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Entrée 13 - L'émissaire (partie 2)

Peter Clayburn, si l'on pouvait croire en la photo officielle d'Andrew Clayburn, n'avait rien en commun avec son oncle. Âgé d'environ 25 ans, il était grand mais ses cheveux quasiment noirs, la forme de ses yeux marron foncé et sa peau hâlée indiquaient des origines australes.

Son visage n'était pas, bien sûr, la seule chose qui le différenciait de son oncle : si Andrew Clayburn était réputé pour sa froide intelligence, son neveu avait plutôt tendance à prendre des décisions à l'emporte-pièce, et Seagrove se demandait comment il avait pu se retrouver à un poste de commandement. Si un seul de ses subordonnés s'était comporté ainsi, il n'aurait même pas envisagé le promouvoir.

"Blackwood," dit enfin Peter Clayburn.

"À vos ordres."

Le connaissant mieux que la plupart des gens, Seagrove reconnut une pointe de sarcasme dans la réponse, mais Blackwood garda un visage neutre.

"Je vais être bref, Blackwood. Vous m'avez planté. Quand j'ai entendu dire que mon oncle Andrew vous recommandait personnellement, je m'attendais à plus de votre part. Mon rapport sur vos performances ne sera pas flatteur."

Mais quel connard prétentieux, pensa Seagrove, mais le visage de Blackwood restait parfaitement neutre. Il ressentit soudain la tension de Grey derrière lui.

Clayburn poursuivit : "J'ai une dernière mission à vous confier. Nous allons quitter ce trou à rats, mais nous allons leur laisser un cadeau de départ qu'ils n'oublieront pas de sitôt. Nous avons reçu des renseignements affirmant que des familles de terroristes haut placés de la milice Haïdouk se terrent dans la ville de Samobor, à 20 kilomètres à l'ouest d'ici."

Il marqua une pause pour consulter sa tablette. Après un bref instant, il hocha la tête.

"Allez-y. Prenez les Seahawks et rasez cet endroit. Pas de quartier. Ils doivent comprendre qu'il ne faut pas jouer avec nous."

Ensuite, il prit de nouveau sa tablette et commença à parcourir du regard les rangées de données tactiques. Après quelques secondes, il leva les yeux de son travail.

"Vous pouvez disposer."

Personne ne bougea.

Seagrove entra en état de choc. Il se retourna et vit Grey le regarder avec la même horreur et incrédulité qu'il ressentait. Il se demanderait souvent, par la suite, si les mots qu'il allait entendre avaient été les plus courageux, ou les plus terrifiants, qu'il n'eût jamais entendus.

"Non."

C'était maintenant autour de Clayburn de regarder Blackwood avec incrédulité.

"Non ?"

"Je ne suivrai pas cet ordre."

Clayburn continua de regarder Blackwood avec incrédulité, avant de rugir. Sa réaction fut si violente que, malgré la gravité de la situation, Seagrove ne pouvait s'empêcher de se demander si l'homme devant lui était vraiment sain d'esprit.

"C'est moi qui commande, ici ! Vous allez faire comme je vous le demande, Blackwood ! Un simple appel à mon oncle, et vous êtes mort. Toute votre famille va mourir. Je vais considérer votre unité comme étant des traîtres, et nous allons vous pourchasser comme des chiens. Vous n'avez pas combattu assez durement, et vous avez préféré vos hommes à mes ordres, parce que vous croyez tout savoir. Maintenant, ça suffit. Plus de compromis."

À cet instant, Peter Clayburn était en train de hurler. Lorsque Blackwood répondit, ce n'était pas avec un rugissement de lion mais plutôt avec le sifflement d'un serpent, tout aussi discret et mortel.

"Écoute-moi, gamin, et écoute bien. Je façonnais des empires alors que tu n'étais même pas encore né. Tu parles de ton oncle, mais tu ne l'as même pas rencontré une seule fois dans ta vie. Moi oui, c'est un homme formidable qui n'a rien à voir avec toi. Maintenant, tu retires cet ordre, tu acceptes gracieusement la défaite et peut-être que tu pourras retomber sur tes pieds après cet incroyable foutoir.

Blackwood marqua une pause pour reprendre son calme, avant de continuer.

"Peter, si nous faisons cela, nous atteindrons le point de non-retour. Nous ne pourrons jamais nous établir dans cette région. Laisse-moi contacter ton oncle, que nous trouvions ensemble une solution."

À cet instant, Seagrove réalisa que Blackwood avait fait une énorme erreur. Il regarda le visage de Clayburn virer au pourpre.

"Tu oses penser que tu connais mieux mon oncle qu'un membre de sa propre famille ?!"

Même Blackwood semblait stupéfait par la rage habitant la voix de Clayburn.

"Non, je..."

"Je te donne une heure, Blackwood. Une heure pour partir et exécuter mes ordres. Si tu ne le fais pas, ne te donne pas la peine de revenir ici. Je te retrouverai moi-même."

Une autre onde de choc traversa Seagrove. Cela ne peut pas être vrai. Comme dans un rêve, Seagrove et Grey suivirent Blackwood hors de la tente, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment loin pour que personne ne puisse les entendre.

"Très bien," dit Blackwood, soudainement souriant. "Nos paquetages sont déjà faits. J'ai entendu dire qu'Istanbul était agréable, à cette époque de l'année."

Une fois de plus, Seagrove le regarda avec incrédulité. Grey se mit soudain à crier :

  • Tu savais que tout cela allait se passer ? - Comment ça ? - Ce que nous venons de voir ? - L'outrage ? - Tu jouais la comédie ? Je ne comprends pas...

Blackwood turned serious again.

"Je le savais, parce que Clayburn avait donné le même ordre à une autre unité hier soir, et eux aussi ont déserté. Nous allons les retrouver en chemin. Nous ne sommes pas des meurtriers, Kathryn. Enfin, la plupart d'entre nous", dit-il en souriant tristement.

"Nous allons donner à nos hommes la possibilité de choisir, ce qui est bien plus que ce que Clayburn nous a donné. Certains vont rester. Certains nous suivront. Je ne sais pas pour toi, mais j'en ai marre d'être ici.

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