L'histoire des États-Unis d'Amérique est courte par rapport aux pays de l'Ancien Monde, mais elle a été, jusqu'à ces dernières années, une histoire de réussites majeures. Deux guerres mondiales ont conduit à une ère de conflit prolongé mais finalement victorieux face à l'Union soviétique, menant à l'effondrement de cette dernière en 1997.
Le premier conflit majeur de son histoire d'après-guerre s'est terminé par une victoire importante et la réunification réussie de la Corée, jetant les bases du miracle économique coréen (et japonais) des années 1960 et 1970. D'autres succès politiques ont suivi dans les années 1960, comme la prévention de la guerre du Vietnam en 1964 par le président Joseph F. Kennedy. Kennedy, ayant survécu à deux tentatives d'assassinat, est devenu l'un des présidents américains les plus influents, mais aussi les plus clivants, du 20e siècle et les efforts de réconciliation avec le Viêt Nam lui ont été largement attribués. Cependant, ses liens avec la mafia et un quasi-impeachment ultérieur ont terni l'héritage de la lignée Kennedy, qui ne retrouvera jamais l'importance qu'elle avait eue à la suite d'un procès entré dans l'histoire.
Les années 1960 ont été marquées par l'émergence d'un mouvement de contre-culture. Sans impulsion historique majeure, il n'avait pas grand-chose à offrir et s'est lentement tari, jusqu'à la résurrection de sa doctrine au début du 21e siècle.
Les années 1970-1980 ont été l'ère de la véritable prospérité économique. Sans conflit majeur dans le monde et avec des contrats de libre-échange plus nombreux que jamais, l'histoire américaine continuait à aller dans la bonne direction, ou du moins c'est ce qu'il semblait à l'époque. Une crise majeure du carburant a été évitée au milieu des années 1970 grâce à l'influence combinée des Britanniques et des Américains ainsi qu'à la stabilité apportée par les dirigeants, soutenus par l'Occident, des nations du Moyen-Orient qui ont obtenu leur indépendance des Britanniques après la Seconde Guerre mondiale. Malgré les tentatives soviétiques d'érosion, les liens entre les Arabes et les Britanniques sont restés assez forts.
Il est difficile de résumer en quelques articles la seconde vague de contre-culture qui submergea l'Amérique des années 1980. Malgré les tentatives de conserver les valeurs américaines traditionnelles au sein de la population, l'agitation continue générée par les mouvements pour la liberté civile, combinée à l'immigration massive encouragée par la base industrielle américaine toujours affamée de main-d'œuvre moins chère, a commencé à changer à jamais le visage des États-Unis. C'est ainsi qu'a commencé le grand déclin, même s'il ne se fera vraiment sentir que des décennies plus tard.
Les années 90 ont vu, outre le maintien de la paix (y compris dans un Moyen-Orient de plus en plus tumultueux), l'essor économique de la Chine. Le Dragon rouge, comme on l'a surnommé, s'est lentement mais sûrement élevé au rang de plus grand rival de l'Amérique, dépassant même la Russie au tournant du siècle et s'appropriant une grande partie de la production mondiale de biens.
Ce que gagnait la Chine était une perte pour quelqu'un d'autre, et ce quelqu'un était la population des États-Unis. L'afflux d'immigrants prêts à travailler pour des salaires plus bas, combiné à un vaste exode industriel vers l'étranger, a appauvri la classe moyenne et créé des centaines de villes fantômes dans toute l'Amérique. Ces localités sont mortes lors de la fermeture de la principale industrie de leur comté, tout en rendant les corporations toujours plus riches et plus puissantes. Les problèmes de sécurité ont atteint un tel niveau qu'une décision historique a été prise par la Cour suprême des États-Unis, autorisant les civils à posséder et utiliser des armes auparavant soumises à de fortes restrictions. Cette initiative s'est retournée contre elle presque immédiatement, l'enfer étant pavé de bonnes intentions. En 2025, des armées privées aux ordres des corporations (équipées de matériel lourd) devinrent une réalité, en vertu des mêmes dispositions qui étaient censées protéger les citoyens ordinaires.
Entre-temps, à partir du début des années 2020, des troubles sociaux majeurs causés par ces problèmes ont touché toutes les grandes zones urbaines des États-Unis. Les gouverneurs locaux ont été forcés d'augmenter les interventions de la Garde nationale et de faire appel à une police fortement militarisée. Cela mena à une décentralisation du pouvoir, car beaucoup d'hommes et d'équipements furent transférés de l'armée américaine, autrefois puissante, vers les États. Comme effet secondaire, les troupes nécessaires au maintien de la paix n'étaient plus disponibles dans les zones rurales, qui avaient une mentalité largement indépendantiste. Dans les États du sud comme l'Arizona, cela mena à une hausse de l'activité des gangs autour de la frontière, et les escarmouches massives entre gangs sud-américains devinrent de simples faits divers.
En 2028, la baisse générale du niveau de vie se poursuit. Les riches qui veulent vivre en paix doivent souvent s'en remettre aux services de sociétés de sécurité privées – autrement dit, de mercenaires. C'est un âge d'or pour les soldats de fortune, courtisés par les grandes entreprises comme par les petites nations cherchant à faire respecter leurs intérêts. Les capitaines de compagnies de mercenaires deviennent des célébrités, à l'instar des condottieri d'antan. Curieusement, il n'y a pas eu de conflit armé majeur opposant des corporations, du moins un conflit que les parties prenantes ne pourraient nier de manière crédible. À ce jour...