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Les tanks par temps froid

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Cela fait un moment que nous n'avons pas rédigé d'article pratique et, à l'heure où presque toute l'Europe est couverte d'un manteau de neige, nous nous sommes dit qu'il était grand temps d'en écrire un autre. Nous avons donc décidé de vous proposer un article sur les problématiques rencontrées par les chars lors de températures froides.

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Essentiellement, la conduite d'un véhicule blindé par temps froid n'est pas très différente de celle de n'importe quelle autre pièce d'équipement. La lubrification doit être renforcée et adaptée aux températures plus basses (par l'utilisation d'huile arctique et d'un lubrifiant synthétique), les moteurs doivent être préchauffés si nécessaire et il faut prendre garde aux surfaces qui deviennent glissantes. Les munitions doivent être stockées au chaud, et les véhicules blindés doivent être couverts afin que la glace ne pénètre pas à l'intérieur. Les modules extérieurs vulnérables au gel sont isolés à l'aide de bâches en plastique ou en toile.

Le froid de l'hiver affecte la mobilité des chars bien plus que vous ne l'imaginez. Sur le verglas, les chenilles en acier deviennent glissantes et le char devient donc beaucoup plus difficile à contrôler, ce qui entraîne parfois des glissades spectaculaires. Cela peut être compensé par l'utilisation de crampons que l'on pose sur les chenilles, qui augmentent l'adhérence du véhicule. Il en va de même sur les surfaces molles, comme la neige profonde ou le sable. La perte d'adhérence de la chenille crée des problèmes majeurs qui ne peuvent pas être facilement résolus. Les véhicules à roues peuvent généralement être équipés de chaînes à neige, tandis que les chars d'assaut ne peuvent compter que sur leurs chenilles. Quoi qu'il en soit, conduire en hiver (et notamment dans les zones accidentées ou en montagne) ne doit être effectué que par des équipages qualifiés ayant reçu une formation spéciale.

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D'une manière générale, la capacité à franchir des terrains difficiles s'est considérablement améliorée depuis l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Alors que les chars soviétiques avaient un net avantage sur les chars allemands pendant l'hiver 1941 grâce à leurs chenilles larges, les performances hors route de tous les chars de combat d'aujourd'hui sont plus ou moins comparables, mais on peut en dire autant de la conception des chars de combat en général. Il y a très peu d'anomalies de conception de nos jours.

Pour tenter de traverser des étendues d'eau gelées avec un véhicule blindé, la glace doit avoir une épaisseur d'au moins 40 cm pour un véhicule de 16 tonnes, chaque tonne supplémentaire nécessitant un pouce de plus (2,54 cm). En d'autres termes, pour traverser une rivière gelée avec un Abrams de 65 tonnes, il faudrait que la glace ait une épaisseur de plus d'un mètre et demi. Cela s'applique à la température de 10 degrés Celsius ou moins – au-delà, il faut ajouter 25 % d'épaisseur de glace.

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L'humidité en hiver peut également rendre le véhicule lui-même dangereux. Les surfaces métalliques telles que les châssis de chars deviennent incroyablement glissantes, ce dont les équipages (ou les troupes à bord) doivent être conscients. Pour y remédier, les chars modernes sont recouverts de surfaces antidérapantes sur les parties de leur châssis où un tel danger pourrait menacer l'équipage.

Et puis il y a le froid lui-même. Outre la lubrification correcte de leurs pièces mobiles mentionnée plus haut, les tanks sont susceptibles de voir leurs moteurs geler, et donc d'être difficiles à démarrer sans aide extérieure. En général, par des températures négatives, les moteurs des véhicules blindés doivent être démarrés toutes les deux ou trois heures pour éviter qu'ils ne gèlent, et le moteur doit tourner pendant au moins 10 minutes avant l'utilisation effective. À -30 degrés Celsius ou moins, le moteur doit être en marche en permanence.

Il existe cependant des moyens de résoudre ce problème si un démarrage du moteur est nécessaire à tout moment, notamment en Russie où les températures glaciales en hiver sont monnaie courante. Dans le passé, les équipages allumaient un feu sous le moteur du tank pour le dégeler. Aujourd'hui, cependant, les unités arctiques russes utilisent les chars de combat de la série T-80. Ce sont en quelque sorte les supercars du monde des tanks – ils sont puissants, mais extrêmement chers.

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Ils présentent toutefois un avantage considérable par rapport à leurs homologues de service des séries T-72 et T-90 : ils sont équipés d'un moteur à turbine à gaz plutôt que d'un moteur diesel standard. Les turbines à gaz peuvent facilement démarrer à des températures allant jusqu'à -40 degrés Celsius, ce qui rend ces tanks extrêmement adaptés aux environnements froids. La Suède, un pays occidental par ailleurs neutre, en a testé deux modèles en 1993 et a sérieusement envisagé de les déployer en service.

Les unités arctiques russes sont en train d'être équipées d'une version améliorée du CCP T-80B – le T-80BVM. À la fin de l'année 2019, environ 200 d'entre eux étaient en service selon des sources polonaises, ainsi qu'environ 500 variantes plus anciennes du T-80 – principalement le T-80U et le T-80BV. L'épine dorsale des forces de tanks russes, cependant, sont les engins équipés de moteurs diesel, T-72B3 (environ 1000 en service) et la série des T-90, y compris le T-90M à la pointe de la technologie. Il convient de noter que les pays de l'OTAN ne disposent pas de tanks spéciaux pour les environnements hivernaux, préférant s'appuyer sur des procédures d'entretien saisonnières spécifiques pour l'équipement standard.

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Outre l'environnement, les tanks en hiver doivent se méfier des embuscades et des troupes ennemies. C'était beaucoup plus difficile au début – visuellement, il est très facile de dissimuler une silhouette humaine parmi les congères et les arbres qui brisent naturellement les silhouettes. Tout ce que vous aviez à faire était de vous habiller tout en blanc. Cependant, avec l'avènement des caméras thermiques, le vent a tourné et un corps humain chaud dans un environnement froid se voit très bien dans le spectre infrarouge. Il en va de même pour les véhicules militaires : il est extrêmement difficile de dissimuler un tank en marche, en particulier les tanks à moteur à turbine mentionnés ci-dessus qui produisent beaucoup de chaleur. En ce sens, ces moteurs sont une arme à double tranchant. Le son se propage également plus loin par temps très froid, ce qui est un paramètre important avec des véhicules blindés bruyants.

De ce fait, il est beaucoup plus difficile de monter une embuscade. Les tanks peuvent donc être combattus en hiver soit à distance avec des ATGM, soit passivement avec divers pièges (un exemple typique est un trou recouvert de quelques branches et de beaucoup de neige). C'est grossier, mais ça peut parfois fonctionner. Les mines, cependant, ont tendance à ne pas marcher dans des températures extrêmement basses. Le tir d'un canon de tank est également affecté par le froid. Par exemple, dans la neige profonde, les obus HE sont généralement jusqu'à 40 % moins efficaces.

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Mais tout n'est pas difficile en hiver. Le camouflage visuel est plus facile quand le monde entier devient blanc. Tout ce que vous avez à faire, c'est de peindre votre véhicule en blanc Bien entendu, il existe également différentes approches en ce qui concerne le camouflage. Les anciens motifs de camouflage MERDC américains, par exemple, utilisaient un système de quatre couleurs qui pouvaient être adaptées aux forêts ou aux plaines d'hiver. Cette solution a toutefois été jugée un peu trop compliquée. Le modèle moderne de l'OTAN de 1986 (utilisé à peu près partout, aussi bien par la France que par l'Allemagne) utilise trois couleurs : vert, brun et noir. En hiver, les taches noires peuvent être peintes avec tout ce qui est blanc à portée de main (comme de la chaux) pour produire la version hiver..

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La Chine a des camouflages d'hiver spécifiques (généralement de type digital), tandis que la Russie utilise couramment son camouflage à trois nuances dans tous les environnements. Les unités de l'Arctique utilisent aussi simplement la couleur blanche pour camoufler leurs véhicules. Les pays scandinaves ont, bien sûr, leur propre gamme de camouflages, tout comme le Japon.

La guerre en hiver est étroitement liée à la guerre en montagne, qui s'accompagne d'une série de problèmes supplémentaires pour les équipages. Les chars de combat standard ne sont généralement pas adaptés aux opérations en montagne. Les routes de montagne sont généralement étroites et de mauvaise qualité et un char de 50 tonnes causerait plus d'ennuis que d'avantages. Des unités blindées qui se déplacent lentement dans des ravins sont également très vulnérables aux embuscades.

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En outre, l'air raréfié des hautes altitudes réduit considérablement la puissance des moteurs standard (jusqu'à 20-25 % de perte d'efficacité). Lors d'opérations prolongées, il faut les modifier pour augmenter l'admission d'air dans le moteur, ce qui n'est pas une mince affaire. Par conséquent, il existe très peu de véhicules blindés adaptés à ce genre d'opérations. Sur le plan logistique, les véhicules blindés en montagne consomment beaucoup plus de carburant (30 à 40 % en moyenne).

L'utilisation de blindés en haute altitude est une toute petite niche de l'art de la guerre, mais une niche bien réelle. Il existe actuellement deux “points chauds” où de tels combats peuvent se dérouler à grande échelle. Les deux se trouvent en Inde – dans la région du Cachemire où les intérêts de l'Inde et du Pakistan s'opposent, et dans la région du Ladakh où l'Inde est en conflit avec la Chine.

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C'est surtout dans ce dernier point que les tensions se sont intensifiées au cours de l'année écoulée. Il s'agit d'un ancien conflit frontalier. Le différend sino-indien existe depuis plus de cent ans, et les deux camps revendiquent le territoire. Pour fournir (également) un appui feu en haute altitude, la Chine a développé son tout nouveau Tank léger Type 15, qui devrait donner aux troupes chinoises un avantage sur ce théâtre d'opérations grâce à sa puissance de feu considérable pour sa petite taille. L'Inde, de son côté, compte sur sa flotte de chars légers T-72 et T-90 produits sous licence et recherche actuellement un moyen de contrer la menace des chars légers chinois. Le pays s'intéresse notamment à une version modernisée du véhicule d'appui feu russe Sprut-SD (initialement destiné aux parachutistes russes). Avec un peu de chance, l'Inde n'en aura jamais vraiment besoin.

À bientôt sur le champ de bataille !

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