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Entrée 44 - aigle noir

  • Sud de l'Angleterre, fin de l'automne, 2040

« Et maintenant, lança Clayburn d'un ton presque théâtral, on arrive à la meilleure partie. Bien entendu, mon pote Sebastian sait comment ça s'est passé. Ne dis rien, Seb, ajouta-t-il, un rien moqueur. Strom remarqua que Grimm lui lançait encore un de ses drôles de regards, mais soit Clayburn s'en fichait, soit il avait choisi de l'ignorer.

« Bien, Messieurs, continua-t-il en frottant machinalement la cicatrice qu'il avait au visage, où en étions-nous ? Ah oui. Les Seahawks avaient quitté Jacksonville à bord du train rafistolé qu'ils avaient remis en état plus tôt. Ce n'était pas grand chose, mais leur bateau leur avait permis d'acheter assez de carburant, de pièces détachées et de main œuvre pour réussir à le remettre en marche. Ils chargèrent tout ce qu'ils purent et prirent la route de l'ouest.

Évidemment, il fallait qu'on soit là-bas avant eux. Et on a réussi. Vous voulez savoir comment ? »

Strom ne l'avait pas vu de si bonne humeur de toute la visite. Il en souriait presque tant il était excité. Il ne put que hausser les épaules.

« Les Black Eagles ».

L'incompréhension se lut dans le regard de Strom.

« La bande de mercenaires dirigée par ce Cubain arrogant ? Je le connais. Je ne savais pas qu'il opérait aux États-Unis.

Non. L'escadron de C-17 d'Istambul qui avait amené les Seahawks au Caire quelques mois plus tôt. Le même nom. Mais une autre unité. J'avais travaillé avec eux auparavant, et ils étaient enthousiastes à l'idée d'amener une unité d'élite des Crimson Reavers au Texas tellement plus vite qu'en bateau. Quand les Seahawks, ou plutôt, ce qu'il en restait, ont trouvé la base, leurs véhicules tombaient en pièces détachées, ils avaient faim et ils étaient fatigués. Leur seul espoir, c'était ce qui les attendait dans le bunker. Coincés entre les Reavers qui les avaient précédés et mon unité de débarquement qui était déjà en route, ils n'avaient plus le choix.

Une minute... attendez, l'interrompit Strom. Chef, ajouta-t-il respectueusement en voyant Clayburn hausser les sourcils.

Je ne comprends pas. Si les C-17 pouvaient les amener aux États-Unis, pourquoi est-ce que les Seahawks n'ont pas simplement vendu leurs véhicules à Istanbul pour aller se planquer quelque part ? Ils ne connaissaient pas l'existence du bunker à l'époque si je ne me trompe pas. Pourquoi prendre le risque d'aller en Afrique ? »

Grimm gloussa en secouant la tête.

« C'est ce que je disais. Le manque d'imagination. »

Toujours d'aussi bonne humeur, Clayburn haussa les épaules et resta plongé dans ses pensées quelques instants avant de répondre.

« L'avidité est un puissant moteur, messieurs. Tout comme la colère. Sans retenue, les deux peuvent rendre aveugle. L'avidité fait faire des erreurs. La colère empêche de voir ce qui se dresse devant soi. Alors, la colère plus l'avidité... il n'y a rien de pire. Comme votre neveu, Chef ? » ajouta tranquillement Strom.

Clayburn acquiesça. « Oui, comme Peter. Il n'arrêtait pas de lancer mon nom à tout va, comme si cela signifiait quelque chose. Mais il ne m'avait rencontré qu'une fois, quand il avait trois ans. Et de plus, je déteste le népotisme. Ça me dégoûte. Pourquoi lui avoir confié l'opération de Balkans, alors ? »

Clayburn haussa les épaules.

« Je n'ai pas peur de prendre des risques et de toute façon, je n'espérais rien. Il aurait pu me surprendre. Un peu.

Et il vous a surpris ?

Non, pas du tout.

Mais qu'est-ce que les Seahawks viennent faire là ? Qu'est-ce qu'il y avait dans le bunker ? Ils s'en sont sortis, n'est-ce pas ? »

Grimm et Clayburn retrouvèrent brusquement leur sérieux.

« Oui. Finalement. Certains d'entre eux. »

Strom soupira en secouant la tête.

« Alors, ils ont gagné. Ils ont eu le premier prix.

Peut-être. Mais ce n'était pas ce à quoi ils s'attendaient. »

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