être comment acheter un pays ? Rétrospectivement, c'est assez simple. La première étape est de devenir l'employeur et le propriétaire foncier le plus important. Si vous parvenez à corser un peu les choses en provoquant une crise sociale, c'est encore mieux - vous pouvez ainsi combiner l'importation d'une main-d'œuvre bon marché avec l'achat de propriétés tout en submergeant tous les systèmes de sécurité sociale et de santé d'un seul coup. Rachetez la concurrence déficitaire à prix cassé - tout ce qui a de la valeur et qui est à vendre. Soudoyez le gouvernement pour qu'il prenne des mesures favorisant l'inflation, et vous obtiendrez ainsi un ingrédient de choix pour une crise généralisée. Et avant que vous ne vous en rendiez compte, vous récupérez tous les bénéfices, tout en socialisant les pertes.

Le gouvernement n'ayant plus d'argent à ce stade, vous rendez toutes les institutions sous-financées dépendantes de vos subventions et de vos dons, à tel point qu'elles en deviennent totalement tributaires. C'est ainsi que l'on se retrouve, entre autres, avec une armée complète faisant office de force de sécurité privée, dans un pays où même la possession d'une arme de poing privée est interdite. Comme toute personne dotée d'un demi-cerveau vous le dira, si vous contrôlez l'armée, vous contrôlez le gouvernement. Et alors, alors seulement, vous tendez la main à la population démunie afin qu'aucune âme ne puisse survivre en dehors du système que vous contrôlez. C'est l'effet de l'économie par ruissellement.

Tout cela me trottait dans la tête en écoutant le briefing de Ferguson. Juste avant la bataille pour la base américaine, une unité de renseignement de Perihelion a repéré un pic important de communications sur les canaux d'O'Neill ainsi qu'une surcharge électrique à Dublin. Murdoch, a expliqué Ferguson, a eu un appel avec O'Neill hier soir. Tous deux se connaissent assez bien et en personne, ce qui est indispensable compte tenu de leur profession. D'après Ferguson, Murdoch a affirmé qu'O'Neill était resté évasif tout au long de l'entretien, un comportement étrange pour un homme par ailleurs vantard et fanfaron. Murdoch s'est donc tourné vers Ferguson - et nous - ce matin pour d'investiguer et de préparer un plan d’action permettant d'aller au fond des choses, par la force s'il le faut. Mais je sentais qu'il y avait quelque chose qu'elle ne nous disait pas. Bien sûr qu'il y avait quelque chose - les secrets de Murdoch occuperaient probablement des archives entières. Peut-être même que c'est le cas. Et puis il y avait la question de...

"Alors, à propos d'hier..."

Ferguson se moqua de l'interruption et Espinoza secoua rapidement la tête. Jim Twocrows, la seule personne manifestement étrangère à cette affaire, s'est contenté de me fixer longuement, les sourcils levés en signe d'interrogation silencieuse. Je lui ai répondu par un sourire peu sincère et un haussement d'épaules, mais son air intrigué s'est transformé en un froncement de sourcils encore plus profond que celui de Ferguson, qui décida de continuer.

"Les installations les plus précieuses d'O'Neill sont gardées par des escouades de sécurité d'élite, les Vigilants. Messieurs, on ne plaisante pas avec eux. La plupart sont avec O'Neill depuis suffisamment longtemps pour avoir vu tout ce qu'il a fait et sont d'une loyauté sans faille. On ne peut ni les soudoyer, ni les intimider, ni les raisonner. Ces types sont de vrais croyants, alors n'essayez même pas."

Elle se racla la gorge avant de poursuivre.

"Votre point d’entrée est une petite station de communication près de Dublin, gardée par une escouade de Vigilants, des forces de sécurité régulières et peut-être même l'armée ou la police irlandaise. Vous vous déguiserez, vous et vos véhicules, en membres de la sécurité de Sage. Nous vous fournirons tout : schémas de peinture, uniformes adéquats, fausses cartes d'identité électroniques et brouilleurs. Ceux-ci ne résisteront pas à un examen approfondi, mais ils devraient vous permettre de vous déplacer librement pendant quelques heures, voire quelques jours. Mais..."

Elle marqua une pause délibérée, fixant chacun d'entre nous de son regard caractéristique : "maintenant, soyez attentifs".

"Vous n'aurez qu'une petite équipe avec vous et si vous vous trompez, vous serez seul. Perihelion niera toute implication et condamnera toute affirmation contraire comme une provocation. Alors, ne vous plantez pas."

"Prenez O'Sullivan, son ascendance irlandaise pourrait vous être utile", poursuit-elle. "Infiltrez la périphérie de Dublin en évitant au maximum les patrouilles. Une fois sur place, brouillez leurs communications, neutralisez toute opposition et escortez la spécialiste désignée jusqu'à la station. Elle s'introduira dans leur système et recueillera toutes les informations que Sage pourrait avoir sur nos mystérieux ennemis. Les détails de la mission se trouvent sur les tablettes devant vous. Tout est clair ?"

Parfaitement clair.

Le moment était donc venu de faire mes valises. Je n'ai pas eu un seul jour de répit depuis que tout ceci a commencé.

"Une dernière chose. Gail, montre le chemin de l'intendance à M. Thorpe, il aurait grand besoin d'un changement de vêtements."

Je me suis soudain rendu compte que pour quelqu'un qui a l'habitude de travailler avec des bouffons, la véritable compétence apparaît presque comme une capacité à lire dans les pensées. Espinoza hocha la tête d'un air absent et me dit de la suivre.

Récompenses :

  • Peinture de base Vigilant (Gris)
  • Écusson Emblème de Sage
  • Bannière Drapeau Sage

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Entrée 20 – Ce qui aurait pu être

Je me trouve maintenant dans une petite chambre-capsule, dans l'un des derniers étages du bâtiment de Perihelion, manifestement conçue pour permettre au personnel de dormir au cas où l'activité deviendrait trop intense, et encore sous le choc de l'expérience vécue. Toute la soirée qui a suivi a été floue. J'ai reçu une tablette du Dr Haswell contenant les bases sous forme écrite, y compris un exemple particulièrement intéressant d'une réalité ayant un décalage temporel. Dans l'exemple qu'il m'a donné, cette réalité a été découverte en son année 1944, et une série de maladresses stratégiques ont abouti à l'échec de la tentative d'invasion de la Normandie. Des milliers d'Alliés ont perdu la vie et les Allemands ont pu contenir la tête de pont, éliminant progressivement toute opposition dans les jours qui ont suivi le fiasco. La guerre est depuis terminée (nous sommes déjà en 1948), mais non sans avoir fait des millions de victimes supplémentaires, car la puissance allemande, craignant sa disparition imminente aux mains des impitoyables Soviétiques, a commencé à éliminer tous les témoins. À la fin de l'année 1946, il ne restait pratiquement plus un seul Juif en vie en Europe, un prix terrible pour des plans qui ont mal tourné.

Mais il y a aussi un côté cyniquement pratique à tout ce désastre. Les scientifiques de Perihelion ont vu les nazis déverser des réserves d'or dans l'océan, les cacher dans des grottes ou les enterrer dans des mines, dans leur croyance erronée que le Reich de mille ans (qui a duré à peine 15 ans) ressusciterait. Il s'est avéré qu'ils pensaient de la même manière dans notre monde, et que les équipes de Perihelion en Europe ont pu récupérer plusieurs artefacts inestimables.

Même maintenant, tout cela ressemble à un rêve, ou un autre cauchemar dont on se réveillera à tout moment. Après écarté les souvenirs de ces deux derniers jours, je me rends compte que j'ai ressenti cela toute ma vie – ce malaise, ce sentiment de n'appartenir à rien.

Et puis il y a toute la vérité derrière la réalité. Même aujourd'hui, j'ai encore du mal à y croire. Après avoir réfléchi à tout ça, je comprends maintenant aussi pourquoi elle doit rester secrète. D'une part, cela bouleverserait toutes les religions : les fidèles sont attirés par la promesse d'une meilleure vie après la mort, mais que se passe-t-il lorsqu'on leur prouve que cette vie n'existe pas ? Un schisme planétaire, sans aucun doute. Certains diront qu'il s'agit là aussi d'une œuvre de Dieu, d'autres deviendront des apostats, d'autres encore verront peut-être l'œuvre du diable derrière tout cela. Peut-être auraient-ils raison. Mais la dure vérité, c'est que c'est la promesse d'une vie après la mort qui maintient beaucoup de gens dans le droit chemin – sans cela, ils se retourneraient les uns contre les autres comme des loups voraces. Homo homini lupus, tout ça.

Et qu'en est-il de tous les autres, ceux qui ne croient pas en une puissance supérieure, mais en eux-mêmes ? Ils en souffriraient aussi, j'ai bien peur. Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses théories ont vu le jour sur la nature de l'univers. Certains prétendent qu'il s'agit d'un hologramme, d'autres affirment même que nous vivons dans une réalité virtuelle. Ce que j'ai découvert n'est pas très différent de ces deux notions, qui ont prouvé qu'elles conduisent à un nihilisme sans limites. Si vous n'êtes qu'une simulation, qu'importe ce que vous faites ? Autant montrer son plus vilain visage et satisfaire tous ses caprices dépravés, si tout choix est inutile.

Je ne suis pas sûr de pouvoir dormir cette nuit. Mais je vais essayer. Un nouveau monde m'attend. Suis-je prêt pour cela ? Absolument pas.

Récompenses :

  • Camouflage Hiver Seconde Guerre mondiale américain
  • Camouflage Seconde Guerre mondiale canadien
  • Camouflage Seconde Guerre mondiale Malte britannique

scr19

Entrée 19 – Révélations

Le vol retour vers Chicago s'est déroulé dans le calme. Fidèle à sa parole, Murdoch avait d'abord envoyé un hélicoptère cargo (je n'étais même pas surpris qu'il en ait un), puis un jet pour nous transporter, Espinoza et moi, ainsi que notre précieuse cargaison, jusqu'au nord. Malgré mes tentatives pour lui remonter le moral en lui racontant des histoires rocambolesques sur des choses que j'avais vécues et vues (certaines étaient même vraies), elle a à peine dit un mot et a catégoriquement refusé de parler des dernières heures que nous avions passées dans le camp. Je me suis dit que de toute façon, j'allais bientôt tout savoir.

Une voiture est venue nous chercher tous les deux dès l'atterrissage. Nous avons vu le matériel se faire décharger par des hommes vêtus d'uniformes noirs discrets avec des badges Perihelion, avant que le chauffeur ne s'éloigne de la piste et ne traverse la ville à toute allure, visiblement désireux de respecter un horaire fixé par un maître impitoyable. Après ce vol prolongé, le trajet a été heureusement court et nous nous sommes retrouvés devant la porte d'entrée de Perihelion – littéralement. Ferguson nous attendait déjà, les bras croisés, dans sa posture caractéristique “C'est moi le boss” que nous connaissions bien tous les deux, à en juger par le reniflement narquois d'Espinoza.

Ferguson nous observait tandis que nous sortions lentement de la voiture et que nous nous approchions d'elle. Elle hocha la tête.

“Suivez-moi.”

Nous nous sommes arrêtés devant une porte en bois massif aux sculptures complexes, du genre de celles que l'on trouve habituellement devant les demeures des monarques, des despotes ou des chefs de la mafia. Je ne savais pas exactement dans quelle catégorie se situait Murdoch, mais je mourais d'envie de le savoir.

“Bonne chance”, dit Ferguson avant de frapper à la porte et de s'écarter. Il était temps d'entrer dans la tanière du lion.

La journée était ensoleillée, mais peu de lumière pénétrait la pénombre dans laquelle le bureau était plongé, comme si des ténèbres émanaient de la personne assise derrière le bureau en bois massif qui recouvrait l'ensemble de la pièce. Dans son sépulcre crépusculaire, Murdoch, les mains jointes, nous regardait tous les deux d'un air féroce. Sans dire un mot, il indiqua deux fauteuils devant la table.

Deux autres personnes, qui n'avaient manifestement pas envie d'être là, se tenaient à côté du bureau, se déplaçant et s'agitant tout en essayant d'éviter l'attention de Murdoch. L'un d'eux était un homme âgé aux cheveux blancs ébouriffés, vêtu d'une blouse de laboratoire, d'un t-shirt et d'un jean délavé. Si vous deviez imaginer à quoi ressemblerait le docteur Frankenstein au 21e siècle, il aurait eu EXACTEMENT la même dégaine. Le t-shirt a immédiatement attiré mon attention, avec son dessin de panda rouge au sourire menaçant. D'une certaine manière, malgré la situation, cela m'a presque fait glousser. L'autre personne, un grand Noir avec une barbe grise, était visiblement plus calme et plus réservé. Il m'a même fait un signe de tête lorsque nous sommes entrés.

“Asseyez-vous.”

Ce furent les premiers mots de Murdoch, et je me suis immédiatement souvenu de la raison pour laquelle nous étions ici. Alors que je me dirigeais vers les fauteuils qui nous avaient été attribués, j'ai commencé à regarder plus attentivement mon environnement. Ce bureau ne ressemble en rien à ce que j'avais pu voir auparavant. Les murs étaient incrustés de dalles de pierre, gravées des mêmes symboles étranges que nous avions vus plus tôt sur le disque de Murdoch. Même le plateau du bureau portait ces symboles, bien que, contrairement aux roches qui nous entouraient, il n'avait pas l'air ancien. Une statue de grès était posée sur le bureau, représentant un buste de jeune femme exquisément sculpté. D'après ce que j'en voyais, c'était un chef-d'œuvre, chaque mèche de cheveux ayant été savamment élaborée pour donner une vie éternelle à son modèle, qui qu'elle soit. Je n'ai pas pu voir le visage car il était tourné vers Murdoch, mais à en juger par la position, il s'agissait clairement de quelqu'un d'important pour lui.

Le fond de la pièce était encore plus sombre que le reste et j'avais la nette impression que quelqu'un se cachait dans l'ombre, attendant et observant chacun de nos mouvements. Mais les ténèbres étaient trop denses pour que mes yeux puissent les percer. Tout ce que je pouvais voir, c'était le visage sévère de Murdoch (et celui des deux scientifiques).

“Vous avez vraiment tout gâché, n'est-ce pas ?”

Le ton de Murdoch n'exprimait pas vraiment de la colère, et il n'avait pas l'air terriblement déçu. C'était plutôt une déclaration – d'un fait qui lui avait coûté cher, mais qui restait cependant un fait. Une fois de plus, je n'arrivais pas à croire qu'il s'agissait du même homme d'affaires charmant que j'avais rencontré il y a quelques semaines, qui m'avait offert un dîner et une somme d'argent exorbitante. Parfois, nous voyons les gens comme nous avons envie de les voir, je suppose.

Pendant un moment, Murdoch a regardé la statue et, soudain, ses yeux exprimèrent une lassitude que je n'avais jamais remarquée auparavant. Il semblait perdu pendant un moment, fatigué de toute cette situation, et cherchait du réconfort dans le visage de celle que la statue représentait – un réconfort qui ne lui viendrait pas, bien sûr, mais cette brève contemplation semblait lui apporter au moins un peu de tranquillité d'esprit. D'une certaine manière, cela le rendit plus humain à mes yeux, mais le moment passa aussi vite qu'il était venu et il nous jaugea à nouveau de son regard froid et perçant.

“Commencez. Racontez-moi tout et n'omettez aucun détail”.

C'est ainsi que commencèrent les deux heures qui suivirent, plus proches d'un interrogatoire que d'un débriefing. Murdoch s'est contenté d'écouter la plupart du temps, ne posant que des questions supplémentaires ici et là, tandis que les deux scientifiques (maintenant assis le plus loin possible de lui sans paraître impolis) prenaient des notes.

J'essayais de me souvenir et de mentionner à peu près tous les détails. Espinoza, quant à elle, était réticente à parler plus qu'il ne le fallait, mais Murdoch ne semblait pas s'en soucier – il était bien plus intéressé par ma version des faits que par la sienne. J'ai décrit la nuit fatidique minute par minute en essayant de ne rien oublier – les éclaireurs disparus, la voix étrange, les véhicules ennemis et la découverte des chars télécommandés...

“Pas télécommandés”.

La voix qui m'interrompit était celle de l'un des scientifiques. Murdoch lui jeta un rapide coup d'œil d'avertissement, mais l'homme ne pouvait manifestement plus cacher son excitation.

“Que voulez-vous dire ?” J'ai froncé des sourcils.

“Pas télécommandés. Notre analyse préliminaire indique que les véhicules n'étaient pas des drones. En fait,” dit-il en haussant les épaules, “ils étaient tout à fait ordinaires. À l'exception du changement de...”

Il s'arrêta au milieu de sa phrase, cligna des yeux et jeta un coup d'œil furtif à Murdoch, se souvenant manifestement qu'il n'était pas censé mentionner quelque chose.

“Mais... il n'y avait personne à l'intérieur et nous n'avons pas retrouvé le moindre corps.”

“Ah, pardon. Quelle impolitesse de ma part”, interrompit Murdoch, tout à coup conscient de la présence de ses compagnons.

“Voici le docteur Leonard Haswell, notre responsable de la recherche et du développement...”

L'archétype du savant fou nous fit un signe amical de la main avec un sourire crispé.

“...et le docteur Abdu Az'dule, en charge de l'enquête.”

Ce fut au tour du chercheur Noir de hocher la tête, ce qu'il fit avec beaucoup plus de dignité. Cet homme se prenait manifestement beaucoup plus au sérieux que son supérieur et j'ai soudainement réalisé qu'ils se complétaient parfaitement, presque de manière comique – j'ai dû réprimer une envie de leur sourire. Mais ce n'était pas un comportement approprié.

Il était enfin temps d'évoquer notre péripétie avec le disque dur Perihelion et son étrange contenu. Murdoch m'a regardé fixement pendant que j'expliquais comment nous avions accédé au contenu du disque et ce que nous avions vu, ainsi que l'effet étrange que les images avaient eu sur nous. À ce moment, les scientifiques échangèrent des regards enthousiastes et eurent presque envie de dire quelque chose. Puis la salle est redevenue silencieuse, car je n'avais plus rien à ajouter, une fois mon récit terminé. Il ne restait plus que le jugement et la condamnation.

Murdoch est resté silencieux pendant plusieurs minutes, le regard dans le vide, réfléchissant. Aucun d'entre nous n'a osé l'interrompre – j'estimais que j'avais déjà assez de problèmes. Quant à Espinoza... je n'avais aucune idée de ce qui lui passait par la tête. Enfin, il a levé les yeux, non pas sur moi, mais sur elle :

“Je suppose que c'est le bon moment pour lui dire”.

Elle hocha la tête. Bon sang, je SAVAIS qu'elle cachait quelque chose. Mais en fin de compte, ce n'est pas elle qui a vendu la mèche. Murdoch se tourna alors vers le docteur Haswell.

“Docteur, si vous voulez bien... ?”

Le type qui ressemblait à un savant fou acquiesça et me sourit d'un air encourageant avant de s'appuyer sur le dossier de sa chaise, les bras croisés.

“Monsieur Thorpe, que savez-vous du concept de multivers ?”

C'est quoi ces conneries. C'est quoi ce délire – c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Pas possible. J'aime la science-fiction, comme tout le monde, mais... vraiment ? Ils me prennent pour qui ? J'ai éclaté de rire en me levant de mon fauteuil. Je veux dire que cela ressemblait à une mauvaise blague, ça ne pouvait pas être autre chose. Et cependant...

Personne d'autre que moi ne riait. Espinoza et les deux scientifiques se sont manifestement sentis gênés par ma réaction, et Murdoch avait l'air légèrement mécontent.

“Asseyez. Vous.”

Son ordre était d'une intensité inattendue et je me suis senti obligé de me rasseoir lentement dans le fauteuil, mon sourire en coin effacé de mon visage.

Monsieur Thorpe, commença Murdoch avant de faire une courte pause, “ceci peut vous sembler être une plaisanterie, mais je vous assure que ce que vous allez apprendre est TRÈS réel, tout comme les conséquences du non-respect de mes instructions. Je comprends que cela fasse beaucoup à absorber, et que vous essayiez de comprendre ce que nous avons à gagner en vous racontant une histoire aussi tirée par les cheveux. Je vous assure que la réponse est : absolument rien. Si nous n'étions pas dans la situation actuelle, j'aurais été heureux de vous laisser jouer au soldat et garder ma propriété. Mais...”

Une autre pause.

"Mais les circonstances et votre attitude irresponsable avec des choses que vous ne comprenez pas – encore – m'ont forcé la main. Et je suis désolé de vous dire que partir n'est plus une option pour vous. Je suis sûr que vous comprenez pourquoi.”

Pendant qu'il terminait, j'étais occupé à réfléchir à plusieurs choses importantes, comme la distance qui me séparait de la porte, la façon dont je devais orienter mon bras pour frapper Espinoza (qui me regardait maintenant très attentivement) et si quelqu'un dans la pièce avait une arme à feu. Je n'en avais pas, car j'avais laissé tout mon équipement dans le coffre de la voiture, dehors.

Mes plans ont été interrompus lorsque j'ai remarqué qu'Espinoza n'avait certainement pas oublié d'apporter le sien et (ce qui est pire) qu'elle avait remarqué l'objet de mon attention. Elle avait alors déplacé sa main de manière à pouvoir y accéder à tout moment – certainement plus vite que je n'aurais pu le faire.

Elle m'a regardé dans les yeux, le visage crispé par l'anxiété, et a secoué la tête. Murdoch a également remarqué ce qui se passait et a poussé un soupir.

“Il n'est pas nécessaire de rendre la situation encore moins agréable qu'elle ne l'est déjà, Monsieur Thorpe.”

“Sam, s'il te plaît, ne fais pas ça”, ajouta Espinoza, presque en me suppliant, comme la nuit précédente. J'avais des doutes sur beaucoup de choses, mais en voyant sa posture, je ne me faisais pas d'illusions : elle m'abattrait en un clin d'œil. Je me sentais vraiment mal à l'aise.

J'ai fermé les yeux et j'ai respiré profondément. Les chances n'étaient pas en ma faveur et tout indiquait que j'étais complètement hors du coup. Pour résumer, si les choses partaient en sucette, je ne quitterais pas ce bureau vivant. Autant voir où mène le terrier du lapin, et attendre le bon moment. Après tout, il devait bien y avoir un moyen de sortir d'ici, dit le bouffon au voleur (pour paraphraser Jimi Hendrix) J'ai soupiré et j'ai jeté mes mains en l'air dans un simulacre de reddition. Ce n'était pas le geste le plus rassurant qui soit, mais c'était étrangement satisfaisant de voir tout le monde se détendre, à l'exception de Murdoch.

“C'est bon, Doc... Mettez-moi au jus.”

Espinoza s'est éloignée pour que je n'aie pas d'idées stupides, mais toute la salle a semblé se détendre un peu. L'une des énormes dalles de pierre des murs s'est écartée, découvrant un grand écran sur lequel s'affichent toutes sortes de chiffres et d'équations, tandis que tout le monde tourne son attention vers l'homme qui commence à expliquer la nature de la vie, de l'univers et de tout ce qui existe.

La leçon du Docteur Haswell :

La façon la plus courante dont les gens imaginent la théorie du multivers est que le moindre choix crée une sorte de branche, une réalité distincte. C'est fondamentalement faux ! Heureusement pour nous, car sinon l'identification de réalités distinctes deviendrait totalement ingérable – imaginez une réalité divisée pour chaque mouvement de particule subatomique !

La nature de ce que nous avons découvert est la suivante – et attention, je simplifie à l'extrême et il y a des choses que je ne peux même pas commencer à expliquer parce que même moi je ne les comprends pas. C'est ainsi que fonctionne la science, messieurs. Et mademoiselle, pardon. Bref.

Chaque réalité distincte – que nous appelons des Instances – est définie par la vie. Oui, par la vie elle-même. Nous avons... développé, ou plutôt découvert, une méthode qui permet de lire l'identifiant de chaque instance distincte. L'identifiant – que j'appellerai dorénavant ID – est un nombre, une représentation mathématique de chaque être vivant qui a vécu ou vivra. Nous PENSONS qu'il y a un lien avec l'ADN, mais nous n'avons pas réussi à trouver le lien exact.

Pour l'instant, tout ce que nous pouvons identifier, ce sont les chaînes appartenant à des... entités distinctes. Mais c'est compliqué – imaginez, la bactérie qui vit dans vos intestins est-elle un être distinct ou une partie de vous ? C'est un être distinct, d'ailleurs... mais je m'écarte encore du sujet.

Bref, revenons aux ID. Nous pouvons isoler l'ID d'une entité spécifique, mais cela ne nous dit rien sur sa nature. Nous ne pouvons que supposer que l'ID d'entités similaires dans différents univers nous mènera à une créature similaire. Jusqu'à présent, cela a été le cas. Cependant, ce que nous POUVONS faire, c'est isoler les Entités qui vivent en ce moment même. Ce qui nous aide également, c'est que pour des raisons inconnues, certaines réalités très similaires sont décalées dans le temps. En termes simples, nous pouvons jeter un coup d'œil dans le futur et le passé. Le voyage dans le temps dans notre propre réalité est bien sûr impossible – les postulats d'Einstein s'appliquent toujours. Mais dans certaines circonstances, nous pouvons pénétrer dans les mondes où des choix spécifiques ont été faits et voir leurs conséquences. Comme vous pouvez l'imaginer, il s'agit d'une opportunité considérable pour nous améliorer et nous l'avons exploitée, mais c'est une discussion pour une autre fois.

Mais les choses sont encore plus compliquées. En considérant notre réalité comme le cœur de toute la création, ce qui est en fait du géocentrisme – comme c'est ironique – nous avons développé un système de décalage par rapport au mécanisme d'ID pour indiquer à quel point les choses sont “éloignées” de notre propre réalité. Les réalités adjacentes à la nôtre avec des ID similaires sont similaires à la nôtre – parfois presque complètement identiques, à l'exception d'un décalage temporel occasionnel. Les choses deviennent vraiment dingues avec des décalages plus importants – les lois de la physique ne s'appliquent pas, ce qui est vraiment terrifiant. Il existe des réalités où la lumière ou la gravité n'existent pas, mais qui contiennent encore de la vie, essayez d'imaginer ça !

En fait, n'essayez pas. Nous avons perdu des gens en essayant d'observer des choses qui ne sont pas destinées à être vues par l'esprit humain.

Enfin, permettez-moi d'expliquer comment fonctionne le transfert entre les réalités. Oui, notre technologie permet de transporter des objets d'un monde à l'autre, n'est-ce pas extraordinaire ? Eh bien non, ce n'est pas le cas. La réalité est... imaginez-la comme étant un ballon, et que nous vivons sur sa surface. En fait, la surface est définie par la vie dans cette réalité. Oui, je sais, cela peut paraître étrange, mais écoutez-moi encore un peu On a presque terminé.

Retirer une seule entité provoque une sorte de petit trou dans cette surface. Plus l'entité est petite et insignifiante, plus le trou sera petit. Et que se passe-t-il lorsque vous percez un ballon avec, disons, une aiguille ? Hum, ce n'est pas un bon exemple. La réalité n'éclate pas. La réalité n'est pas un ballon, mais plutôt un ballon de football. Avez-vous joué au foot dans votre enfance, Monsieur Thorpe ? Bien.

Lorsque vous le percez, il se dégonfle, s'écroule sur lui-même, et c'est ce qui arrive avec une réalité percée. Le processus est lent au début, mais s'accélère vers la fin. Cela peut prendre des années, voire des décennies, mais c'est totalement irréversible. Mais vous ne le remarqueriez pas : le monde qui vous entoure ne disparaît pas. Il cesse d'être. La différence est de taille.

La disparition implique que vous remarqueriez une différence, mais ce processus est beaucoup plus insidieux. Votre esprit n'est pas vraiment fait pour comprendre de telles choses. Vous ne remarquerez rien. Pour vous, rien ne change. Votre frère peut disparaître, mais vous ne le rechercherez pas – c'est comme s'il n'avait jamais existé. Ce n'est qu'à la fin que les changements provoquent des différences irréconciliables entre votre perception et la réalité et c'est alors que... bref, vous devenez fou. Ce n'est pas la meilleure façon de finir. Donc, pour toutes ces raisons, nous ne transférons RIEN des autres réalités. Nous l'avons appris à nos dépens.

De plus, même ceux qui ne font qu'observer les événements depuis une autre réalité sont affectés. Nous l'appelons ce trouble le “Bleed”. Le Bleed sont de petites particules de l'autre réalité qui s'infiltrent dans la nôtre. Elles ont deux effets : elles provoquent d'abord une sensation de nausée et de terreur intenses. Les médicaments ne permettent pas de les éviter et nous n'en comprenons ni la raison, ni le principe sous-jacent. Le deuxième problème est ce que l'on appelle familièrement l'effet Mandela. Des faux souvenirs. Vous voyez la façon dont certaines personnes se souviennent des choses différemment ? Les ours Berenstone au lieu des ours Berenstein, Nelson Mandela qui a survécu à la prison... ce genre de choses.

Et maintenant, une bonne nouvelle. Je pense que vous n'avez pas besoin de vous préoccuper de ce que je viens d'évoquer. Pour autant que nous le sachions, nous sommes la seule réalité à disposer de ce type de technologie. Dans bien d'autres réalités, je suis botaniste – je ne plaisante pas ! J'ai toujours aimé m'occuper des plantes...

En fait, il se passe beaucoup de choses étranges dans cette réalité – deux instances adjacentes ont un nombre inhabituel d'Uniques. Vous l'aurez compris, les Uniques sont des entités aberrantes qui n'existent nulle part ailleurs dans le multivers. Je sais que cela contredit complètement ce dont nous venons de parler, mais c'est ainsi. Monsieur Murdoch ici présent est un Unique. Tout comme Miss Espinoza. Tout comme... vous. N'est-ce pas intéressant ? Bref, mon résumé est terminé.

Ben merde. Au cours des deux derniers jours, j'ai éprouvé un sentiment d'incrédulité totale et je me suis posé un million de questions, Dieu seul sait combien de fois. Commençons par la plus simple.

“Alors ces images que nous avons vues... c'était vrai ? Genre, vraiment vrai ?”

“Oui”, a répondu Espinoza, la voix plate.

“Comment le sais-tu ? Autant qu'on sache, tout ça n'est peut-être qu'un mensonge élaboré !”

Eh bien...”, commença-t-elle à répondre.

“C'est parce qu'elle venait de là, Samuel.” “On l'a extraite de cette réalité, et c'est cela qui a causé sa fin”, termina Murdoch. Il semble que finir les phrases des autres soit l'une de ses marottes.

“Et condamner un univers entier ? Pourquoi ?”

“Nous ne savions pas que cela arriverait, et elle était en train de mourir. Les Uniques sont extrêmement rares. Et les Uniques comme vous le sont encore plus – c'est intéressant de noter que vous aviez un doppelganger dans la réalité d'Espinoza, c'est le seul cas connu à ce jour. Malheureusement, nous n'avons pas pu le sauver, car il était déjà mort lorsque nous avons découvert Gail. Son ID était la seule trace de son existence".

Il fait une petite pause avant de poursuivre.

“Il n'y a pas de Gail Espinoza dans notre univers. C'est un peu comme si sa réalité et la nôtre étaient interconnectées... il y a trop de coïncidences pour qu'il en soit autrement. Comme l'a dit un homme célèbre, Dieu ne joue pas aux dés”.

Mon respect pour Espinoza grandissait de seconde en seconde. L'imaginer seule dans ce monde, entraînée à travers l'espace et le temps, pour voir son ancien monde disparaître avec tous ceux qu'elle connaissait. Un esprit plus faible aurait été écrasé, mais pas le sien. J'ai pris une autre note mentale – lui poser des questions sur l'autre monde, les règles, les gens qui y vivent... tout. Mais pas maintenant. C'est le moment de poser une autre question, peut-être la plus importante.

“Et maintenant, on fait quoi ?”

Murdoch se déplaça sur son siège, joignant à nouveau ses mains.

“Cela dépend de vous, Monsieur Thorpe. Nous ne pouvons pas vous laisser partir, mais nous sommes prêts à prolonger votre contrat. Un contrat très lucratif, devrais-je ajouter. Mais il reste encore beaucoup à faire”.

Il s'est penché en avant, jetant un long regard à tout le monde dans la salle.

“Pendant des décennies, j'ai aidé ce pays à prospérer. Avec succès, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, tout semble s'écrouler. Trop rapidement. Les empires s'élèvent et s'effondrent, mais jamais aussi rapidement. Quelqu'un essaie d'interférer dans le monde que nous avons créé, de l'affaiblir pour des raisons inconnues. Je veux savoir de qui il s'agit et pourquoi on fait cela. Deuxièmement, ce monde a besoin de technologie, d'une technologie que nous pourrions trouver... ailleurs. Notre département de recherche”, dit-il en faisant un signe de tête vers Haswell, “m'a informé que nous sommes sur le point de réaliser une avancée qui nous permettra de visiter temporairement d'autres mondes sans provoquer d'effondrement de la réalité”.

“Enfin, conclut-il, nous devons en savoir plus sur nos mystérieux agresseurs. Savoir d'où ils viennent et ce qu'ils veulent. Il est possible que tout soit lié – c'est à vous de découvrir comment. Vous recevrez des ressources, des hommes et des femmes compétentes, et accès à des technologies dont vous ne pouvez même pas rêver. Répondez-moi : est-ce une opportunité que vous voulez laisser passer ?”

Récompenses :

  • Flakpanzer Gepard – VCB Premium de rang 8

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Entrée 18 – L'image qui a tout déclenché

Le lever du soleil nous a surpris en train de lever le camp. Il n'est pas facile de lever un camp, mais essayez de le faire sans laisser la moitié des trucs derrière vous.

Plus personne n'a dormi cette nuit-là. Nous avions plusieurs blessés – heureusement, aucun ne l'était grièvement – et nous nous préparions à partir. Les trucs les plus importants d'abord, le reste ensuite. Tout le monde se déplaçait avec cette urgence normalement réservée aux catastrophes les plus graves ou aux peurs les plus sombres.

La région grouillait d'unités des forces armées américaines et des colonnes interminables de blindés et d'infanterie passaient au sud de notre camp. Il nous ont tous jeté des regards mauvais, mais heureusement rien de plus. Espinoza nous a dit qu'elle a réussi à contacter Murdoch assez rapidement après l'incident, et que celui-ci s'est immédiatement mis au travail, utilisant ses contacts militaires pour résoudre la situation.

L'arrivée des premières unités d'intervention américaines a failli déboucher sur une nouvelle bataille mais, au dernier moment, le face à face s'est terminé par le retrait des soldats enragés après un appel effectué par un officier supérieur. Ceux d'entre nous qui ont eu le privilège de l'entendre ont bénéficié d'un enrichissement aussi large qu'inattendu de leur gamme d'insultes et de jurons. L'Oncle Sam avait mal, et cherchait quelqu'un à punir. N'importe qui ferait l'affaire – de préférence les coupables, mais il se contenterait aussi bien de nous.

Finalement, d'une manière ou d'une autre (je ne sais pas comment), le sang-froid et l'influence de Murdoch ont prévalu et nous avons pu partir, y compris avec le butin qui – comme il s'est avéré – était vraiment la propriété de Perihelion.

Plus tard dans la matinée, mon petit-déjeuner a été interrompu par Espinoza qui m'a fait signe depuis la tente de communication, l'une des dernières encore debout (nous avions prévu de la démonter en dernier au cas où nous en aurions besoin). J'ai soupiré, j'ai mordu une dernière fois dans le sandwich de ma ration de combat et j'ai jeté le reste, réalisant que je n'aurais probablement pas l'occasion de le finir de toute façon.

Espinoza était en compagnie de l'officier de communication Abernathy. Tous deux manipulaient ce qui semblait être une boîte noire faite de métal et de plastique, à laquelle étaient reliés des câbles. Je suis loin d'être un expert en informatique et c'est pourquoi j'ai décidé d'attendre qu'on m'explique, tout en essayant de ne pas avoir l'air trop idiot. Ce qui était un vrai défi. Après quelques secondes, la boîte a vrombi et sifflé et une liste de symboles est apparue sur l'écran d'un ordinateur portable situé à proximité. Abernathy a froncé les sourcils.

"C'est une sorte de disque dur, pour ceux qui ne le savent pas, et il est crypté. Bien entendu.”

Espinoza, qui regardait par-dessus son épaule, soupira en guise de réponse.

“On peut le craquer ?”

Abernathy s'est redressé, l'air inquiet.

« Doit-on vraiment le faire ? C'est la propriété de Perihelion. Ça m'étonnerait que Mlle Ferguson soit d'accord..."

“... que l'on vérifie que ce n'est pas un engin explosif improvisé potentiel ? ” Espinoza a souri d'un air innocent.

Abernathy prit un air agacé et impatient, comme à chaque fois qu'il avait l'impression qu'on le prenait pour un imbécile.

“C'est des conneries et tu le sais très bien.”

“Mark”, intervins-je. “J'apprécie votre loyauté, vraiment, mais on a failli se faire tuer. On aimerait vraiment...”

Et j'ai insisté sur le mot “vraiment”, comme pour dire “il y aura des conséquences si vous ne le faites pas”.

“...vraiment obtenir des réponses.”

Il comprit le sous-entendu et soupira, en secouant la tête et en appuyant les lunettes sur son front.

“Je vais voir ce que je peux faire”.

Quelques minutes et plusieurs jurons plus tard, Abernathy avait trouvé quelque chose.

Je n'ai jamais vu un code pareil”, marmonna-t-il pour lui-même. “Laissez-moi juste...”

L'écran de l'ordinateur portable auquel le disque était connecté s'est tout à coup allumé, et afficha ce qui ressemblait à une sorte de menu textuel dans lequel on pouvait naviguer à l'aide du clavier, les touches Haut et Bas mettant en évidence les différentes propositions. Mais il y avait un problème : ce menu était rédigé dans une langue que nous n'avions jamais vue auparavant. Ça ressemblait à... Je n'étais pas vraiment sûr. De l'égyptien ? Les symboles étaient cependant différents : ce n'était pas des hiéroglyphes, mais juste des symboles rectangulaires aux angles aigus, sans signification facilement discernable. Je me suis soudain souvenu avoir vu ces symboles ailleurs, mais je ne me souvenais ni de l'endroit ni de l'origine.

Abernathy se concentrait sur une ligne clignotante, qui représentait apparemment l'entrée la plus récemment consultée, en essayant d'en déchiffrer le sens, sans succès. Il ne restait plus qu'une seule solution. Je me suis penché vers Abernathy et j'ai appuyé sur la touche Entrée.

Une fois de plus, l'écran est devenu noir et, cette fois, le temps d'arrêt a été nettement plus long, comme si la boîte communiquait avec quelque chose ou quelqu'un (impossible ! nous étions sans réseau !) avant de finalement révéler son secret, qui s'est avéré être une autre séquence vidéo étrange.

Ce qui semblait être un dirigeable flottait au-dessus d'un volcan, mais il ne ressemblait à aucun dirigeable qu'on eût jamais vu auparavant. Quatre turbines géantes semblaient le maintenir dans les airs, mais elles semblaient trop petites par rapport à la masse de cet immense engin, avec son énorme corps en acier de plus de trois cents pieds de long.

Selon nos lois de la physique, ce vaisseau ne pouvait pas flotter dans l'air et pourtant il était là, se déplaçant lentement, loin de l'enfer élémentaire qui faisait rage à la surface du sol. Il y avait manifestement un équipage à bord – les haut-parleurs de l'ordinateur portable diffusaient un enregistrement du signal radio de l'étrange vaisseau, fort et clair, comme s'il était capturé directement à la source.

En fait, ce n'étaient pas des échanges radio – c'étaient les voix non filtrées de l'équipage.

Quelque chose était en train de se passer.

Le monde sur l'écran... s'est simplement arrêté, comme si quelqu'un avait appuyé sur un bouton de pause. L'enregistrement s'est poursuivi. Les voix sans corps étaient clairement conscientes de ce qui se passait, à en juger par la surprise et la panique qui se percevaient progressivement dans leurs voix. La surprise s'est rapidement transformée en terreur, car à l'extérieur comme à l'intérieur du vaisseau, les choses ont commencé à... Je ne trouvais pas le mot juste. Disparaître serait le mot le plus évident, sauf que ce n'était pas ça. Pour qu'une chose disparaisse, elle doit d'abord exister, mais d'une manière ou d'une autre, les événements affichés à l'écran impliquent que les choses qui ont disparu n'ont pas simplement disparu. C'était comme si elles n'avaient jamais existé en premier lieu. À leur place, un vide indescriptible – une non-couleur défiant toute tentative de description.

À ce moment-là, les voix criaient, les esprits derrière elles étaient brûlés par l'ampleur de l'événement qui se déroulait sous leurs yeux. Au-dessus, les nuages disparaissent et les étoiles s'éteignent, grappe par grappe. L'événement s'accélérait clairement – les montagnes, les arbres, même le volcan s'estompaient, tout comme de nombreuses voix et parties du vaisseau. À la fin, il ne restait plus qu'une seule voix masculine, le hurlement torturé et continu d'un homme condamné au pire sort possible, celui d'être le dernier témoin d'un monde entier qui se meurt autour de lui. Et puis... plus rien, juste les ténèbres qui avalent la scène.

L'écran est redevenu noir, cette fois pour de bon. Abernathy et moi avons échangé un regard, sans pouvoir sortir un mot. C'était clairement une sorte de film, une image générée par ordinateur et conçue par un esprit tordu... et pourtant... on avait l'impression que ce n'était pas le cas. En fait, cela nous a semblé étrangement réel – en particulier pour Espinoza.

Elle tremblait, le visage pâle et les yeux fermés. Je ne comprenais pas pourquoi (je le comprendrais au moment venu, mais pas maintenant), alors j'ai essayé de lui mettre la main sur l'épaule. Elle l'a à peine remarqué, refusant même de me regarder.

“Ça va ?” lui dis-je.

Un silence et une respiration rapide furent la seule réponse que j'obtins, alors je me retournai vers Abernathy, espérant une explication. Lui aussi était encore ébahi, se murmurant quelque chose à plusieurs reprises, se tenant le visage entre les mains.

Après la bataille nocturne, je commençais à m'habituer à l'étrange et au bizarre et, malgré les frissons qui me parcouraient encore l'échine, mon esprit a commencé à se concentrer sur la tâche en cours, en se posant des milliers de nouvelles questions. Aucune n'eut de réponse, avant que le silence ne soit brisé par une voix froide et impérieuse qui n'appartenait à aucun d'entre nous.

“Je crois que ceci m'appartient.”

Le visage sévère de Murdoch nous fixait depuis un ordinateur portable proche, une connexion étant manifestement en cours. Je n'avais aucune idée de qui l'avait établie et pourquoi, mais d'une manière ou d'une autre, il savait ce qui venait de se passer. Et il n'avait pas l'air content – il y avait quelque chose d'étrange dans l'image, une distorsion de la perception peut-être, mais son visage autrefois amical était devenu distant, ancien, étranger. Rien à voir avec le charmant homme d'affaires que j'avais eu la chance (ou la malchance, plutôt) de rencontrer.

À sa place, je voyais le visage d'un tyran, dont l'aura de puissance était clairement perceptible dans la tente, bien qu'il se trouvât à des milliers de kilomètres d'ici. Je ne pouvais pas expliquer ce qui se passait, et ce n'est que plus tard que j'ai réalisé que je ressentais une peur primale que je n'avais jamais connue auparavant. Je ne savais pas comment ni pourquoi, mais j'étais totalement convaincu que l'homme de l'autre côté de l'écran nous écraserait tous comme des insectes si tel était son souhait.

Aucun d'entre nous ne savait quoi faire. Murdoch nous a inspecté un par un avec son regard perçant et a finalement émis un soupir las, comme si nous ne valions même pas la peine d'être pris en compte, comme si on était des fourmis ayant découvert la nature secrète de l'univers – à quoi tout cela nous servirait-il ?

Et soudain, j'ai repris ma respiration (je n'avais même pas réalisé que je retenais mon souffle) et j'ai commencé à tousser, dans une tentative désespérée de faire entrer autant d'oxygène que possible dans mes poumons. Je pouvais sentir la chaleur et les bruits du camp venant de l'extérieur (je n'avais même pas réalisé qu'ils s'étaient évanouis), l'odeur familière de la sueur froide, du café éventé et de l'essence. Le visage sur l'écran nous fixait toujours, mais il n'avait plus rien d'inquiétant, juste celui d'un patron en colère sur le point de gronder des employés peu obéissants. Mais nous savions maintenant quel était son vrai visage, et il savait que nous le savions.

“Vous m'avez vraiment déçu, Gail”, dit-il en s'adressant spécifiquement à Espinoza.

Je me suis forcé à le regarder dans les yeux et à hocher la tête, les dents toujours serrées. Espinoza hocha elle aussi la tête et notre situation actuelle sembla satisfaire Murdoch – du moins pour le moment.

“Maintenant...”

“Gail et M. Thorpe, nous avons beaucoup de choses à nous dire. Des hélicoptères vont venir vous chercher. Ils vous transporteront jusqu'à un aéroport privé où vous embarquerez pour Chicago. Vous devez emporter avec vous le registre, ainsi que tous les autres objets récupérés dans la base. N'en parlez à personne. Cela est également valable pour vous, Monsieur Abernathy. Est-ce que c'est clair ?”

Clair comme de l'eau de roche. Clair comme du cristal. On ne peut pas être plus clair. Très franchement, je n'avais absolument aucune idée de la manière dont j'aurais pu envisager de désobéir aux ordres de Murdoch, ou de me mettre en travers de sa route quelque manière que ce soit. Puis la connexion fut coupée.

Nous quittions lentement la tente en réfléchissant à ce qui venait de se passer. Au moment de partir, Abernathy nous a adressé un dernier signe de la main et un faible sourire.

“Dites du bien de moi, s'il vous plaît ?”

“Bien sûr, Mark”, j'ai essayé de lui rendre son sourire, mais j'ai eu l'impression d'être hypocrite et j'ai donc tourné la tête. Nous n'avons plus jamais revu cet homme.

Récompenses :

  • Camouflage Enigma
  • Écusson Clayburn Seahawks
  • Écusson Clayburn Industries
  • Jeton de boost pour le Battle Path

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Entrée 17 – Conséquences

De la bataille elle-même, on ne peut pas dire grand-chose, si ce n'est que nous nous sommes bien battus. Le sort de l'ennemi a été scellé par l'arrivée progressive d'autres forces de Perihelion. Moins de trente minutes après le premier contact, ce qui avait été une force hostile et nombreuse n'était plus qu'un tas d'épaves fumantes.

Ensuite, tout a encore basculé dans l'étrange.

J'étais en train de reprendre mes esprits après le combat, adossé au Mamba, fumant ma première (mais certainement pas la dernière) clope de la journée, espérant quelques réponses, à commencer par l'identité de nos amis récemment décédés. Espinoza était elle aussi sortie de son blindé. Elle avait les bras croisés et regardait autour d'elle, comme si elle ne savait pas quoi faire.

“Yo !” Je lui fis un signe de la main.

Elle était crispée et semblait vraiment mal à l'aise, mais nos regards se sont croisés au bout d'une fraction de seconde. C'était clair qu'elle n'avait pas envie de me parler, et je me suis rendu compte à cet instant qu'elle en savait bien plus sur cette situation qu'elle ne le laissait paraître.

La voir plantée là comme un piquet, l'air confus, m'a donné envie de faire le premier pas, car je mourais d'envie de savoir ce qui s'était passé au cours de l'heure écoulée.

Je me suis avancé lentement vers elle, m'appuyant contre l'acier froid de son Nightsinger, sans la regarder mais en contemplant le ciel, le désir de connaître les tenants et les aboutissants de cette énigme prenant le pas sur la décence – qui aurait été de laisser tranquille cette femme manifestement désemparée. Inutile de dire que la curiosité l'a emporté sur la politesse.

Entamer une discussion avec une dame par une déclaration un poil accusatoire n'était pas vraiment très courtois, mais je ne me considérais pas vraiment comme un gentleman de toute façon. Je suis plutôt du genre voyou attachant. À qui pourrais-je faire croire ça – en vrai, je suis aussi sympa qu'une épidémie de choléra.

“Bref. Tu sais ce qui ce passe, n'est-ce pas ?”

Aucune réaction, si ce n'est un regard latéral à peine perceptible. J'ai poussé un soupir.

“Écoute, tu dois me dire ce qui se passe. Des gens ont été blessés, et ces gens sont nos camarades”. J'ai montré du doigt l'un de nos Jaguar qui s'était fait mettre hors combat quelques secondes après son arrivée. Son équipage était à côté de l'épave et était encore sous le choc, leurs uniformes couverts de suie, certains pansant des brûlures mineures.

Enfin”, ai-je continué, “tu vois bien que tout ça est surréaliste, non ?” Ces trucs... qui ou quoi que ce soit,” je fis un signe de la main en direction de l'épave la plus proche, “ils ont saccagé toute la base pour récupérer... quelque chose. Et nous, on les a démolis en 5 minutes ?!”

Je secouai la tête, levant à nouveau les yeux vers les étoiles.

“Soit nous sommes la meilleure escouade de la planète, soit l'U.S Army s'est VRAIMENT laissée faire. Et vu que la moitié de nos propres gars sont des anciens de l'U.S. Army, je ne pense pas que ce soit le cas.”

Espinoza s'est pincé les lèvres, a ouvert la bouche comme si elle allait dire quelque chose, puis l'a refermée, secouant elle aussi la tête, faisant une nouvelle pause avant qu'elle ne se décide enfin à dire quelque chose.

“Sam... tu es un mec sympa. Je t'aime bien. Vraiment. C'est pour ça que je te dis...

Elle m'a finalement regardé droit dans les yeux, avec une intensité surprenante, pour marquer le poids de ses mots. Elle me suppliait presque.

“...dégage de là. Va te trouver un autre job. Dis à Murdoch d'aller se faire foutre.”

C'est quoi ces conneries ?! Je n'allais pas laisser passer ça et la colère écarlate, hideuse et amère qui brûlait en moi n'a fait qu'être attisée par ses mots. J'ai soudain eu envie de me mettre en colère, de lui gueuler dessus pour avoir suggéré une telle chose, mais cette impulsion est heureusement passée aussi vite qu'elle est venue, la logique reprenant le dessus. Je n'allais pas gâcher mes chances d'avoir un guide pour aller explorer ce terrier de lapin/voyage sous acide en me comportant comme un gamin capricieux. D'ailleurs, quelle que soit la personne à blâmer pour ce gâchis, ce n'était clairement pas elle.

“Que dalle. Hors de question que je parte sans avoir eu de réponse. On ne se connaît pas depuis longtemps, mais... Je crois que tu me connais assez pour me comprendre.”

Son regard exprimait maintenant une tristesse absolue. Pas du genre larmoyant, mais une tristesse sombre et profonde qu'aucune quantité d'alcool ne pourrait guérir.

“Je sais... Je sais.”

Elle secoua la tête et prit une grande inspiration avant de me regarder à nouveau.

“Cette épave, là”, me dit-elle en pointant du doigt un grand véhicule cubique dont la moitié de la suspension avait été arrachée par une explosion. Je n'avais jamais vu un engin d'une telle apparence de ma vie, pas même lors de la précédente démonstration.

“Elle n'est pas cramée, et une écoutille est ouverte. Va voir à l'intérieur. Ne t'inquiète pas. Je t'attends là.”

J'ai hésité pendant un instant. Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de reluquer des cadavres cuits à point, mais elle m'a fait signe d'y aller.

“Vas-y...va voir !”

L'écouter semblait être la meilleure chose à faire et je me suis lentement dirigé vers l'épave. L'une des écoutilles supérieures était en effet ouverte. J'ai donc grimpé avec précaution par le flanc balafré par les trous d'impact de balles de canon mitrailleur et, après avoir vérifié qu'il n'y avait pas de mauvaises surprises, je me suis frayé un chemin à l'intérieur.

Quand je suis ressorti – abasourdi – elle était toujours là, comme promis, m'attendant avec une gourde d'eau à la main, qu'elle m'a tendue sans dire un mot. J'ai pris une énorme rasade.

“Alors...”

“Alors ?”

“Il n'y a personne à l'intérieur. Les lettres sur le tableau de bord sont... étranges. C'est écrit dans une langue bizarre, que je ne peux pas déchiffrer. C'est pas asiatique... J'ai aucune idée de ce que c'est !” J'ai levé les bras au ciel en signe de désespoir.

Elle hocha la tête avant de jeter un regard autour d'elle.

“Quelques soldats viennent de faire leur rapport. Tous les véhicules ennemis sont vides. Aucun cadavre à l'intérieur. Aucun cadavre de fantassin, non plus. Tout est... vide. Ou disparu.”

J'ai froncé des sourcils.

“Tu savais que je n'allais rien trouver ? Pourquoi ?”

Elle resta impassible.

“Je ne savais pas que tu ne trouverais rien. Juste..." elle se mordit la lèvre inférieure, "quelque chose de bizarre. Je ne sais pas, moi non plus.”

Elle avait l'air totalement larguée, et se massait les tempes avec le pouce et le majeur de sa main droite.

Mais le mystère des corps disparus devait attendre. À cet instant, les rescapés de l'U.S. Army commençaient à sortir de leurs cachettes, et ils n'avaient vraiment pas l'air heureux de nous voir. J'ai vu Twocrows discuter avec un officier avant de nous rejoindre, l'air inquiet. La raison était évidente.

“Ils pensent que nous sommes impliqués dans cette affaire, n'est-ce pas ?”

Twocrows poussa un soupir.

“Oui, bien sûr qu'ils nous accusent. Ils ont subi de nombreuses pertes, presque toutes fatales. L'ennemi..." dit-il en marquant une pause, "n'a laissé aucun survivant. Très inhabituel.”

Il avait raison, bien sûr. Dans toutes les guerres, les blessés sont bien plus nombreux que les morts, mais ce n'était pas le cas ici. L'ennemi ne voulait clairement pas laisser de témoins. Beaucoup se seraient cependant cachés dans les bâtiments et les bunkers autour de la base, et il y aurait au moins quelques images de surveillance locale... J'ai frémi à l'idée de ce que l'ennemi aurait fait si nous n'avions pas interrompu ses projets.

“Et vu que nous sommes les seuls à pouvoir marcher et parler...”

Espinoza me jeta un long regard, comme si elle décidait de mon degré de fiabilité et de la confiance qu'elle pouvait m'accorder. Je n'étais pas certain de l'emporter, mais Dame Chance était vraiment de mon côté ce soir-là.

“Jim. Sam. Ce camion – appelez quelques hommes," elle indiqua le camion que l'ennemi essayait de prendre avant notre interruption, “et embarquez les caisses qu'ils cherchaient jusqu'à notre camp. Ce qui causait le brouillage ne fait plus effet maintenant. Les lignes fixes sont probablement encore mortes, mais je vais essayer de joindre Ferguson ou même Murdoch directement par la liaison satellite. Postez des sentinelles autour des caisses et personne, je dis bien PERSONNE, ne doit y toucher sans ma présence. Pas même toi, Sam, compris ?”

J'ai continué à hocher la tête sans même m'en rendre compte. Vu la situation, je préférais que ça soit elle qui prenne les choses en main car je n'avais encore aucune idée de ce qui se passait, mais si le fait de me salir les mains me rapprochait de la vérité, qu'il en soit ainsi. Et de plus, le travail manuel est le meilleur remède contre les douleurs de l'esprit, comme le disait Miss Pembroke, la mégère qui dirigeait le dernier foyer d'accueil que j'ai fréquenté. Ce n'est qu'aujourd'hui, des années plus tard, que j'ai pu me rendre compte à quel point elle avait raison.

Récompenses :

  • Camouflage U.S. Reforger
  • Écusson U.S. Army
  • Bannière U.S. Army
  • Titre du joueur : G.I. Joe

scr16

Entrée 16 – Dans la mêlée

À mi-chemin en descendant la colline, l'anxiété m'a soudain quitté. Je ne pouvais pas l'expliquer, mais je pense que cela avait quelque chose à voir avec le fait de voir l'ennemi prendre forme. Je n'éprouvais plus aucune crainte comme quand nous avions entendu cette terrible voix à la radio et, à en juger par l'attitude et les hochements de tête silencieux mais déterminés de l'équipage du Mamba, ils devaient ressentir la même chose, comme si un mauvais sort s'était soudainement dissipé.

Je me déplaçai dans mon siège, regardant avec impatience les écrans des systèmes optiques à la recherche de ma première cible. Plusieurs véhicules ennemis se sont détachés du groupe d'assaut principal et ont commencé à se diriger vers nous, mais leur comportement était plutôt étrange. Je ne suis pas vraiment un expert en tactiques de combat de blindés, mais je n'ai jamais vu des blindés pilotés ainsi, s'arrêtant fréquemment sans tirer et roulant apparemment sans but, leurs systèmes d'armement dirigés vers nous mais tirant rarement, comme des drones ayant perdu leur signal de contrôle.

C'était tout simplement insensé qu'une base de l'armée américaine ait été battue par de tels adversaires, mais c'est pourtant ce qui s'est passé. Mais le pire, c'est que je ne voyais plus l'infanterie ennemie, comme si elle s'était volatilisée. Un camion à moitié chargé était tout ce qui restait de la scène à laquelle j'avais assisté il y a à peine quelques minutes. Ce n'est pas la première fois que j'avais l'impression que toute cette mission était un rêve, ou plutôt un cauchemar dont j'allais sortir en me réveillant d'un instant à l'autre. Mais le bruit de l'impact des balles tapant sur le blindage de mon destrier de métal était par contre bien réel, me rappelai-je en reportant mon attention sur l'écran de visée.

Récompenses :

  • Peinture de base Pourpre
  • Écusson Ennemi caché
  • Caisse à butin Platine
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr15

Entrée 15 – La base

La base n'était pas loin, et nous avons vu presque immédiatement les marques du combat. Il y avait plusieurs voitures abandonnées, leurs feux encore allumés, perçant l'obscurité qui les entourait, alors que ses passagers avaient quitté les lieux en toute hâte. Il n'y avait pas une âme en vue, une sensation étrange même en pleine nuit.

Quelques minutes plus tard, nous sommes tombés sur un de nos éclaireurs, lui aussi abandonné au milieu de la route, son moteur encore en train de tourner. Nous n'avons guère eu le temps d'enquêter – les bruits de la bataille se rapprochaient, et nous étions tous de plus en plus anxieux. Ramirez, le pilote, s'est mis à fredonner un air mélancolique alors que je tripotais les boutons de la radio, essayant d'attraper un signal – n'importe quel signal, vraiment.

C'était une erreur mais, en y repensant, les choses n'auraient probablement pas été différentes si je ne l'avais pas fait. Alors que nous descendions vers la dernière ligne droite et que nous voyions déjà quelques flammes sur nos écrans d'imagerie thermique, plusieurs événements se sont rapidement succédés.

Le bourdonnement dans la radio est devenu extrêmement fort.

Puis il s'est arrêté et tout mon univers a soudain été enveloppé d'un silence presque aussi sinistre que le son, le genre de silence qui pénètre dans votre crâne et l'envahit, le genre de silence qui peut rendre fou.

Confus, j'ai regardé autour de moi. Tout semblait aller au ralenti, comme si le monde s'était presque arrêté à ce moment précis. Puis vint le chœur des voix, profondes, métalliques et raclant l'intérieur de mon crâne à l'unisson, avec une force si primordiale qu'elles ébranlèrent le centre même de mon être. C'était une voix sans passion et sans âge, comme si l'univers lui-même se réveillait pour parler. Des mots sont apparus dans mon esprit, leur pouvoir déchirant ma réalité.

“LES PIONS DE L'EXIL APPARAISSENT.”

Haletant pour respirer, j'ai essayé de me boucher les oreilles, mais en vain.

REPARTEZ. L'IMPOSTEUR PAIERA, TOUT COMME SA PROGÉNITURE. CELA A ÉTÉ ORDONNÉ. REPARTEZ.”

La voix est devenue de plus en plus faible avec le dernier mot répété encore et encore, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un simple murmure et qu'elle s'évanouisse finalement dans le néant.

“REPARTEZ. REPARTEZ. Repartez.........”

Ma tête tournait, comme si j'avais subi une commotion cérébrale. Les membres de l'équipage semblaient également frappés et le véhicule s'est lentement immobilisé, alors que Ramirez tentait de reprendre le contrôle de la situation. Malgré la proximité des combats, nous avons tous ressenti le besoin de sortir. Les autres équipages étaient aussi touchés que nous, et nous sommes restés là en silence pendant ce qui nous a semblé être une éternité, essayant de réprimer l'envie de vomir. Nous avions tous entendu la même chose, apparemment. Finalement, c'est Espinoza qui prit la parole en premier.

“Jésus... Je... C'était quoi ce truc ?”

“Je sais pas. Une psyop, peut-être ? Un piratage des communications ? Je n'ai jamais entendu parler de quelque chose d'aussi puissant cependant...”

Elle a secoué la tête et m'a fait signe de m'éloigner des autres. Ils ne nous remarquèrent pas, encore sous le choc de l'expérience.

“Non, c'était plus que ça. La chose... la personne, qui que ce soit, elle me connaissait. Elle connaissait mon nom.”

Je l'ai regardée fixement avec un million de questions à poser, mais notre petit tête-à-tête a été interrompu par une autre explosion dans les environs qui nous a finalement tous réveillés. Elle m'a jeté un dernier regard étrange avant de reprendre rapidement ses esprits.

“D'accord. Revenons dans nos machines, c'est dangereux par ici. Mais regarde...”

En dessous de nous, la base brûlait. Des nuages de fumée obscurcissaient la zone. L'intensité des incendies manifestement incontrôlés aveuglait nos yeux et saturait les capteurs des véhicules. On voyait des silhouettes d'hommes en train de courir, de crier et de mourir, et ce qui ressemblait à plusieurs compagnies de véhicules blindés de types que nous ne pouvions pas facilement identifier marteler le périmètre, leurs canons crachant la mort sur tout ce qui se déplaçait en dehors de leur zone. Un groupe d'envahisseurs transportait des caisses, qu'ils sortaient de la base pour les amener dans l'un de leurs plus grands véhicules, projetant des ombres surhumaines sur la carcasse d'un tank de l'armée en feu.

Curieusement, le centre d'intérêt des pillards semblait être le même bunker dans lequel nous avons vu Ferguson entrer lors de notre dernière visite, lorsque la base n'était pas encore remplie de cadavres et d'épaves fumantes. On va commencer par là, ai-je pensé, alors que nos trois machines commençaient à foncer vers la zone de combat.

Récompenses :

  • Skin Black mamba pour le CC de rang 9 BMPT-72
  • Skin Black Mamba pour le CC de rang 8 Premium BMPT Mod. 2017

scr14

Entrée 14 – La guerre commence

Pour la première nuit depuis ma rencontre fatidique avec Murdoch, j'ai rêvé. Ces derniers jours, j'étais trop occupé pour faire autre chose que dormir, mais un cauchemar s'est faufilé dans mon esprit épuisé.

Mais ce n'était pas un cauchemar ordinaire. Je tombais dans un néant profond et sombre résonnant de basses fréquences primitives, qui créaient ou pulvérisaient les corps célestes. Le son des étoiles mourantes imprégnait mon être. D'une manière ou d'une autre, mon esprit, embrasé par cette épreuve, a rassemblé assez de force pour émettre un seul mot dans ce bruit – un mot que je ne pouvais ni reconnaître ni me rappeler par la suite.

J'ai été tiré de cette expérience par une tape ferme sur mon épaule, mais les premières secondes de mon réveil m'ont fait savoir que le véritable cauchemar ne faisait peut-être que commencer.

C'était encore le milieu de la nuit, mais le camp était en ébullition, bouillonnant d'activité chaotique dans une atmosphère de panique à peine masquée. On entendait les crépitements de tirs d'armes légères et le tonnerre plus profond d'explosions de munitions, mais j'ai immédiatement compris que ces explosions se tenaient à quelques kilomètres de là – ceux qui ont eu la chance de ne jamais se trouver près d'un canon d'artillerie n'ont pas idée de la douleur physique que ce bruit fait. Quoi qu'il en soit, c'était une mauvaise nouvelle – la pire des nouvelles en fait, car une bataille totale n'était pas quelque chose qui se déroulait habituellement aux États-Unis, peu importe à quel point on s'approchait de la frontière.

“Mais bordel... Qu’est-ce qui se passe ?”

C'était Espinoza qui me réveillait et c'était la première fois que je la voyais vraiment inquiète. Elle a fait signe à quelqu'un et a crié quelques ordres en espagnol avant de me reparler.

“Ça a commencé il y a quelques minutes. Les lignes fixes sont coupées, les communications sont brouillées, il n'y a plus de signal cellulaire et même la connexion satellite ne fonctionne plus.”

J'étais sur le point de demander comment c'était possible, mais elle m'a fait taire d'un geste de la main.

“ On n'en sait pas plus que ça. Jim pense," elle prit une profonde inspiration tout en indiquant du pouce l'amérindien qui parlait à quelques soldats, “que la base américaine est attaquée.”

J'ai secoué la tête, essayant toujours de débarrasser mon esprit des vestiges du cauchemar et de me faire une idée de la situation.

“Ça pourrait pas être un exercice ?”

Mais j'ai immédiatement compris à quel point cet espoir était vain.

“Non. Ce n'est pas une zone d'entraînement désignée. Ils ne couperaient pas non plus les communications et ils ne se livreraient certainement pas à un duel d'artillerie au milieu de la nuit sans avertissement préalable. Nous avons aussi entendu quelques explosions plus fortes. On pense que cela pourrait avoir été des détonations de munitions. Sans confirmation.”

Tout cela semblait totalement surréaliste. J'ai pris une bouteille d'eau et l'ai vidée en quelques gorgées rapides.

“Attaquer une base militaire, c'est du suicide. L'armée mexicaine est en ruines, les cartels n'ont pas une grande puissance de feu, bon sang, même les corporations...”

Elle hocha la tête.

“Ouais. Comme je t'ai dit, on ne sait pas ce qui se passe. Mais...”

Elle a soudainement levé les yeux, son expression se transformant en un masque de détermination

“On va bientôt le savoir.”

J'ai manqué d'air, un instant.

“T'es dingue ? On a à peine fini l'entraînement, on n'a pas de véhicules ravitaillés ou armés et tu veux voir ce merdier de plus près ?!”

“Le Banger est prêt”, dit-elle en montrant du doigt un tas de ferraille rouillé, “quelqu'un a fait le plein dans la soirée, probablement pour aller faire un tour.”

“C'est quoi le Banger ?”

“Ce vieux M113 rouillé que nous avons récupéré un plus tôt. Je l'ai nettoyé, et j'ai même récupéré des obus pour le canon sans recul.”

Malgré les circonstances, je n'ai pu m'empêcher de glousser devant l'absurdité du nom.

“Ah. C'est pour ça qu'on l'appelle le Banger, pour le gros boum.”

Soudain, son visage a rougi avec ce qui ressemblait à de la gêne. Je ne l'aurais pas remarqué si les générateurs n'étaient pas en marche pour éclairer le camp.

“C'est pour ça... et il y a aussi une couchette à l'intérieur. Si tu vois ce que je veux dire.”

“Ah.”

Elle se leva et fit signe à deux hommes qui se tenaient à proximité.

"Vasquez, Donner, prenez le Banger et passez devant. Ne cherchez pas les ennuis – faites demi-tour au premier signe de danger et faites un rapport au camp.”

Ils ont tous deux salué et sont partis. Un moment plus tard, grinçant, rugissant et crachant de la fumée, le vénérable VBT a commencé à avancer avant de prendre progressivement de la vitesse. Il disparut derrière le premier virage du chemin de terre derrière le portail du camp, laissant derrière lui un nuage de poussière.

Dix minutes plus tard, le conflit semblait décupler en intensité. Tout le monde était réveillé à ce moment. Des hommes et des femmes s'activaient, ramassant des armes, revêtant à la hâte des équipements et se préparant au combat de toutes sortes de manières.

À ma grande déception, le ravitaillement en carburant des véhicules les plus rapides a eu la priorité sur les CCP, car il fallait beaucoup moins de temps pour les remplir que nos monstres dévoreurs d'essence.

Les équipages des véhicules de reconnaissance ont été les premiers prêts. Plusieurs Jaguar prêtés par l'armée sont partis au combat en suivant les traces du Banger, toujours muet et probablement détruit.

Ce fut ensuite le tour des tanks, leurs réservoirs prenant dix bonnes minutes à remplir. Il n'était pas techniquement nécessaire de faire un plein complet, mais la quantité de carburant que cinquante tonnes d'acier consomment en combat est inimaginable – mieux vaut prévenir que guérir. De plus, qui sait ce qui pourrait arriver à notre camp. Cela signifiait que nous arriverions l'un après l'autre, mais vu les circonstances, c'était la meilleure idée que l'on ait eue.

Les premiers véhicules à partir après les éclaireurs étaient mon Black Mamba, le Nightsinger d'Espinoza et le Faugh a Ballagh d'O'Sullivan. Chacun salua son équipage en embarquant, donnant les derniers ordres aux autres soldats, tout en d'échangeant un dernier regard inquiet. O'Sullivan semblait le plus tendu, marmonnant des malédictions et criant sur les hommes qui se tenaient près de son vieux destrier d'acier.

Mais, selon les mots immortels de Chuck Yeager : “C'est l'homme qui compte, pas la machine”, et le vieux O'Sullivan, un vétéran endurci des Nouveaux Troubles, compensait largement les déficiences d'une technologie obsolète par son expérience et son courage. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour le connaître, mais beaucoup dans le camp le considéraient comme une sorte de grand-père – du genre vieux gueulard fougueux.

J'ai escaladé le BMPT et me suis faufilé dans l'écoutille du commandant.

À l'intérieur, j'ai fermé les yeux et laissé s'éloigner les bruits du monde extérieur. Dingue comme le monde peut changer rapidement en quelques minutes, ai-je pensé. Serait-ce la raison pour laquelle Murdoch nous a envoyés ici, au milieu de nulle part – pour se préparer à une telle éventualité ? Mais si c'était le cas, pourquoi ne nous l'aurait-il pas dit ? Se lancer dans une bataille sans informations fiables était, au mieux, imprudent, mais surtout tout à fait stupide. Et pourtant, nous étions là, sans attendre les éclaireurs. Ces pensées et bien d'autres encore se bousculaient dans mon esprit tandis que je me forçais à me concentrer sur le moment présent.

La radio, émettant toujours un bourdonnement profond et particulier (et pourtant, étrangement familier) si différent de tous les sons de brouillage que j'ai entendus auparavant, était toujours inutile. Il va falloir faire ça à l'ancienne, j'ai réalisé. En me penchant hors de l'écoutille, j'ai fait signe à Espinoza et j'ai vu, dans la lueur des lumières du camp, sa silhouette qui me faisait signe en retour. Il était temps d'y aller.

Récompenses :

  • Skin Banger pour le CC de rang 3 M113 ACAV
  • Caisse à butin Platine
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr13

Entrée 13 – Projets à venir

Ces deux derniers jours ont été cauchemardesques. Nous avons choisi plusieurs véhicules intéressants et les avons fait livrer à notre camp pour que les troupes puissent les examiner. Comme on pouvait s'y attendre, chacun d'entre nous avait une idée différente de ce qu'il fallait faire, de ce qu'il fallait acheter et de ce qu'il fallait recommander, mais les dernières instructions de Ferguson (avant qu'elle ne monte à bord d'un hélicoptère pour repartir) étaient claires : nous devions nous mettre d'accord et lui présenter, ainsi qu'à David Murdoch, une décision commune sur ce qu'il fallait faire avec l'équipement de Perihelion. Qui devait stipuler quels véhicules, uniformes, armes légères et environ mille autres choses à acheter et, surtout, les frais généraux.

Nous avons tous eu l'impression que cela dépassait notre niveau de rémunération, qu'il s'agissait d'un autre test, peut-être pour savoir comment nous allions relever un défi et bien nous entendre pour cela. Et si c'était le cas, nous n'allions pas recevoir les félicitations du jury. Mais je n'étais pas prêt à abandonner sans me battre.

“Alors, à quoi tu penses ?”

Donc,” commence-t-elle en se frottant les tempes, “on a quelques options. Nous avons besoin de trucs qui tapent fort, c'est sûr...”

Sans dec', Sherlock.

“J'ai l'impression qu'il faut qu'on cogne dur, tu vois.”

Elle a réagi par un hochement de tête lent et fatigué.

“Tu sais quoi ? On va rassembler les troupes et en discuter, pour que nous puissions ENFIN avancer. Oh et fais-moi plaisir : change ta chemise, d'accord ? Ce trou, là” en pointant vaguement le doigt en direction d'une déchirure près de ma taille, “casse toute ta crédibilité de “professionnel”. Tu n'en as pas une plus propre ?”

J'ai arrêté de tripoter mon couteau et je l'ai rangé.

“Oui, j'en ai une autre, à Chicago. J'ai vraiment besoin d'aller faire du shopping”, je me suis dit.

“Prends une voiture. Vas-y à pied. Je m'en fous. Mais aie l'air présentable !”

Compris, m'dame”, répondis-je en la saluant d'un air moqueur. Mais elle avait raison. On devait tous se remettre les pieds sur terre, plutôt tôt que tard. Sur cette pensée, je suis sorti retrouver Jim.

Plusieurs heures plus tard, nous étions de nouveau dans le bureau des transmissions.

Ferguson m'a regardé dans l'écran par-dessus ses lunettes sans monture. Elle n'était manifestement pas encore rentrée à Chicago, mais la chambre d'hôtel derrière elle avait l'air assez chic pour se trouver n'importe où dans le monde où Murdoch avait de l'influence – peut-être même à Dubaï ? Et pourquoi je pensais encore à Dubaï ?

“D'accord. Pour en revenir à notre affaire. Que pensez-vous, ainsi que Mlle Espinoza, des véhicules qui vous ont été fournis ? Selon vous, quel serait le meilleur plan d'action ?”

J'ai regardé Espinoza, qui se tenait derrière moi, et elle a hoché la tête en silence. Nous n'étions pas vraiment sûrs de nos décisions, mais Jim semblait d'accord et c'était une confirmation suffisante.

“On va prendre quelques systèmes antiaériens. Ces engins sont vraiment efficaces contre les cibles terrestres faciles et qui sait ? Un sale type pourrait avoir un ou deux hélicos de combat sous la main. Nous allons devoir trouver des solutions, car il ne s'agit pas d'une technologie de base. Ça risque de prendre un peu plus de temps. Mais...”

J'ai poussé un soupir. J'étais sur le point de mentir un peu... non, pas mentir. D'exagérer. C'est vraiment une grosse différence... ou pas ?

“...le reste des troupes est plus ou moins prêt et attend ses ordres. Nous avons eu quelques moments difficiles, mais on dirait que nous avons aplani les problèmes les plus graves. Nous aurons une unité d'appui feu et quelques escouades d'infanterie mécanisée. J'espère que nous aurons quelque chose de mieux que des vieux BMP rouillés, mais à moins que vous ne vouliez affronter toute l'armée américaine, cela devrait aller.”

Ferguson m'a regardé en silence pendant un court instant, puis a hoché la tête.

“Très bien. Tenez-moi au courant.”

Puis elle coupa la connexion.

“Ça s'est bien passé.” Espinoza m'a tapé sur l'épaule, visiblement plus détendue maintenant que le conf-call était terminé.

“Bref, on va dîner ?”

J'ai gloussé.

“Ben alors, madame, vous allez m'emmener dans un endroit chic ?”

“Je vous offre mes meilleures rations de combat, monsieur !”

Oh là là,” ai-je rétorqué, “que vont dire les gens ?”

C'était à son tour de rire.

“Que tout le monde mange la même merde. Ce qui est bien. Pour le moral des troupes,” ajouta-t-elle.

Si j'avais su que c'étaient mes dernières heures de paix, j'en aurais profité bien plus.

Récompenses :

  • Camouflage Été Perihelion
  • Camouflage Désert Perihelion
  • Camouflage Hiver Perihelion

scr12

Entrée 12 – Les secrets de Ferguson

Le jour suivant fut aussi intéressant que Ferguson l'avait promis. Une jeep militaire est venue au camp le matin pour vernir nous chercher, Espinoza et moi. En me réjouissant discrètement de son malheur, j'ai remarqué que c'était le même gars qui m'avait conduit ici quelques jours plus tôt. Quelqu'un en haut de la chaîne de commandement doit vraiment le détester. J'ai souri discrètement, et le chauffeur nous a fait signe de monter. Bien entendu, aucun mot ne fut échangé pendant tout le voyage.

Mais la vraie surprise nous attendait à la base aérienne. Contrairement à auparavant, l'endroit tout entier était littéralement rempli de blindés. Des chars, des VCI, des véhicules blindés de transport de troupes – et bon sang, même des trucs dont je n'avais jamais entendu parler – étaient disposés en rangs autour de la piste, prêts à être inspectés. De nombreux soldats américains s'affairent autour d'eux, certains les nettoyant, d'autres les ravitaillant et les réarmant, d'autres se contentant simplement de regarder. Une petite foule écoutait de la musique derrière un hangar de maintenance, et toute la scène ressemblait à une foire géante.

Même Espinoza mit en veilleuse ses sarcasmes, en contemplant ce brouhaha.

Bon alors”, ai-je remarqué, “on est censé faire quoi, par ici ?

J'ai eu ma réponse quelques secondes plus tard, lorsque notre voiture s'est arrêtée devant un couple improbable – un colonel (j'ai réprimé mon envie de saluer) et une jeune femme noire élancée que je connaissais déjà.

“Tu mets enfin tes mains dans le cambouis, Ferguson ?” dit aigrement Espinoza.

La jeune femme répondit par un sourire.

“Gail. Je suis contente de te revoir. Comme toujours !”

Elle fit un signe de tête au colonel, qui a juste secoué la tête et est parti. Son expression est devenue sérieuse.

“Comme je vous l'ai déjà dit, personne n'est très heureux de notre présence ici, alors tenez-vous bien, tous les deux.”

J'ai simplement hoché la tête. Je n'ai pas vu la réaction d'Espinoza, mais Ferguson semblait satisfaite.

“Comme vous pouvez le voir, M. Murdoch a tiré beaucoup de ficelles, de sorte que nous avons maintenant un accès limité, pour faire simple, au stock américain de pratiquement tous les véhicules que vous pouvez rencontrer partout dans le monde. Ils gardent leurs installations d'entraînement bien approvisionnées et nous pouvons maintenant en profiter."

“Quoi qu'il en soit,” conclut-elle, “promenez-vous, choisissez quelques véhicules qui vous intéressent et nous organiserons un prêt temporaire auprès de l'armée. Mais restez raisonnables. Même les coffres de Perihelion ne sont pas sans fond.”

Nous saluant tous les deux d'un signe de tête, elle rejoignit le colonel qui attendait à proximité, l'air toujours aussi peu amène et dans une posture qui trahissait son impatience. Il n'avait clairement pas envie d'être là, ai-je noté, mais il n'avait pas le choix. C'était quelque chose de peu banal – mettre un colonel américain dans une situation où il n'avait pas le choix a dû demander, contrairement aux affirmations de Ferguson sur les ressources limitées, une quantité énorme d'influence, d'argent, ou les deux.

Espinoza a haussé les épaules et a commencé à se frayer un chemin dans la foule des soldats curieux. Avec nos vêtements de soldats du dimanche, on ne se faisait pas trop remarquer, mais nous ne nous fondions pas exactement dans la masse non plus et, de temps à autre, un GI Joe nous jetait un regard mauvais. Ça ne semblait pas gêner Espinoza, qui sautait rapidement d'un véhicule à l'autre comme un enfant sans surveillance dans un magasin de bonbons. Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a remonté le moral de la voir aussi heureuse.

Pendant ce temps, Ferguson et le colonel se sont dirigés vers un camion peint aux couleurs de Perihelion. Sur l'ordre du colonel, plusieurs soldats ont commencé à transporter de grandes caisses de ce qui ressemblait à du matériel haut de gamme à l'extérieur, et à les déplacer vers ce que je pensais être une sorte d'entrée vers un entrepôt souterrain.

Une fois encore, j'ai secoué la tête. Encore de la politique, ai-je pensé. Murdoch faisait probablement passer des trucs venus du sud de la frontière, quelque chose qu'il ne voulait pas que je sache, et nous étions là comme garde-fou au cas où quelqu'un tenterait de faire quelque chose. Tu parles d'un garde-fou, à nous chamailler pour des histoires de peinture et de technologie, ai-je pensé. Avec un gloussement, j'ai suivi Espinoza dans le camp.

Récompenses :

  • Avatar de joueur Norah Ferguson
  • Jeton de boost Gloire du champ de bataille Platine
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr11

Entrée 11 – Transmission

Après une semaine de formation, nous avons effectué des exercices à obus réels. Commander un véhicule blindé n'est pas trop difficile, si quelqu'un prend la peine de scotcher des traductions en anglais sur tous les boutons, et si le reste de l'équipage sait ce qu'il fait. Une grande partie du travail est effectuée par l'ordinateur de bord et le reste s'apprend vite – après tout, ces machines sont conçues pour des conscrits.

Je m'y habituais lentement mais sûrement, et j'ai même réussi avec brio mes tests de tir d'infanterie. En fait, je faisais mieux que je pensais – je suppose que le besoin d'impressionner mes nouveaux coéquipiers m'a fait pousser des ailes. Par contre, nous n'avons reçu aucune nouvelle du QG pendant toute la semaine, et je commençais à être un peu nerveux. Ça ne semblait déranger personne d'autre que moi – tout le monde continuait à vaquer à ses occupations. Cela allait changer dès le lendemain.

Le ciel nocturne laissait place aux lueurs cramoisies du petit matin. À l'aube, j'étais encore allongé près d'un feu de camp, écoutant le doux crépitement des braises et les autres bruits d'un camp militaire qui se réveille lentement. La puanteur de l'essence brûlée qui imprègne l'endroit se mêle à la douce odeur du café fraîchement préparé que dégustent les soldats les plus matinaux. Un instant auparavant, tout était silencieux et quelques minutes après, tout ce que j'entendais, c'étaient des pas traînants.

D'où sortent tous ces zombies, me suis-je demandé, en observant l'agitation confuse. Peut-être qu'un virus nous a tous infectés, auquel cas il n'y avait plus aucune raison de se lever.

Hélas, pas de bol. Mes espoirs ayant été anéantis par quelques mots de salutation prononcés d'une manière amicale, mais définitivement non-zombie, je me suis lentement relevé pour me lancer dans une grande quête pour trouver quelque chose à manger et quelque chose sur quoi tirer.

Quelques heures et quelques chargeurs plus tard, j'ai reçu des nouvelles.

Je venais de finir de nettoyer mon arme lorsqu'Espinoza, visiblement énervée, m'a fait signe depuis l'autre côté de la cour. Quoi encore, me suis-je demandé, alors que je nettoyais le reste de l'huile sur mes mains et que je jetais le chiffon dans un tonneau vide placé à l'extérieur de la tente.

Je me suis dirigé vers la zone de commandement, située à l'extrémité du camp. Ce n'était pas une tente à proprement parler – plutôt une structure semi-permanente faite de toile, de plastique et de tôle, son toit arqué donnant l'impression d'un espace beaucoup plus grand. L'intérieur était exigu mais climatisé, contrairement à certains des quartiers d'habitation du camp. Cela expliquait pourquoi autant de personnes dormaient à la belle étoile, préférant le désagrément des piqûres d'insectes venus d'un ruisseau voisin à la chaleur étouffante d'une tente.

Jim Twocrows était déjà à l'intérieur, fixant intensément l'ordinateur portable de communication au centre d'un grand bureau métallique jonché de cartes, de dossiers et de tasses à café non lavées. C'était un endroit où peu osaient entrer, le royaume jalousement gardé de notre officier des communications, un gars de l'Iowa trapu appelé Marcus Abernathy.

Je le saluais depuis la porte : “Quoi de neuf, Mark ?”

Il m'a jeté un regard peu amène, comme il le faisait habituellement à l'égard de quiconque osait s'immiscer dans son domaine, tout en tripotant un autre appareil dont je ne pouvais même pas deviner la fonction. Sans me regarder, il a désigné une chaise à côté de la porte.

“Assieds-toi. Ne parle pas. Écoute.”

Contrairement à Mark, l'expression sur le visage de Jim était amusée, alors qu'il mettait un doigt sur sa bouche et me faisait signe de me taire. À côté de lui, Espinoza essayait d'avoir l'air patiente, alors qu'elle ne l'était clairement pas. Après quelques instants, l'écran s'est allumé et afficha l'image d'un bureau et une personne que j'ai de suite reconnue. Espinoza a ricané.

“Ferguson.”

“Heureuse de vous voir aussi, Gail”, a répondu froidement la jeune femme noire. “Et Jim.”

Le grand Amérindien a simplement hoché la tête en retour.

“J'ai des nouvelles pour vous...”

Vous avez pris tout votre temps”, a marmonné Espinoza.

Imperturbable, la femme sur l'écran a poursuivi.

“Monsieur Murdoch vous envoie ses salutations et se réjouit de vos progrès. Bientôt, vous serez prêt à devenir sa main – ou plutôt son poing de fer."

Espinoza a rétréci ses yeux en entendant cela, et Jim a changé de position, en croisant silencieusement les bras. Ferguson l'a visiblement remarqué.

“Êtes-vous satisfait des arrangements et de la technologie ?”

Eh bien”, ai-je commencé, mais Espinoza a été plus rapide pour communiquer sa propre évaluation de la situation.

“Le camp est merdique, les tanks sont merdiques, les armes sont merdiques... tout est merdique, Ferguson. Un crétin a décidé de peindre les tanks en noir, on a un pack de coyotes qui nous réveillent la nuit et le shérif du coin est un alcoolo. Ça vous va, comme rapport ?”

Ferguson a soupiré.

“Bien, merci pour ce rapport éloquent, Gail. Abordons chaque point individuellement. La couleur – on va repeindre ces tanks, d'accord ? Quand vous reviendrez. Simplement... écrivez vos préférences ou autre chose, on trouvera une solution. La technologie, c'est une autre histoire. Heureusement...”, dit-elle en souriant soudainement, “on a pris un peu d'avance sur vous. Demain, vous irez rendre visite à vos voisins de l'U.S Army. Un cadeau vous y attend, offert par Fort Irwin. Monsieur Murdoch a demandé quelques faveurs et je suis sûr que vous serez satisfaits.”

Elle est soudain devenue plus sérieuse.

“Certainement plus satisfaits que l'U.S Army, donc... nous ne voulons pas d'incidents, vous comprenez ?”

Espinoza a levé les yeux au ciel, a fait la moue et a soudain ressemblé davantage à une écolière irascible qu'à une mercenaire endurcie.

“D'accord, comme vous voulez.”

Je suis sérieuse, Gail”, a insisté Ferguson, se penchant en avant comme si elle essayait d'imposer cet ordre par sa seule volonté.

“C'est important, non pas seulement pour moi mais aussi pour lui. Vous comprenez ?”

“Oui.”

Ferguson s'est redressée, a secoué la tête et a coupé la connexion. C'était bizarre, ai-je pensé, en suivant Gail vers la lumière du soleil pour me préparer à une autre glorieuse journée d'entraînement.

Récompenses :

  • Peinture de base Noir Perihelion
  • Peinture de base Gris Perihelion
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr10

Entrée 10 – La vie au camp

Au cours de la semaine qui a suivi, j'ai appris beaucoup de choses. Espinoza était celle qui avait recruté toute l'équipe, piochant d'un peu partout des mercenaires pour Perihelion, organisant la structure et les besoins en équipement. La plupart des hommes et des femmes présents étaient des Américains, anciens militaires, idéalistes et, surtout, mécontents de la direction prise par leur patrie.

Je ne suis pas habituellement du genre à être optimiste, mais un sentiment d'espoir semblait flotter dans le camp – “enfin quelqu'un qui va faire quelque chose”, mais j'entendais aussi “ce type, aussi riche qu'il soit, il faut qu'il ait aussi du bon sens.”

J'ai également rencontré les commandants d'escouade, la plupart étaient des vétérans d'un conflit ou d'un autre. Le grand Amérindien était un Sioux de Louisiane du nom de James Twocrows, mais tout le monde l'appelait simplement Jim et cela ne semblait pas le déranger – son autorité semblait absolue. Je ne connaissais pas son histoire à l'époque, mais il inspirait définitivement confiance – le genre de leader que les soldats suivent jusqu'en enfer. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Espinoza commandait, plutôt que lui, mais tout le monde semblait à l'aise avec cet arrangement, eux deux y compris.

Ils avaient aussi beaucoup de choses en commun, comme une aversion commune envers les blindés choisis par Murdoch, dont ils supposaient qu'ils n'étaient pas SES choix, puisqu'il professait ne rien savoir sur les questions militaires. Ainsi, ils croyaient qu'un “abruti” (moi, par exemple) l'avait convaincu dans ses choix, et leur passe-temps favori du soir était de s'asseoir près d'un feu de camp avec les troupes et d'expliquer combien il était stupide d'utiliser des tanks russes en Amérique.

Bien sûr, les années de “vente flash” les ont rendus abordables et ce n'était pas le “matériel vraiment bon marché” dont les régions frontalières ont été inondées (bon sang, même la police près de la frontière sud fait tourner des vieux tanks ces jours-ci), mais tout le monde aurait préféré des machines américaines. Ils affirmaient tous les deux que quand on recrute des troupes dans les bons vieux États-Unis, on prend aussi du matériel américain. La période de formation aurait été nettement plus courte.

Et puis il y avait les deux tanks de soutien de la série BMPT, que personne ne voulait vraiment toucher. Étant un fan des Terminator, j'en ai immédiatement réclamé un pour moi (le meilleur, bien sûr), l'autre étant répertorié comme équipement de réserve. La raison pour laquelle tout le monde hésitait était l'absence de tactique globale développée autour de notre matériel. L'armée américaine n'utilisait pas du tout cette classe de véhicules et, par conséquent, ces mastodontes n'avaient pas leur place ici – finalement, nous avons décidé de les utiliser comme de simples tanks.

Les machines sont arrivées peintes en noir (ce n'était pas de ma faute !) et en gris foncé (ce n'est pas non plus ma faute !), mais chacune d'entre elles était déjà personnalisée à un certain degré lorsque je suis arrivée. Le “Nightsinger” d'Espinoza portait sa livrée personnelle, une véritable œuvre d'art, avec un ciel nocturne brillant sur une forêt sombre et un rossignol fantôme éclairant le chemin.

Les autres tanks étaient également le reflet de leurs équipages. Il y avait un équipage sudiste/irlandais dirigé par un type appelé O'Sullivan, ou quelque chose comme ça – son char Challenger (l'un des rares engins non russes du coin) était peint en noir et vert, avec quelques insignes de style irlandais. Un autre char portait des motifs des insulaires du Pacifique – et ainsi de suite. Personne ne semblait y faire attention.

Je n'avais pas d'équipage officiel, ni de poste officiel d'ailleurs. Tout le monde m'a simplement accepté comme “l'un des patrons” (parce que Espinoza et Twocrows l'avaient déclaré), mais nous n'avions pas de grades officiels, seulement des affectations. Chaque fois que mon Terminator était sollicité (je l'ai surnommé Black Mamba parce que les serpents venimeux sont cool, et non pas pour mes préférences féminines comme l'a suggéré Espinoza, entre autres remarques obscènes), des membres d'équipage différents m'étaient assignés. En fait, tous les équipages faisaient une rotation régulière, afin que chacun sache comment utiliser tous les véhicules. Cela a rendu la formation difficile, mais avoir plusieurs types de véhicules nécessitait cette approche. Que dire d'autre : les mercenaires font parfois les choses à la dure.

Récompenses :

  • Avatar de joueur Jimmy Twocrows
  • Écusson Plumes de corbeau
  • Jeton de boost Platine

scr9

Entrée 9 – De la main gauche

Mon attention fut attirée par une dispute qui se déroulait devant moi. Une femme plutôt petite se disputait bruyamment avec un homme gigantesque, même si la dispute semblait plutôt unilatérale – elle lui hurlait dessus, il écoutait calmement. Ses traits marqués, ses longs cheveux noirs et sa peau châtain évoquaient une origine amérindienne. Son comportement calme et ses bras croisés contrastaient fortement avec la fureur de la femme. Il semblait presque amusé par la situation, et je n'avais d'autre choix que d'admirer son sang-froid. J'étais vraiment content de ne pas avoir à subir le courroux de cette femme.

L'homme m'a vu et m'a vaguement fait signe. La femme s'est retournée, m'a regardé et m'a dévisagé pendant quelques secondes, puis elle s'est mise à marcher vers moi d'un pas nerveux et sec.

Elle était petite, vraiment petite. Un mètre soixante tout au plus, mais ce qui lui manquait en taille, elle le compensait largement en énergie et en colère – une bombe nucléaire sous forme humaine réduite, avec une marque sur son épaule. Que Dieu me vienne en aide.

Je méprisais absolument ce type de femmes – les garçons manqués, chez les mercenaires, ont toujours l'impression qu'elles devaient compenser quelque chose. C'est pourquoi la plupart d'entre elles étaient insupportables dans leurs tentatives de se mesurer aux hommes, en se comportant soit comme des harpies hurlantes, soit en exagérant leur masculinité. Quoi qu'il en soit, j'étais sûr que la dispute de tout à l'heure n'avait rien à voir avec moi, alors je lui ai simplement souri et lui ai tendu la main, en espérant un accueil chaleureux.

“Yo, tête de nœud !”

Ou pas. Son accueil m'a entièrement pris au dépourvu et m'a laissé pantois. Elle était plutôt mignonne – cheveux noirs courts, traits latins marqués, lèvres fines... pas mon type, mais je me suis quand même senti obligé de continuer à regarder dans ses yeux sombres et il m'a fallu un petit moment pour comprendre qu'elle ME hurlait dessus.

“....bousculer par un putain de gringo que Murdoch m'a envoyé dans les pattes. C'est MON putain de travail ! Et qui, putain, est assez stupide pour donner l'ordre de peindre en noir des véhicules stationnés au milieu d'un putain de désert ?! Tu as une idée de la chaleur qu'il fait à l'intérieur, espèce de crétin ?! Tu crois qu'ils ont l'air conditionné, abruti ?”

En fait, c'est exactement ce que je croyais. Il s'est avéré que ce n'était pas le cas. Hum. Mais bon, je n'avais donné aucun ordre, et je n'avais aucune idée que je serais en Arizona aujourd'hui, pour commencer. Entre-temps, un large cercle de personnes s'est formé autour de nous en quelques secondes. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, il y a une constance : les gens seront toujours attirés par le drama. Et cette femme avait assurément beaucoup de drama à partager.

Je devais apaiser la situation, en utilisant mon charme naturel. Et quoi de mieux qu'une réponse pleine d'humour pour calmer un petit démon ?

“On se calme, ma petite dame.”

Un nouvel exemple de mes fameuses fausses bonnes idées. Plusieurs choses se sont produites en même temps.

Elle a écarquillé les yeux. Toute la foule s'est arrêtée de respirer. L'Amérindien s'est couvert les yeux et le front de son énorme main, comme s'il ne voulait pas voir ce qui allait inévitablement suivre. Une douleur aiguë au menton, puis l'obscurité a submergé mon monde.

Peu de temps après, je me suis réveillé dans une tente médicale, en me sentant plus gêné que je ne l'avais jamais été de toute ma vie. Lors de mon premier jour de travail – lors des premières minutes, en fait – je me suis fait botter le cul par une fille, qui m'a proprement mis KO. D'accord, je ne m'y attendais pas, mais chaque fois que j'essayais de me trouver une excuse, les mots “fille” et “petite” n'étaient jamais très loin, bannissant toute pensée qui me ferait me sentir mieux.

Bon, d'accord, il y a une chose qui m'a fait me sentir mieux.

Elle était assise à califourchon sur une chaise juste à côté de mon brancard, le visage rouge de honte. Elle a remarqué que j'étais réveillé, s'est mordu la lèvre et avait l'air vraiment confuse, presque vulnérable. Je ne savais pas non plus quoi dire, alors nous sommes restés assis là quelques minutes, à nous regarder en silence. Comme la situation devenait de plus en plus inconfortable, je me suis senti obligé d'être le premier à briser le silence.

“Donc... euh.... sur ce qui s'est passé. Je... heu.”

Je n'ai pas pu dire quoi que ce soit d'autre, avant qu'elle ne mette une main sur son visage et me tende l'autre main pour me saluer.

“Gail Espinoza.”

Je me suis levé en grimaçant et l'ai secoué lentement, doucement.

“Sam Thorpe. Tout le plaisir est pour moi.”

Elle a soupiré et regardé autour d'elle. Ayant repéré deux verres et un pichet d'eau, elle s'est levée et m'en a apporté un. Elle descendit le sien en une longue gorgée.

C'est un sacré crochet du droit que tu as”, ai-je ajouté en prenant une gorgée.

“Du gauche.”

“Comment ?”

“Un crochet du gauche.” Je me suis servie de mon bras gauche. Je porte toujours quelque chose dans la main droite, comme ça personne ne s'attend à recevoir un coup de l'autre main. C'est un truc que j'ai appris...” dit-elle en marquant une courte pause, “il y a longtemps.

J'ai hoché la tête pour approuver.

“Un bon truc, bien utile.”

Elle s'est un peu détendue – un tout petit peu, clairement encore incertaine de la suite. Cela m'a fait comprendre qu'elle avait fait une grosse bêtise et que si je le voulais, il y aurait des conséquences. Il était temps pour moi de bien jouer mes cartes et d'être magnanime. Je n'avais pas envie de commencer à soulever des rancœurs dans le camp dès mon premier jour.

“Alors, euh... écoute. On oublie tout ça et tu me racontes ce qui t'a autant mis en rogne, d'accord ? Je ne veux pas causer de problèmes, je veux juste...” J'ai haussé les épaules, “je veux faire le travail pour lequel je suis payé et rien d'autre. T'en penses quoi ?”

Elle a hoché la tête lentement, prudemment.

“D'accord... Je peux tout t'expliquer. Tu as un peu de temps ?”

J'ai écarté les bras.

“Autant que je le veux. Par contre je voudrais bien quelque chose à grignoter, et un verre.”

Elle avait un joli sourire. J'aurais souri en retour, si je n'avais pas eu le menton engourdi. Laissant mes affaires près du lit (la tente était par ailleurs vide), je me suis levé et suis parti avec elle. La journée commençait enfin à s'améliorer.

Récompenses :

  • Avatar de joueur Gail Espinoza
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr8

Entrée 8 – Arizona

J'ai réalisé que les jets privés sont tout aussi confortables que rapides. Après un peu plus de deux heures de vol, j'ai été gentiment réveillé par une légère tape sur le bras. L'hôtesse m'apportait des rafraîchissements et me rappelait que nous allions bientôt arriver. Le pilote n'avait pas mégoté sur le carburant dépensé, me dis-je. Je n'avais aucune idée de la vitesse que pouvait atteindre cette machine élégante. L'avion descendait, mais au lieu de ce à quoi je m'attendais – voir la ligne d'horizon de Phoenix – tout ce que je voyais était un désert rougeâtre sans fin, parsemé des marques argentées et grises de campements.

Le temps que je finisse de manger, l'avion était entré dans son approche finale avec ce qui ressemblait à une base militaire, en dessous et devant nous. L'installation était énorme, avec plusieurs colonnes d'avions militaires parqués juste à côté de la piste principale, et des nuées de personnes dispersées tout autour. C'est alors que j'ai remarqué que nous n'étions pas seuls. Deux silhouettes gris foncé, à l'allure de prédateurs, nous suivaient, suivant chacun de nos déplacements.

J'ai fait beaucoup de choses intéressantes pour mon âge, mais me faire escorter par deux chasseurs de combat F-16 n'en faisait pas encore partie. Je n'étais pas sûr de savoir à qui ils appartenaient – Garde nationale de l'Arizona ? Armée de l'air américaine ? – mais ce n'était pas rassurant en tous les cas. L'hôtesse était parfaitement calme, et il gèlerait en enfer avant que je ne perde mon sang-froid devant une jeune femme (si j'avais su à quel point j'avais tort à ce sujet...), alors je suis resté assis et j'ai essayé d'avoir l'air de m'ennuyer un peu, comme si ce genre de chose m'arrivait tous les jours.

L'atterrissage fut aussi rapide qu'inattendu. L'hôtesse s'est assise, s'est attachée et m'a regardé pour s'assurer que je faisais de même. Le jet a parcouru les derniers mètres comme si le pilote essayait de les franchir aussi vite qu'il le pouvait. J'ai entendu quelques messages radio en sourdine depuis la cabine, puis nous nous tenions immobiles au milieu d'une base militaire, sous le chaud soleil de l'Arizona. Légèrement étourdi, je me suis relevé, j'ai récupéré mon sac du fauteuil à côté de moi et je suis sorti par la porte ouverte de l'avion pour arriver sur le tarmac brûlant.

La chaleur était presque insupportable, mais cela ne semblait pas gêner le soldat devant moi, qui ne transpirait presque pas. Moi, par contre, j'ai vite maudit ma veste en cuir, tout en palpant frénétiquement mes poches pour retrouver mes lunettes de soleil. N'ayant pu mettre la main dessus, je me suis retrouvé à cligner des yeux en regardant l'homme, tandis que le Learjet derrière moi fermait sa porte et commençait à faire tourner ses moteurs.

Le soldat m'a simplement fait signe d'avancer, sans dire un mot, et a commencé à se diriger vers un Humvee proche. Bien qu'il m'ait indiqué la porte arrière, j'ai décidé de prendre le siège passager dans le vain espoir d'en apprendre davantage, mais mon hôte taciturne n'a fait que conduire, s'arrêtant seulement au portail de la base et échangeant quelques mots rapides avec le gardien. J'avais la nette impression qu'il n'était pas heureux d'être relégué au poste de chauffeur de taxi, mais tout comme moi, il n'avait pas le choix.

J'avais la nette impression qu'il n'était pas heureux d'être relégué au rôle de chauffeur de taxi et que, comme moi, il n'avait pas le choix. Après un trajet d'une trentaine de minutes sur des routes secondaires, nous sommes arrivés à ce qui ressemblait à un énorme camp constitué de tentes, abritant des dizaines d'hommes et de femmes. Le bruit de notre moteur a fait réagir quelques personnes. Certains se sont retournés pour voir qui était le nouvel arrivant, mais la plupart ne nous ont même pas regardés. Nous nous sommes arrêtés près d'un terrain poussiéreux entouré de véhicules blindés de différents types, dont quelques tanks.

L'endroit grouillait d'activité, chacun s'affairant à toutes sortes de tâches. Ils portaient tous des treillis militaires indéfinissables avec un écusson Perihelion sur l'épaule droite, mais chaque tenue était fortement personnalisée. Foulards, casquettes de baseball, gants, baskets... il était clair que, quelle que soit la politique du commandant en matière de discipline dans cet endroit, elle n'incluait pas de règlement sur la conformité des uniformes.

Mon chauffeur, qui avait manifestement très envie de partir, n'a même pas pris la peine de me dire au revoir. Dès que je suis sorti de la voiture et que j'ai refermé la porte, il a fait tourner le moteur et a fait demi-tour, avant de repartir en trombe. Murdoch avait clairement des liens avec l'armée américaine, mais soit ils n'étaient pas très forts, soit le message avait été dilué.

Et me voilà au milieu de tout ça – un jour un loser se cachant dans un appartement décrépit, le lendemain au milieu de nulle part, attendant mon affectation, entouré de visages inconnus, sans aucune idée de ce que je devais faire ou à quoi m'attendre. Et c'était là le problème. Tout le monde avait l'air très professionnel. Il ne s'agissait pas de gamins recrutés à bon marché venus jouer aux soldats, qui savaient à peine comment tenir une arme. Vu la façon dont ils s'activaient, plus de la moitié des troupes du camp étaient certainement d'anciens militaires (pas nécessairement de l'armée américaine). Leurs véhicules, pour autant que je puisse le voir, étaient fraîchement peints, mais aussi personnalisés, dans une certaine mesure. Bon sang, j'ai même aperçu un Terminator noir, à l'arrière. Ces gars-là connaissaient leur boulot. Et comment diable allais-je m'intégrer là-dedans ?

Récompenses :

  • Écusson Drapeau de l'Arizona
  • Bannière Drapeau de l'Arizona
  • 5 caisses à butin Platine

scr7

Entrée 7 – Cauchemars

Le voyage s'est déroulé sans incident. J'ai suivi les instructions de Mlle Ferguson, puis je suis monté à bord d'un hélicoptère banalisé qui a effectué un court vol vers un petit aéroport privé situé à proximité, où stationnait une flotte de jets d'affaires noirs et gris portant l'insigne de Perihelion, pour emmener les VIP là où elles souhaitaient aller. Une hôtesse de l'air m'attendait déjà sur le lieu d'atterrissage de l'hélicoptère, avec un sourire aussi professionnel que vide. Un sac de voyage dans une main et une veste en cuir dans l'autre, je l'ai suivie jusqu'au Learjet le plus proche, réalisant lentement mais sûrement dans quoi je m'étais embarqué.

Il ne s'agissait pas d'une petite opération. Perihelion avait des fonds – et beaucoup de fonds, à en juger par son logo, omniprésent. On le voyait littéralement partout – sur le hangar à ma gauche, sur les jets. Bon sang, il était même gravé sur le verre à champagne et la bouteille qui m'a été servie dès que ma carcasse nerveuse s'est enfoncée dans le fauteuil. J'ai à peine eu le temps d'attacher ma ceinture qu'on me proposait déjà une boisson. Je ne comprenais pas bien pourquoi, tout cela ressemblait à un rêve. Mais si c'était vraiment un rêve, c'était le meilleur que j'ai jamais fait. Même le goût du champagne était tout simplement exquis – et pour être clair, je suis plutôt un amateur de bière, au cas où vous ne l'auriez pas déjà remarqué.

“Vous appréciez ce champagne ? Il est produit exclusivement pour M. Murdoch en France !"

Le sourire étincelant et blanc nacré de l'hôtesse était presque malaisant. Enfin, d'après moi. J'ai une confession à faire – je déteste le personnel navigant. Et les clowns. Les deux portent trop de maquillage.

“Mlle Ferguson m'a dit de prendre particulièrement soin de vous, monsieur. Quoi que vous désiriez, faites-le-moi savoir, d'accord ?”

Et sur ce, elle est repartie, me laissant réfléchir à ce qu'elle avait EXACTEMENT en tête. Je me suis installé pour un long vol et j'ai fermé les yeux.

Le cauchemar que je faisais est le même depuis quelques années maintenant et je le connaissais par cœur, chaque séquence étant comme une photo dans ma mémoire. Une journée à la plage. Mes parents qui sourient. Un dîner à l'endroit que je préférais dans mon enfance. Et puis l'obscurité, une terrible lueur et un soleil, un soleil sombre et méchant qui illumine la scène de sa terrible lueur. Une ombre qui avale tout. Elle a d'abord pris ma mère, puis mon père, tous deux si familiers et pourtant si distants. Je ne me souvenais pas de leurs visages, mais j'étais sûr que c'était eux depuis le début. Je le sentais dans mon cœur, et c'était l'une des rares certitudes qui me restaient dans la vie. Et puis tout a disparu alors que le monde des rêves me libérait de sa froide étreinte.

Récompenses :

  • Avatar de joueur Cauchemar
  • Titre de joueur Cauchemar
  • 5 000 000 de crédits
  • Jeton de boost pour le Battle Path

scr6

Entrée 6 – Opportunités

Une douche et un sommeil quelque peu agité plus tard, je me tenais devant un vaste immeuble de bureaux d'apparence discrète à l'adresse qui m'avait été donnée. Le panneau au-dessus de la porte était gravé du mot “Perihelion”, ainsi que d'un symbole représentant un grand hémisphère avec un cercle plus petit en orbite autour. Ferguson m'attendait déjà dans le hall, l'air impatient. Elle a commencé à s'avancer vers moi dès qu'elle me remarqua, en fronçant les sourcils tout le long.

“Monsieur Thorpe. Vous êtes... pas en retard, mais cependant pas en avance. Dans notre secteur, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.”

Ça commence bien.

“Mes excuses, madame.”

Elle s'est calmée un peu, tout en hochant la tête pour elle-même.

“Bien. Nous avons beaucoup de choses à faire dans les heures qui suivent.”

Je l'ai suivie alors qu'elle m'a conduit à son bureau, ignorant soigneusement les regards curieux que les employés de Perihelion me jetaient de temps en temps. L'intérieur du bâtiment était inhabituel – comme si c'était un centre de recherche et de développement plutôt qu'un immeuble administratif, avec des couloirs blancs stériles et des gens en costume se mêlant à des hommes et des femmes en blouse blanche qui ressemblaient vraiment à des scientifiques. Je n'ai vu personne ressemblant de près ou de loin à un soldat, et seuls quelques vigiles qui avaient l'air de s'ennuyer patrouillaient les lieux.

Nous prenons l'ascenseur pour aller au deuxième étage, là où se trouvait le bureau de Norah Ferguson. C'était une pièce massive au sol en marbre, remplie de meubles en bois exotique. Cela correspondait plus à ce à quoi je m'attendais, mais la taille de l'endroit et les coûts nécessaires pour l'aménager ainsi m'ont vraiment impressionné. Le bâtiment n'était pas haut et la vue n'était donc pas aussi impressionnante que l'aménagement de la pièce, mais je voyais le lac Michigan scintiller dans le soleil du matin. J'ai même pu voir plusieurs voiliers passer – un spectacle merveilleux et relaxant, accompagné par le doux murmure d'une petite chute d'eau qui décorait l'un des murs recouverts de pierres.

La jeune femme s'est dirigée vers son grand bureau encombré et a commencé à fouiller dans des papiers. N'ayant rien à faire pour l'instant, j'ai continué à examiner la pièce. Quelque chose a attiré mon attention – une série de symboles étranges gravés sur certaines des pierres du mur, qui semblaient plus vieilles que les autres. En fait, elles avaient l'air vraiment anciennes et j'avais la nette impression qu'elles faisaient autrefois partie d'un musée. J'ai décidé de tenter ma chance.

“Aztèque ?”

“Comment ?” Elle a répondu distraitement sans même lever les yeux de son travail.

“ Les symboles sur le mur.”

“Non”, dit-elle d'un ton railleur, “Pas vraiment”.

Et c'est à peu près l'intégralité de la conversation que j'ai eue avec elle pendant toute la matinée. Après quelques minutes, nous nous sommes rendus vers une salle de conférence adjacente, où nous avons parcouru ce qui semblait être une montagne de documents. À mi-chemin, je me demandais déjà combien d'hectares de forêt avaient été coupés rien que pour imprimer ce contrat. Le pire, c'est que je n'en comprenais pas la majeure partie, et que je n'avais pas les moyens de me payer un avocat qui passerait le reste de l'année à analyser chaque paragraphe. En conclusion, c'est toujours pareil avec les corporations – si elles veulent vous entuber, elles vont le faire, car le diable se cache entre les plus petites lettres. Ferguson m'a fourni quelques brèves explications et j'ai fait semblant de les comprendre, mais à la fin, elle aurait pu simplement me dire “signez là” – et je l'aurais fait.

Lorsque nous avons enfin terminé, il était déjà midi passé. À un moment donné, une autre jeune femme a apporté une pile de sandwichs et du café, que j'ai dévoré avec avidité tout en essayant de lire. Ferguson n'a presque rien touché et j'ai admiré sa retenue, car j'étais affamé. Alors que je posais enfin le stylo sur la table et que je me frottais les yeux, elle rassemblait déjà les papiers en plusieurs piles bien ordonnées et me faisait signe de la suivre.

En fermant la salle de réunion derrière elle, elle s'est tournée vers moi en soupirant.

“Désolée si nous avons pris un mauvais départ. Je suis heureuse de vous avoir à bord, tout comme Monsieur Murdoch. Nous n'avons pas l'habitude de travailler avec des étrangers et Monsieur Murdoch est...”

Elle semblait réfléchir pour choisir ses mots avec soin.

“.... très protecteur avec sa mission. Vous le découvrirez bien assez tôt. Il y a un hélicoptère sur le toit qui va vous emmener à l'aéroport. Là, vous prendrez le jet de la compagnie pour l'Arizona et vous rencontrerez les troupes à notre base. Elles vous attendent. Je sais que c'est beaucoup à absorber d'un coup mais... on n'a pas beaucoup de temps.”

Son sourire fugace et épuisé était quelque peu navré, mais c'était certainement la plus jolie chose que j'ai vue depuis ce matin. Sur cette note positive, je lui ai serré la main, j'ai fait mes adieux et je me suis dirigé à nouveau vers l'ascenseur – et vers le début de mon aventure.

Récompenses :

  • Écusson Emblème de Perihelion (clair)
  • Écusson Emblème de Perihelion (sombre)
  • Bannière Drapeau de Perihelion

scr5

Entrée 5 – Bellevue Blues

La chaleur de cet après-midi de fin d'été m'a frappé alors que je sortais du magasin où s'est déroulé ce qui s'est avéré être un long entretien. J'ai fermé les yeux et me suis imprégné de la chaleur, des odeurs et des sons, me fondant dans une expérience familière. C'était mon quotidien maintenant, malgré la relation d'amour et de haine que j'entretenais avec lui.

Toute la journée, ainsi que les heures à venir m'ont soudainement pesé, comme si le fusil dans mes mains (que le propriétaire de la boutique m'a demandé de reprendre) avait une masse dix fois supérieure à sa taille. J'ai poussé un gros soupir. Il était temps d'aller travailler.

Tout d'abord, le costard. Je regardais le paquet noir indéfinissable placé dans le coffre de ma voiture. Je n'avais aucune idée de la façon dont il était arrivé là – la serrure était intacte. Pourtant, il se trouvait indéniablement devant moi, se moquant à la fois de mes talents de déduction et des mesures de sécurité de la voiture. L'ouverture de la housse en plastique a dévoilé un tissu de haute qualité, définitivement hors de mes moyens. J'ai dû résister à l'envie de faire courir mes doigts dessus, en me rappelant que cela pourrait tacher le costume, vu mon état de transpiration et de fatigue. J'aurais assez de temps pour faire ça plus tard, une fois que j'aurais pris une douche.

Et une douche, c'était ce dont j'avais cruellement besoin. J'ai rapidement consulté mon portable – bien, j'allais arriver à l'heure. Hôtel Bellevue... me voici.

Quelques heures plus tard, je me suis retrouvé devant un édifice massif d'acier et de verre abritant un restaurant haut de gamme et un hôtel encore plus haut de gamme, et je ne me sentais pas du tout à ma place. En fait, c'était tout le contraire d'un endroit où je me sentirais à l'aise – le genre d'endroit où un vigile appelle les flics pour vous arrêter à la première occasion.

Le parking devant l'hôtel était petit – pas besoin d'un grand parking quand on a un valet et des garages souterrains. Il n'y avait qu'un couple de personnes âgées et bien habillées qui remettait les clés de leur BMW à un voiturier, qui regardait déjà ma Chevelle avec suspicion.

Malgré un somme rapide un peu plus tôt et une longue douche suivie d'une tentative encore plus longue de me rendre présentable, je me sentais incroyablement nerveux et inadéquat, mais pas sur le plan vestimentaire. Il s'est avéré que le costume retrouvé dans mon coffre était impeccable et taillé sur mesure, sans aucune marque. Où avaient-ils obtenu mes mensurations, je n'en avais (encore une fois) aucune idée, mais cela m'allait comme un gant. Toute cette expérience m'a paru étrangement surréaliste, comme si j'étais poussé vers un but par une force extérieure à ma perception et que tous les choix que j'avais faits dans le passé m'ont conduit jusqu'ici.

J'ai rapidement regardé mon reflet dans la paroi de verre, j'ai hoché la tête et j'ai jeté les clés au voiturier, qui les a attrapées avec un sourire en coin. À ce moment-là, j'ai réalisé que j'avais vu le vieux couple lui donner un billet de cinq, mais l'idée de tâtonner maladroitement pour trouver mon portefeuille dans les profondeurs soyeuses du costume m'a dissuadé d'essayer de faire la même chose. J'ai juste fait signe au gars et j'ai presque couru à l'intérieur. Quelques secondes plus tard, je me suis rendu compte que faire le radin avec un gars qui allait conduire ma voiture n'était peut-être pas une super idée, mais c'était déjà trop tard. Pas d'autre solution que d'avancer. Vérifiant une fois de plus mon apparence dans le reflet, j'ai hoché la tête et me suis préparé. C'était le moment dans ma vie où j'allais enfin faire carrière.

J'ai traversé le hall à ma gauche, vers l'entrée du restaurant. L'hôtesse derrière la petite table m'observait déjà, son expression totalement vide, hormis un sourire poli mais peu sincère. Je lui ai fait un signe de tête, m'approchant de la table avec une confiance feinte.

“Bonsoir. J'ai rendez-vous avec...”

Elle hocha la tête.

“Avec qui, Monsieur ?”

Et là, je réalise que je ne savais pas qui je venais voir, et que j'allais avoir l'air très, très bête. Mon cerveau s'est figé un instant, imaginant toutes les terribles conséquences potentielles de cette situation humiliante, mais avant que je puisse arriver au moment où je m'enfuis en criant, l'hôtesse a souri, cette fois-ci avec sincérité.

“Ah, toutes mes excuses. Vous devez être M. Thorpe, n'est-ce pas ?”

J'ai réussi à hocher la tête, le visage rouge d'embarras.

“Par ici, s’il vous plaît, Monsieur !”

Elle m'a fait signe de la suivre et m'a conduit à travers plusieurs rangées de tables pour la plupart occupées. J'ai remarqué que peu de personnes présentes ont levé les yeux à mon passage – la confidentialité faisait clairement partie des valeurs de cet endroit.

Nous nous sommes dirigés vers le fond de la salle et le vieux sentiment de malaise est remonté à la surface. La salle était bien éclairée, mais j'ai eu l'impression qu'une sorte d'obscurité entourait une zone particulière où un certain nombre de tables étaient laissées vacantes, afin d'offrir aux occupants de la seule table restante une discrétion supplémentaire. Personne ne pouvait entendre les conversations qui en provenaient, mais, plus important encore, cette séparation à elle seule augurait du pouvoir et de la richesse qu'exerçaient les deux personnes qui y étaient assises. Même dans le monde des riches, c'était un symbole fort, et sa signification était claire.

L'hôtesse m'a montré la table et est rapidement partie, me laissant devant les deux personnes présentes. L'une était un homme d'une soixantaine d'années aux traits marqués, aux yeux bleus perçants et aux cheveux gris coupé court. Un nez aquilin dominait son visage, et son expression était ferme et stricte. Mais c'est son regard qui le rendait exceptionnel – le genre de regard qui vous transperce de part en part, à travers votre âme, l'exposant et la jugeant. Les lèvres de l'homme se sont retroussées en un léger sourire et il s'est levé, m'accueillant d'une poignée de main ferme.

“Monsieur Thorpe, je présume. C'est un plaisir de vous rencontrer. David Murdoch.”

La jeune femme assise à côté de lui s'est levée, affichant un sourire bien plus agréable que celui de son patron. C'était une femme à la peau foncée, aux longs cheveux tressés, entre la vingtaine et la trentaine, et j'ai hésité une fraction de seconde, décontenancé par sa beauté stupéfiante. Elle l'a remarqué, bien sûr – son regard était aussi perçant que celui de son patron. Même si j'étais la seule personne dans la pièce ayant une réelle expérience du combat (du moins c'est ce que je pensais à l'époque), pour une raison quelconque, je me sentais comme un agneau face à deux loups qui me regardaient d'un air affamé. Mais le sentiment est passé et je me suis rappelé comment me comporter comme un gentleman, en serrant sa main douce avec précaution.

“Norah Ferguson, à votre service.”

J'ai hoché la tête, en souriant à mon tour.

“Vous devez être cette Miss Norah qui a, heu, impressionné Hector...,” je me suis arrêté juste avant de rapporter ses propos en me rappelant, une fois de plus, de faire attention à mes manières.

Vous voulez plutôt dire que je l'ai terrorisé, je pense”, répliqua-t-elle.

“Oui”, j'ai acquiescé. “Oui, c'est ce que je voulais dire”.

Nous nous sommes tous assis et un serveur est apparu de nulle part, me tendant un menu.

“Ne soyez pas timide”, a souri Murdoch. "C'est, comme on dit, offert par la maison. Posséder cet endroit a quelques avantages.”

Le menu était presque entièrement en français et deux des personnes les plus influentes de cet endroit – ou peut-être de cette ville – me regardaient, manifestement curieuses de voir comment j'allais me sortir de cette situation embarrassante. Bon. Pas grave. Autant rester naturel.

“Je vais prendre un steak. À point, s'il vous plaît. Avec des frites en accompagnement. Et une bière. Je voudrais une...”

J'ai réfléchi pendant une seconde. Quitte à faire redneck, autant y aller à fond, non ?

“Miller.”

Le serveur n'a pas bougé d'un poil alors qu'il notait ma commande. Murdoch et Ferguson semblaient satisfaits de ce qu'ils voyaient – et s'ils ne l'étaient pas, je ne pouvais pas le savoir, de toute façon. Murdoch en particulier semblait complètement détendu, allongé dans son fauteuil et sirotant un verre de vin rouge, qui a occupé son attention pendant un bref instant alors qu'il en savourait le goût. Ferguson, en revanche, semblait tendue. Sa tenue ordinaire indiquait clairement qu'elle était l'une de ses subordonnées, mais une subordonnée haut placée.

Vous seriez surpris de voir à quel point les vêtements sont révélateurs. Vos préférences, vos opinions, même vos désirs – tout est dans le tissu. Vous pouvez donner le change sur votre position jusqu'à un certain point, vous acheter un costume sur mesure comme elle en portait (comme je portais, plus exactement), mais cela ne vous mènera pas plus loin. Il y a bien taillé, et sur mesure.

Le costume de Murdoch était de ce genre. Un costume que tout l'argent du monde ne suffit pas à acheter. Pour en avoir un, vous avez besoin d'être Riche avec un R majuscule, et vous devez en plus être influent. Très influent. Certaines choses ne sont tout simplement pas accessibles aux mortels comme moi. J'ai serré les mains l'une contre l'autre.

“Bon alors... Monsieur Murdoch. Je suppose que vous ne m'avez pas invité que pour dîner...”

Le repas d'abord”, m'a-t-il interrompu en levant le doigt à moitié en plaisantant, “les affaires ensuite”. C'est mal élevé de parler boutique avec un invité affamé.”

Avec mon estomac qui grondait presque, j'ai hoché la tête solennellement. Après quelques tentatives ratées de bavardage avec la dame (oui, il fait beau et oui, un peu de pluie serait agréable), nous avons passé le reste du repas en silence. Après cela, nous avons mangé – le steak était plutôt bon, mais qu'est-ce que c'est que du wah-giou ? Et je ne pouvais même pas deviner ce que les deux autres mangeaient – je pense avoir vu un tentacule quelque part, difficile à dire, car je ne suis pas un pro de la nourriture ethnique.

Une heure plus tard, alors que la table était débarrassée et que nous savourions une sorte de thé (après avoir descendu la bière en quelques gorgées, une tasse de thé m'a paru étonnamment rafraîchissante), Murdoch a enfin pris la parole.

“Au sujet de l'affaire en cours alors...”

Mains jointes, doigts touchant les lèvres, courte pause. Très dramatique.

“Avant toute chose. Savez-vous qui je suis ?”

J'ai hoché la tête. En vérité, je ne le savais pas jusqu'à environ deux heures avant la réunion, mais j'avais accès à Internet et une simple recherche de son nom m'a donné tout ce que je devais savoir. David Murdoch, l'un des investisseurs légendaires de notre époque, un véritable prodige. Sa capacité à choisir des projets qui connaîtront un grand succès lui a permis d'amasser des quantités incroyables de ressources, qu'il ne cessait de réinvestir. C'était l'un des hommes les plus puissants de Chicago, qui côtoyait la crème de l'élite.

Et pourtant, peu de gens savaient quoi que ce soit sur lui. Même l'omnisciente Wikipédia n'avait qu'une vieille photo qui revenait sans cesse lorsque les infos mentionnaient une autre de ses acquisitions. Je ne trouvais rien qui puisse me donner un avantage, mais, plus important encore, pour un homme aussi puissant, rencontrer un mercenaire en personne et en public – ce n'était pas rare, c'était inouï et, surtout, cela n'avait aucun sens. Je soupçonnais une sorte de blague – et pourtant, l'homme en face de moi était clairement la personne de la photo, pas d'erreur. Cela a, bien sûr, soulevé un million de questions. Pour l'instant, cependant, je devais me contenter de le laisser parler et attendre mon tour.

Il a acquiescé, d'un air distrait. “Parfait. Cela facilite grandement les choses. Je n'étais pas sûr que le vieil Ezra... bref.”

Il a incliné la tête très légèrement.

“Il y a quelque chose qui ne va pas dans le monde. Vous le savez, n'est-ce pas ?”

Une question rhétorique, j'ai supposé.

“Les choses s'effondrent, des choses qui n'auraient jamais dû s'effondrer. Notre civilisation est l'exemple même de la stabilité. Nous avons tué tous les dragons, enterré tous les monstres. Et cependant...”

Encore cet air distrait, ou l'ombre d'un tel regard – je ne saurais dire, tant c'était bref. Il s'est ressaisi instantanément, ce qui m'a fait me demander si tout ceci n'était pas un numéro bien répété. J'ai décidé que ce n'était pas le cas – je n'étais pas assez important pour qu'il tente de me tromper.

“J'ai décidé de placer mes investissements afin de les rendre... disons, actifs. Je suis en train de rassembler une force de troupes expérimentées et loyales avec quelques équipements lourds. Merci pour votre précédente recommandation, d'ailleurs, j'ai déjà chargé la charmante Miss Norah ici présente de passer quelques appels. Le fait est que... J'aimerais que vous la dirigiez. Vous avez de l'expérience et, plus important encore, vous avez réussi les tests et surpassé tous les autres candidats."

Il a de nouveau souri.

“Vous avez du talent, Samuel. Hum... je peux vous appeler Samuel ?”

J'ai à nouveau hoché la tête. Bien sûr que la personne la plus puissante de la pièce peut m'appeler Samuel. Il aurait pu m'appeler Lucy s'il en avait eu envie, car tout cela ne signifiait qu'une chose et une seule. De gros chèques.

“Parfait. Appelez-moi David, alors. Comme je disais, félicitations pour avoir réussi les tests. Ezra vous a choisi et il ne se trompe jamais, jamais, sur les gens. C'est pour ça qu'il a vécu aussi longtemps.”

Je n'étais pas sûr que ce soit une blague. Je soupçonnais fortement que ce n'était pas le cas, mais j'ai tout de même gloussé poliment.

À ce moment-là, la jeune femme a pris le relais. Pour une raison quelconque, elle était encore incroyablement tendue. Elle avait l'air de lire des notes, baissant constamment les yeux, alors qu'il n'y avait rien sur la table – ni nulle part ailleurs. C'est peut-être sa façon de gérer le stress, ai-je pensé, mais le seul contact visuel qu'elle m'a accordé fut quelques coups d'œil rapides.

“Vous allez rejoindre nos forces de sécurité. Un peloton de blindés et une compagnie de soldats. Encadré par des officiers de commandement expérimentés et compétents, veuillez vous en rappeler. Vous devrez gagner leur respect comme ils devront gagner le vôtre. C'est pour cela que...”

Mais bon sang...

“Excusez-moi, Mlle Ferguson”, ai-je lâché.

Elle m'a lancé un regard très agacé – elle détestait visiblement être interrompue. Cependant, je devais dire quelque chose.

“Si vous avez déjà vos propres officiers expérimentés, désolé de vous le demander, mais pourquoi avez-vous besoin de moi ?”

Ignorant ma question, elle a continué.

“C'est pour cela que...”

“Nous avons besoin du point de vue d'un étranger, Samuel,” intervint Murdoch.

“Parfois, une personne qui a le sens de la rue comme vous peut voir les choses différemment. Je suis désolé, Norah. Continuez, s'il vous plaît”, lui dit-il avec un signe de tête, avec en plus un bref regard d'avertissement. Mon sentiment de malaise est revenu au galop. Elle a pincé les lèvres, ajusté son costume et continué, sans nous regarder.

“C'est pourquoi vous suivrez une formation avec eux, dans nos installations en Arizona. Vous apprendrez sur eux, ils apprendront sur vous... quelques semaines, c'est tout. Veuillez vous présenter à notre QG local demain matin à 8 heures pour une visite et des formalités administratives. Passez une bonne soirée, Monsieur Thorpe.”

Ils ne m'ont même pas demandé si j'étais d'accord, tant ils en étaient certains. Oui, je l'étais, mais la journée entière m'a paru si étrange, si surréaliste que j'ai commencé à avoir des doutes. Et si c'était une sorte de piège sophistiqué ? Les gens comme moi, on n'a pas cette chance. On n'a pas du tout de chance.

“Ah oui, j'allais oublier, Samuel... vu que vous pourriez avoir besoin de certaines... choses avant de vous engager dans notre cause, j'ai autorisé un paiement anticipé en gage de notre gratitude.”

J'ai sorti mon téléphone portable et vérifié mon compte bancaire (peu importe où ils avaient obtenu l'info...)

Jésus-Christ... c'est ça qu'ils appellent une avance ? Les doutes que j'avais ont été écartés à la vue de plusieurs chiffres joliment alignés, demandant d'être admirés. Ma tête était devenue si légère que j'ai failli ne pas entendre Murdoch ajouter : “ce sera tout”. Bonne nuit, Samuel.”

Ce qui signifiait que je pouvais prendre congé. Je me suis levé de ma chaise, j'ai remercié pour le dîner et j'ai fait mes adieux. Alors que je m'éloignais de la table, j'ai senti leurs yeux dans mon dos, mais lorsque je me suis retourné, j'ai vu qu'ils étaient tous deux en pleine conversation.

Dans le hall d'entrée, je me suis arrêté pour respirer un peu et sortir un billet de cinq de ma poche. Je transpirais et ce n'était pas dû à la chaleur inhabituelle de l'été. Je devais partir et rassembler mes pensées.

“Vous savez, on avait parié sur le temps qu'il faudrait avant que vous vous fassiez virer par les flics.”

Le voiturier était dehors, appuyé contre le mur et fumant une cigarette. Comme il n'y avait personne d'autre alentour, cette phrase m'était clairement destinée.

“Et j'ai perdu. Bien joué, mon frère.”

Je lui ai passé le billet de banque, après quoi il a pris une dernière bouffée et a expiré la fumée par les narines tout en jetant le reste. Pendant le court laps de temps qu'il lui a fallu pour ramener la voiture, j'ai décidé de suivre son exemple et je me suis appuyé contre le mur, fixant le ciel du soir. Une étoile rouge brillait brillamment là où je supposais que le sud devait être. Un présage, peut-être ? Le temps me le dira.

Récompenses :

  • Avatar de joueur David Murdoch
  • Titre de joueur Mercenaire novice
  • Jeton de boost pour le Battle Path

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Entrée 4 – Essais et erreurs

Quelques heures plus tard, je me suis retrouvé devant un magasin d'armes d'apparence discrète près de la banlieue. Dans un mauvais quartier, même selon les critères de la Windy City. Cet endroit miteux semblait fermé, avec des bâtiments abandonnés tout autour. Quelques types louches m'ont observé de loin, mais la Chevelle déglinguée que j'avais achetée à mon retour, mon air déterminé et, surtout, l'AR-15 que j'avais dans les mains les ont tenus à l'écart, du moins je le pensais.

Je suis entré dans le magasin par une porte d'entrée en bois branlante, une sonnette à l'ancienne annonçant mon arrivée à son propriétaire, un vieil homme qui lit ostensiblement un vieux journal derrière le comptoir. Il a à peine levé les yeux. L'endroit était empilé de fusils de chasse de basse qualité, certainement pas des armes que je m'attendais à voir dans ce coin. Pas vraiment l'endroit idéal pour la chasse, sauf si le gibier marche sur deux jambes.

“Nous sommes fermés.”

Je m'y attendais, d'après ce qu'Hector m'avait dit. J'ai répété la phrase qu'on m'a dite au téléphone, mot pour mot, en espérant m'en souvenir correctement. L'écrire m'a paru gênant sur le moment, mais maintenant je regrette de ne pas l'avoir fait.

Même les étés sont froids à Chicago, laissez-moi me réchauffer un peu dans votre humble demeure.”

Alors que je me tenais debout, en sueur, je me suis senti vraiment stupide de dire ça. Qui aurait pu deviner que se déplacer dans une voiture de soixante ans sans climatisation, dans une cité où la lumière du soleil amplifiée par les panneaux de verre des gratte-ciel fait fondre le macadam des rues, était une mauvaise idée ? Et qu'est-ce que c'est qu'une demeure, qui emploie des mots pareils ?

Le vieil homme a finalement levé les yeux et les sourcils. Il m'a fait penser à un gentil grand-père, avec son pull vieux comme le monde, ses lunettes à monture argentée d'autrefois et ses cheveux grisonnants... Je n'aurais pas pu me tromper davantage. Ses yeux trahissaient sa vraie nature, bleus et froids comme l'acier.

“Ah oui. Maître Thorpe, c'est bien ça ?”

J'ai hoché la tête.

“C'est ça.”

Il s'est levé lentement de ce qui s'est avéré être un fauteuil à bascule en bois. Un vrai cliché. Le revolver massif caché derrière le journal a fait un bruit sourd, bien qu'il l'ait posé délicatement sur le comptoir en bois. Ce truc doit peser lourd, ai-je pensé. Un seul tir et t'es mort, même avec un gilet pare-balles. Et le vieux n'avait pas l'air d'être le type de personne qui rate son tir. J'ai avalé ma salive de toutes mes forces. Il perçut clairement ma nervosité et a esquissé un sourire froid.

“Ezra Rosenstein, à votre service. Veuillez me suivre, Monsieur.”

Je n'arrivais pas à remettre son accent. Britannique, peut-être ? Canadien ? J'avais bourlingué, mais je n'avais jamais rencontré un homme pareil. Peu l'ont fait et peu ont survécu pour en parler, me dis-je. L'homme avait l'air d'un tueur à la retraite, probablement un ancien des forces spéciales, peut-être même de la CIA. Je ne brûlais pas de savoir combien de morts il avait vus, et combien de personnes il avait tuées.

Il a ouvert une porte à l'arrière du magasin, mais au lieu d'une salle de stockage poussiéreuse, il y avait un ensemble d'escaliers en béton descendant dans les entrailles du bâtiment. En passant la porte, j'ai remarqué qu'elle était en acier, d'une épaisseur d'au moins un pouce. Blindée, je parie. Ce type n'était pas un plaisantin, et j'ai réalisé en un instant comment il faisait pour être en sécurité dans ce quartier. Personne n'était assez stupide pour essayer de le voler.

Alors que je cogitais à des plans de fuite si les choses tournaient mal, nous sommes arrivés en bas et sommes entrés dans une salle assez grande remplie de tables, de cartes et, surtout, d'armes. Pas du tout le même genre que ce qui était à l'étage – des trucs de pointe. Fusils d'assaut, fusils à pompe de combat, tout ce que tu peux imaginer. La Browning M2 dans le coin avait particulièrement funeste : propre, bien huilée, chargée et prête à fonctionner. L'homme a désigné silencieusement une chaise vide et s'est assis sur une autre, face à moi.

“Bien. Miss Norah m'a demandé de vous évaluer. Je ne fais plus ça normalement, mais...”

Encore ce sourire à geler votre âme, comme un serpent qui se prépare à avaler sa victime tout entière.

“..elle est plutôt charmante et persuasive, n'est-ce pas,” conclut-il, comme s'il se parlait à lui-même quand il fouille dans une pile de papiers posée sur la table à gauche.

“Ah oui, vous voilà. Samuel Thorpe, né en 1997 à New York, c'est ça ?”

Il m'a jeté un regard rapide par-dessus ses lunettes. J'ai juste hoché la tête. Il a lu son fichier, en marmonnant pour lui-même pendant le processus.

“Orphelin à 10 ans, oui... violence des gangs, vraiment tragique. Hum, triste époque... a grandi dans plusieurs foyers d'accueil... tendance à s'enfuir... engagé dans l'armée, mais n'a jamais eu le sentiment d'y appartenir... d'ailleurs un trait commun aux hommes de ta profession... suis devenu soldat après Pollard...”

Confus, je l'ai interrompu.

“Pollard ?”

Il a froncé les sourcils, et pris un ton plein de reproches. Soudain, je me suis senti redevenir un enfant, un enfant qui n'a pas fait ses devoirs.

“Pollard contre New York, Maître Thorpe. Le jugement majeur de la Cour suprême qui a annulé toutes les restrictions du Deuxième amendement, permettant aux citoyens privés comme vous d'utiliser toutes les armes auparavant réservées à l'armée des États-Unis. Sauf les armes nucléaires, bien sûr”, ajouta-t-il en souriant à nouveau très légèrement.

J'ai continué à hocher la tête pendant qu'il parlait, ne voulant pas paraître encore plus bête que je ne l'étais déjà.

“C'est vrai, c'est vrai...”

“Bon”, dut-il avant de poursuivre. “Maintenant, où en étions-nous... ah oui, votre carrière d'opérateur privé. Quelques missions, mais rien de très majeur. Quelques succès, mais des résultats moyens seulement. Hum..." marmonna-t-il, “pas du type habituel cependant.”

Je ne savais pas trop ce qu'il voulait dire, ni comment il en savait autant sur moi, mais j'ai pensé qu'il n'était pas judicieux de lui demander des précisions. Il termina d'examiner le document, lui donnant un dernier coup d'œil rapide avant de le remettre sur le dessus de la pile.

“On va commencer.”

Pendant les heures suivantes, il a disséqué chaque activité à laquelle j'ai participé dans d'atroces détails, de mes premières tâches banales de vigile à la mission de Dubaï. Il m'a longuement interrogé sur mes connaissances en matière de tactique et d'armes à feu, mes talents linguistiques et mes aptitudes à résoudre des problèmes, jusqu'à ce que nous arrivions enfin à un sujet sur lequel je n'étais pas vraiment un expert. Les blindés.

“Comme vous le savez maintenant, Maître Thorpe, le jugement Pollard permet aux citoyens des États-Unis d'Amérique d'utiliser librement des véhicules blindés, même ceux utilisant ce qui était auparavant connu légalement comme des “engins destructeurs”. Cela inclut, mais ne se limite pas, les tanks, les véhicules de combat d'infanterie, ou même de l'artillerie. Si vous réussissez à obtenir ce poste...”

Je n'ai vraiment pas aimé l'accent qu'il a mis sur le mot “Si”, mais j'étais trop épuisé pour argumenter à ce stade.

"...on vous demandera d'ajouter des véhicules blindés à l'arsenal de votre employeur quand vous terminerez toutes les missions qui vous seront attribuées.” Maintenant, une dernière chose, si vous voulez bien...”

J'ai levé les yeux au ciel discrètement, mais apparemment pas assez discrètement, car l'acte n'a pas échappé à mon hôte aussi gracieux qu'irritant, qui a réagi en fronçant les sourcils.

“Maître Thorpe, vous ne vous rendez pas compte de l'ampleur, voire de la nature même des choses qui vous seront demandées. Vous comprenez certainement que nous n'avons pas besoin de quelqu'un pour montrer à notre personnel de quel côté le canon doit pointer. Les tâches que vous aurez à accomplir...”

Il s'est soudainement arrêté, fermant les yeux comme pour réorganiser ses idées, en frottant ses doigts contre son front. J'ai eu le sentiment qu'il était sur le point de révéler quelque chose qu'il n'aurait pas dû dire, quelque chose d'important. Derrière le vernis de calme se cachait un niveau d'anxiété auquel je ne m'attendais pas. Mais les minuscules fissures de sa façade ont disparu aussi vite qu'elles sont apparues. Toujours aussi posé, il a poursuivi :

“Il faut bien plus que brandir une arme pour être un homme. Un homme, Maître Thorpe, un homme authentique, doit être capable de tout, et connaître un peu tout.”

C'était une belle esquive, ai-je pensé, en me concentrant à nouveau sur la tâche avec une vigueur renouvelée. Il y a définitivement bien plus dans ce contrat que ce que je pensais. Le masque a glissé une fois, il glissera à nouveau. Je pourrais peut-être utiliser cela pour augmenter mon futur salaire. On verra. Mais une chose était certaine. Cet entretien était presque terminé.

Mais avant même que je puisse dire un autre mot, mon énigmatique hôte a prouvé une fois de plus qu'il n'avait pas un, mais cinq coups d'avance sur moi. Il s'est soudainement levé de sa chaise, mettant ses bras derrière son dos. Il avait l'air d'un majordome des temps anciens, mais un majordome qui préférerait vous tuer avec une petite cuillère plutôt que de vous apporter un dessert.

“Très bien. Ceci met fin à notre entretien. Je vais envoyer mes recommandations à Maître Murdoch aujourd'hui. Pour l'instant, dans le coffre de votre...” – il marque une pause juste assez longue pour que je remarque sa désapprobation quant au type de véhicule que je conduis, “... voiture, vous trouverez une tenue appropriée pour votre entretien. Aujourd'hui, 7 heures pile, Hôtel Bellevue. Ne soyez pas en retard.”

Il tendit son bras droit, s'attendant à une poignée de main. J'avais un million de questions. Murdoch ? Miss Norah ? Pour quelle entreprise travaillerais-je ? Pour quel genre de travail exactement ?

L'entretien était cependant clairement terminé, et il était encore plus clair que je n'obtiendrais aucune réponse de cet homme. Du moins pas pour l'instant. Un peu étourdi, je me suis levé de ma chaise, j'ai serré la main de l'homme et je me suis lentement dirigé vers les escaliers menant au magasin. J'aurais mes réponses, d'une manière ou d'une autre. Quelques heures à attendre ne me tueront pas.

Récompenses :

  • 5 parties de schéma Object 787 “Gadyuka”
  • 3 jetons de boost Platine

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Entrée 3 – Chicago

  • Il y a environ un mois, été 2028

Chicago n'était pas ma première destination de choix. Ni la seconde. Ni la troisième. Mais les billets d'avion étaient bon marché et le loyer, eh bien... disons que si vous êtes prêt à vivre dans le même quartier que des personnages hauts en couleur, vous pouvez y survivre pour des cacahuètes. Et si vous savez vous débrouiller dans un désert alimentaire (les cacahuètes susnommées pourraient être bien prises au pied de la lettre). J'ai atterri à Chicago avec toutes mes possessions dans un sac de sport et une mince liasse de billets dans ma poche. Mon sauveur s'appelait Hector, c'était un autre gamin de foyer d'accueil de l'époque. Je ne me suis pas fait beaucoup d'amis quand j'étais enfant, mais vous savez ce qu'on dit – il y a une exception à chaque règle. Heureusement, Hector m'a reconnu et m'a accueilli comme un frère perdu de vue dans son petit groupe.

Faire partie du monde d'Hector, c'était comme être à Chicago. Ce n'était pas mon premier choix. Mais il m'a aidé à mettre de la nourriture sur ma table et un endroit où rester. Sans autres perspectives, j'étais reconnaissant de ce que j'avais. Jusqu'à ce jour où tout a changé.

Le souvenir est encore vif dans mon esprit, comme si cela s'était passé il y a une heure.

Ce matin-là a commencé comme tous les autres. Il était encore tôt, mais la chaleur s'insinuait déjà, reflétée par tout le béton entourant l'appartement dans lequel je vivais. Dans quelques heures, cela deviendrait insupportable. L'été à Chicago est tout sauf agréable.

L'ensemble du bâtiment avait connu des jours meilleurs. Cela dit, dans les “jours meilleurs”, il aurait probablement déjà été condamné. Au moins, il n'y avait pas d'insectes dans la douche et pas de moisissure dans le frigo. Mes rêveries oisives ont été interrompues par le son de la sonnerie de mon téléphone. Un coup d'œil à l'écran du portable a plombé davantage mon humeur. Hector me poussait dernièrement à m'impliquer dans ses affaires, ce que je n'avais pas envie de faire. Et puis, je me suis rappelé que les mendiants ne peuvent pas faire les difficiles, et que deux mois à faire profil bas avaient ébranlé bien plus que ma fierté.

“Salut, Hector.”

Oui, c'était ma meilleure performance pour paraître peu concerné. Il savait ce qu'il en était, je savais ce qu'il en était, mais c'est comme ça que ce jeu se joue. Jouer au connard grincheux ne m'apporterait rien de bon.

“Hola, amigo ! Que pasa !”

Encore ces conneries mexicaines. Hector était un Américain de troisième génération, né et élevé à Chicago, membre autoproclamé de la “mafía” locale, petit roi d'une petite colline qui se bat contre d'autres charognards pour des miettes. Il n'en avait même pas l'air, mais son besoin désespéré de se connecter à quelque chose – l'héritage lointain de sa famille, ses racines, n'importe quoi – le pousse à agir ainsi. Triste, vraiment. Mais il avait ses dix gros doigts plongés dans beaucoup de pots de confiture et j'avais besoin d'un contrat, donc j'étais prêt à lui faire plaisir.

“Pas grand-chose. Tu as quelque chose pour moi ?”

Gloussement à l'autre bout de la ligne.

“Toujours nada ?”

“Non, mec”, j'ai dit en soupirant. “Dubaï a vraiment tout chamboulé pour moi.”

Et maintenant, il va me faire la leçon.

“Ayyyy, j'ai entendu parler de ça. Un couple de cabrones a vraiment déconné, sí ? C'est mauvais pour les affaires, ça. Mais pas toi, mon ami. Tu es resté droit comme une flèche. T'es parti. Je respecte cette attitude.”

Alors c'était comme ça. Cela signifie qu'il avait vraiment besoin de quelque chose de ma part, sinon il m'aurait tiré les oreilles, mais il savait que j'avais mes limites. Maintenant, cela commençait à devenir intéressant. Soit il avait besoin de quelqu'un d'au moins vaguement respectable – et j'avais l'air très respectable dans un smoking – soit il avait besoin d'un mec pour porter le chapeau pour lui. Cela ne semblait pas être la seconde option. Il avait des personnes moins chères et plus faciles à convaincre. J'ai décidé d'aller droit au but.

“Ouais, tu sais comment c'est. Tu détournes les yeux une seconde et quelqu'un te baise. Mais, pour être honnête...” J'ai fait une pause, “J'emmerde ces gars, vraiment. Alors, que peut faire pour toi un mercenaire malchanceux ?”

Il est devenu sérieux. Tellement sérieux, en fait, qu'il a même perdu cet accent qu'il aimait tant.

“Alors, écoute. Il y a une corpo blindée de fric qui cherche un mercenaire. Un mercenaire qui pourra dégrossir ses effectifs. Rien de majeur. L'équivalent d'une compagnie d'infanterie, quelques blindés. En fait,” dit-il en faisant une pause, “ça serait le premier job. Choisir les bons outils pour les forces dont tu prendras ensuite le commandement. Chars, lieutenants, tu connais la musique. Fais-les patauger dans la boue, tirer sur quelques bandits dans les plaines du Texas, un petit entraînement de survie en Alaska...”

En effet, je connaissais bien la musique. Quelque chose comme ça se produit toujours lorsqu'une corporation est prête à s'étendre, discrètement. Quelqu'un s'attendait à mettre la main sur beaucoup de richesse ou de pouvoir très rapidement et ne pouvait pas passer par les canaux officiels. De tels emplois ont toujours été très rares dans le meilleur des cas, car ils étaient assortis de beaucoup de conditions et d'attentes. Les corporations ne font généralement pas confiance à un mercenaire à la petite semaine avec leurs activités secrètes, même s'il a de l'expérience comme moi.

“....et ensuite ils te donneront un appartement convenable, tu te marieras avec une jolie fille qui a une carrière de bureaucrate, tu auras des enfants... tu sais, tout ce que les gens comme nous n'ont pas. Alors t'en penses quoi, partenaire ?”

Et maintenant, il passe à l'accent texan. Mon Dieu, tue-moi maintenant. Juste quand je pensais que nous allions avoir une conversation normale, pour une fois. Cependant, le sentiment de malaise ne s'est pas atténué. Bien au contraire. Je ne savais pas trop quoi penser, alors j'ai décidé de gagner du temps.

“Je sais pas, Hector. Je veux dire... pourquoi moi, tu as tes propres gens.”

Rire à l'autre bout. Ça avait l'air un peu forcé. Un tout petit peu, mais l'indice était là.

“Tu veux que j'envoie mes bandidos danser le tango avec une corpo ? De toute façon, ils ne sauraient pas comment se comporter et ils détestent mettre un costume. Ils ne sont pas..."

Une autre pause.

“Civilisés. Pas comme toi et moi.”

Je me suis allongé sur le lit, mon bras gauche derrière ma tête. J'ai fermé les yeux, pris un moment pour rassembler mes pensées et réalisé que je manquais quelque chose de vraiment évident.

“Comment peux-tu être au courant de tout ça ? Et ne me dis pas que c'est la rumeur de la rue, Hector. Je veux dire, sans vouloir te vexer, tu n'obtiens généralement pas l'opportunité de travailler pour une corpo honnête. Je veux dire du vrai travail, sans devoir vraiment, mais VRAIMENT, salir nos mains. Et je ne suis pas ce genre de gars, tu le sais.”

Plusieurs secondes de silence, suivies d'un soupir mal dissimulé.

“D'accord, très bien. Quelqu'un est venu me voir. Une chica vraiment très classe. Déjà, elle savait où me trouver, alors ça m'a fait réfléchir, tu sais ? Ensuite, elle connaissait toutes sortes de mierda qu'elle n'était pas censée connaître. Le genre de chose que j'ai pas pu ignorer. Alors, euh, on a passé un accord. Elle s'intéressait à toi, en particulier. Elle savait même où tu vivais. C'est pas bizarre, ça ?”

J'ai froncé des sourcils.

“C'était il y a combien de temps ?”

“Quelques heures.”

Ok, enfin une bonne nouvelle. Si c'était un traquenard, je serais déjà mort. Ce n'était pas une revanche de mes copains d'avant.

“Pourquoi tu n'as pas commencé par me dire ça ?”

"Je ne voulais pas te faire peur. Mais rien ne t'échappe, pas vrai ? Elle a laissé des instructions, si tu veux. Quoi qu'il en soit, elle semblait crédible, alors soit tu t'es fait des amis puissants dont tu ne m'as pas parlé en cours de route, soit... Je sais pas. Alors, qu'est-ce que tu en dis ?”

J'ai soupiré et fermé les yeux. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, n'est-ce pas ?

"Oui, je t'écoute.”

Et c'est comme ça que toute cette putain d'histoire a commencé.

Récompenses :

  • Skin Légion pour le char de combat principal de rang 5 M60A3
  • Écusson Sceau de Chicago
  • Bannière Drapeau de Chicago

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Entrée 2 – Si tu vas à Dubaï...

Ah, Dubaï – le joyau brillant de la péninsule arabique, la cité des mille lumières et contes... l'endroit où ma vie a pris un tournant qui m'a conduit là où je suis aujourd'hui. Que puis-je écrire sur Dubaï...

Dubaï, c'est joli. Un peu comme une nana qui se cherche un mari fortuné. On l'admire de loin, et on est même ébahi quand on en franchit les portes pour la première fois. Tout semble scintiller, tout ce luxe, juste pour vous – à condition que vous puissiez vous le permettre. Ce n'est que quand elle vous tient fermement que vous commencez à remarquer la laideur qui se cache sous sa surface. Ses gratte-ciel de marbre et de chrome remplis de serviteurs trop terrifiés pour ne serait-ce que vous regarder quand vous passez. Le sentiment de désespoir et la misère des bidonvilles extérieurs entourant le noyau rayonnant de la métropole. Les os de ceux qui sont morts et oubliés depuis longtemps, enterrés profondément dans les fondations de ce prétendu paradis. Tous ont des histoires à raconter, bien sûr – de tyrannie, d'oppression et de meurtre.

Au début, Maddox s'est montré à la hauteur. Nous avons pris l'avion en première classe, comme il sied à ceux qui sont en route vers le succès. En chemin, nous avons même fait de notre mieux pour apprendre les coutumes locales. La société comporte de nombreuses strates rigides – de la royauté aux cheiks, conseillers et hommes d'affaires plus ou moins puissants, jusqu'à la classe des esclaves à peine traités comme des êtres humains.

En tant que mercenaire, vous n'avez pas l'occasion de parler, ni même de voir, les personnes au-dessus d'un certain niveau, mais ce n'est pas grave – la “classe moyenne” a son propre lot de problèmes et de choses à régler.

Par exemple, prenez un homme d'affaires âgé, sa femme tout aussi puissante qui vient lui rendre visite et une jeune maîtresse qu'elle n'est absolument pas censée rencontrer. Le truc avec les maîtresses, c'est qu'elles font toujours les choses avec certaines attentes. Parfois, c'est pour l'argent. Parfois, il s'agit de statut social – et parfois, les pauvres filles veulent réellement se marier et être heureuses. Celles-ci finissent généralement par être les pires.

Le nôtre était un cas de ce genre. La mission semblait simple. Entrer pour quelques jours, convaincre la fille de partir avec nous, repartir. Elle y gagne un petit appartement aux États-Unis, ni plus ni moins. Une offre généreuse à tous égards. Mais que faire si elle n'est tout simplement pas intéressée ? Et si elle était enceinte d'un enfant qu'elle considère comme l'héritier légitime de l'empire de son amant, puisque sa femme froide et calculatrice abandonnerait tout semblant de vie de famille pour faire carrière ? Et si on lui donne une nuit pour faire ses bagages, mais qu'au lieu d'être prête à partir, vous tombez sur elle, son frère et toute une bande de types qui n'ont aucune idée de ce dans quoi ils s'embarquent ?

On dit que le désert sous Dubaï est imbibé de sang, qu'il en désire comme une forme bizarre de paiement en échange de tout ce pétrole qu'il abandonne. Sa soif serait étanchée cette nuit-là – du moins, c'est ce que je soupçonnais. Lorsque la fusillade a commencé, j'étais parti depuis longtemps. Je suis beaucoup de choses, mais je ne suis pas un meurtrier. Ma récompense ? Une chambre d'hôtel à payer, un billet de retour bon marché et mon numéro de téléphone bloqué par à peu près toutes les personnes que j'avais appris à respecter au cours de ma vie d'adulte. Plus personne ne voulait travailler avec moi et la seule vraie question qui me venait à l'esprit était... à quel point j'étais doué pour creuser ou garnir des étagères ?

Récompenses :

  • Camouflage des Émirats arabes unis
  • Écusson Blason de Dubaï
  • Bannière Drapeau de Dubaï
  • Jeton de boost pour le Battle Path

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Entrée 1 – Mon journal de bord

- En route vers Chicago, été 2028

L'humanité a dépassé ses dieux, puis les a abandonnés derrière elle. Elle ne les a pas tués, remarquez – de telles notions sont des fantasmes insensés issus de l'orgueil démesuré qui nous est si commun. Tuer un dieu, c'est tuer une idée, un concept entier de l'existence – et, à ma connaissance, personne n'a encore jamais fait ça. Non, ils sont toujours là, se déplaçant dans le flux et le reflux du temps à leur rythme tranquille, presque glacial, et un jour ils comprendront. Ou peut-être qu'ils ont déjà compris et qu'ils se tapissent dans l'ombre même aujourd'hui, quand le monde se déplace lentement vers le bord de la ruine. Non, ce n'est pas ça. Pas tapis dans l'ombre – ils nous encouragent dans notre course à l'autodestruction. Leur territoire commence là où notre prospérité se termine, c'est certain. Vous avez sûrement déjà entendu le vieil adage :

"Il n'y a pas d'athées dans les tranchées."

J'ai été dans pas mal de tranchées célèbres, et j'ai vu des choses ces derniers jours qui m'ont profondément secoué. J'ai donc commencé à écrire ce journal, en faisant des sauvegardes et des copies chaque fois que je le peux, à un endroit où personne ne pourra les trouver à moins que je le veuille – pas même Ferguson, malgré tous ses talents. Internet est une chose merveilleuse – avec sa redondance infinie des données à portée de main. C'est du moins ce qu'on dit.

On dit aussi que dans le monde des uns et des zéros, rien n'est jamais vraiment perdu, quand bien même vous souhaitez ardemment le contraire. Pour être honnête, je n'en sais rien, mais ce que je sais, c'est que si cela est vrai, tout sera analysé jusqu'au dernier zéro. En y réfléchissant, les probabilités sont vraiment contre nous. Si ce journal me survit, qu'il serve d'avertissement sur ce qui se passe quand l'homme fait face à des forces incompréhensibles.

Je pense que je devrais commencer par me présenter, pour que vous sachiez à qui vous avez affaire. Samuel Thorpe, ancien de l'U.S. Army et plus récemment de Perihelion. C'est vraiment étrange d'écrire sur moi de cette façon, cela me semble... bizarre d'une certaine manière, alors je vais m'en tenir aux données brutes. Né le 12 décembre 1997 à New York, juste à l'ombre des tours jumelles du WTC – du moins c'est ce qu'on m'a dit. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mes parents, sauf un cauchemar de temps à autre, mais je pense que, comme beaucoup de New-Yorkais, j'ai eu une enfance heureuse dans la Grosse Pomme – jusqu'à ce qu'elle soit interrompue par une émeute qui a entraîné la mort de mes parents.

Des morts insensées à tous points de vue – j'ai vu les vidéos. Des foules manifestant à propos d'une injustice perçue ou un autre motif. Quelqu'un dégaine une arme à feu. Des coups de feu. Des hurlements Le chaos. Les gens se précipitent pour se mettre à l'abri. Plusieurs cadavres. Et... c'est tout.

Je me souviens très peu de ce qui a suivi. Des souvenirs fragmentés, tout en noir, des visages sinistres que je n'avais jamais vus avant (et que je ne verrais plus jamais après) présentant leurs condoléances, suivis de foyers d'accueil froids et laids – un nouveau foyer à chaque fois qu'ils en avaient assez de mes tentatives d'évasion. J'avais cette... impression que si je m'évadais, si je rentrais à New York, mes parents m'attendraient. Juste derrière cette colline... ou la suivante. Ou celle d'après. Qu'est-ce que j'en savais – je n'étais qu'un gamin. Tout ce que ça a fait, c'est m'éloigner de plus en plus.

Mon enfance a filé à toute allure et, avant même de m'en rendre compte, j'étais devenu ce que tout parent qui se respecte redoute le plus : un adolescent à cran. Avec le recul, les conneries que j'ai faites avec ma “bande” me paraissent bien maladroites, et picoler quand j'étais mineur était le dernier de mes problèmes. Je ne prenais pas de came, par contre. J'ai vu bien trop de ruelles sombres jonchées de déchets humains pour ça. Inutile de dire que les institutions se sont senties plutôt heureuses de me foutre dehors le jour de mon dix-huitième anniversaire. T'es devenu un homme, mon petit Sammy, démerde-toi tout seul. T'es seul face à tes emmerdes, maintenant. J'étais donc lâché dans la nature, sans aucun talent à proprement parler, à l'exception d'un seul : celui de survivre. Le choix était évident. Je me suis engagé le jour même, pour un contrat de six ans. Je voulais taper sur des méchants et tirer sur des trucs. C'est la faute aux films d'action.

Être dans l'armée, c'est génial si vous avez le bon comportement. Au cas où vous n'auriez pas encore compris – je n'avais pas vraiment ce type de comportement – suivre les ordres n'était pas mon point fort. Mais j'ai pu me rendre dans plein d'endroits, rencontrer plein de personnes, me faire quelques ennemis et même quelques amis, si vous voulez bien me croire. Mais il y avait un gars dans le peloton avec qui j'étais particulièrement proche. Maddox. Nous avons quitté l'armée ensemble, unis dans le crime et copains comme cochons C'était le bon temps.

Rétrospectivement, j'aurais peut-être dû rester dans l'armée, mais Maddox pensait que ce serait mieux si nous passions privés. Les mercenaires commençaient à avoir la côte et c'est mieux que d'être videur dans un bar sordide. Nous rêvions de gagner plein d'argent et, surtout, de le dépenser. J'ai recruté quelques anciens militaires – on était à peine une petite bande. Mais il s'est avéré que pratiquement tous les ex-militaires de ce côté-ci de l'Atlantique ont eu la même idée au même moment et le marché est devenu... disons, saturé.

Mais une fois de plus, Maddox nous a sauvés – son père était plein aux as et avait beaucoup de connexions. Rien de très important, évidemment, mais assez pour commencer Au cours des années suivantes, nous avons lentement commencé à nous faire un nom en tant que groupe d'instructeurs chevronnés capables, contre un bon prix, à montrer à aux flics de centres commerciaux et aux d'agents de sécurité comment utiliser correctement un fusil.

Ce n'était pas vraiment un job de rêve, mais ça nous a permis de nous en sortir. Jusqu'à Dubaï.

Récompenses :

  • Avatar de joueur Samuel Thorpe
  • 250 Or

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