Souvent éclipsée, dans les magazines historiques, par son voisin du sud, l'histoire militaire du Canada n'en est cependant pas moins remarquable. Pendant les deux plus grands conflits du XXe siècle – la Première et la Seconde Guerre mondiale – le Canada a subi plus d'une centaine de milliers de morts et a participé au combat sur tous les fronts majeurs.
Le fait militaire le plus connu auquel les forces canadiennes ont participé est peut-être le tristement célèbre raid sur Dieppe, durant lequel la seconde division blindée canadienne, relativement inexpérimentée, combattit héroïquement contre les occupants nazis en France, subissant des milliers de morts et de blessés.
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Le Canada en temps de guerre
Si les exploits accomplis par les troupes canadiennes pendant les conflits majeurs sont bien documentés, on ne peut pas dire la même chose quant au développement des blindés canadiens indigènes. Deux chars ont été développés au Canada pendant la Seconde Guerre mondiale, tous deux basés sur des designs américains. Avant la guerre, le Canada était fortement dépendant des armements britanniques. La plupart de ses armes étaient soient importées, ou étaient des designs britanniques modifiés. La tendance se poursuivit bien après les temps de guerre – par exemple, la variante Valentine Mk. VI du célèbre char d'infanterie de Vickers était exclusivement construite au Canada.
Le canadien Valentine Mk.VI durant l'inspection
Cependant, suite à la destruction des forces blindées du Royaume-Uni en France, la Grande-Bretagne était occupée à reconstruire ses effectifs et ne pouvait pas réapprovisionner le Canada en armes. En fait, la Grande-Bretagne demanda au Canada de l'aider, ce que le pays accepta. Cela causa un manque qui dut être comblé.
Les blindés modernes, au début de la Seconde Guerre mondiale, étaient difficiles à obtenir et l'Angleterre était occupée à sauver sa peau : les Canadiens durent se tourner vers les États-Unis pour se procurer, entre autres choses, des véhicules blindés. Ils n'étaient pas très satisfaits du M3 Medium (également connu sous le nom de Grant ou Lee) et choisirent de développer eux-mêmes un char moyen.
Le produit final était un véhicule connu sous le nom de Tank, Cruiser, Ram. Avec plus de 2000 exemplaires construits, il n'a jamais participé à des combats mais fut utilisé intensivement en tant que véhicule d'entraînement et de formation pour les troupes du Commonwealth. Certains d'entre eux furent même envoyés en Angleterre, mais jamais déployés en Europe. Sans être le meilleur char de sa catégorie, c'est un excellent exemple de l'ingéniosité des Canadiens. Un autre véhicule canadien ayant rencontré le succès était le canon automoteur Sexton, construit sur le châssis du Ram.
Ram Mk.II canadien
Il y avait également le Grizzly, un Sherman M4A1 modifié et produit au Canada. La raison pour laquelle ces Sherman canadiens ont été produits était le résultat de la crainte que les États-Unis ne puissent pas produire suffisamment de Sherman pour leurs alliés ainsi que pour eux-mêmes. Cependant, la machine de guerre américaine se mit en marche et suivit la cadence, et des milliers de Sherman commencèrent à sortir des plans de production. Le besoin de produire localement des Sherman fut atténué, et environ 200 exemplaires seulement du Grizzly furent produits. Avec si peu d'exemplaires construits, le Grizzly n'eût pas de réel impact sur l'effort de guerre, mais déboucha sur 2 designs intéressants :
- Sexton Mk.II (CA à obus de 25 livres basé sur le châssis du Grizzly)
- Skink (tank antiaérien à quadruple canon 20mm, absolument terrible contre l'infanterie
Après la guerre, un certain nombre de Grizzly furent vendus au Portugal, et ils servirent jusqu'aux années 80.
Les forces canadiennes furent très actives, tout spécialement pendant les derniers développements de la guerre, lors des campagnes d'Italie et de Normandie. Il y a eu de nombreux soldats exceptionnels parmi les Canadiens déployés pendant la Seconde Guerre mondiale mais l'un d'entre eux mérite tout particulièrement d'être mentionné : Sydney Valpy Radley-Walters. Radley-Walters était un tankiste canadien qui obtint 18 destructions de chars ennemis pendant son service, ce qui en fait l'un des tankistes alliés les plus remarquables de la Seconde Guerre mondiale.
Les blindés d'après-guerre
Une fois la guerre terminée, le Canada se retrouva dans une situation plutôt étrange. Les véhicules canadiens fabriqués pendant la guerre furent pour la plupart laissés en Europe (ce qui coûtait moins cher que de les rapatrier outre-mer), et les forces qui revinrent au pays furent réarmées avec de l'équipement provenant principalement des États-Unis (notamment quelques centaines de chars Sherman M4A2 76 mm).
Dans le monde d'après-guerre, divisé en deux camps par le Rideau de Fer, il était clair que les Sherman allaient rapidement devenir obsolètes. La guerre de Corée fut le révélateur de cet état de fait. Un véhicule de remplacement devait être trouvé et les Canadiens, plutôt que d'adopter les chars Patton américains, se tournèrent à nouveau vers les Britanniques et optèrent pour le char Centurion.
Centurion Mk.3 canadien
Cette décision n'était pas le fruit du hasard. L'obsolescence du Sherman, démontrée lors de la guerre de Corée, était évidente, mais le char Patton n'était pas adéquat pour autant. Tout d'abord, il ne s'était pas très bien comporté en Corée, souffrant d'une production précipitée qui posa un certain nombre de problèmes aigus. Ensuite, il y avait des doutes quant à la capacité de production de ce char. Et finalement, le Centurion fit brillamment ses preuves au combat.
Les premiers Centurions (version Mk.3) furent livrés au Canada en 1952 et, via de nombreuses améliorations, ils firent carrière au service des forces canadiennes jusqu'en 1979 (ils furent officiellement retirés en 1977, mais quelques-uns furent conservés en tant que véhicule de formation pendant quelque temps). Les Canadiens aiment bien leurs Centurions, qu'ils considéraient comme de bons véhicules de combat, mais à la fin des années 70 il était temps de les remplacer.
L'ère du Leopard 1
Une fois de plus, les Canadiens avaient plusieurs choix disponibles et ils s'arrêtèrent sur une version modifiée du Leopard 1A3 (dotée d'un système de contrôle de tir différent). Le Leopard 1A3 disposait d'une nouvelle tourelle plus robuste, par rapport à celle équipant les précédents Leopard 1s, c'était un véhicule formidable mais, comme d'habitude, les raisons derrière ce choix furent, tout au moins en partie, politiques. Tout d'abord, le Canada essayait d'obtenir un meilleur accès au marché d'Europe de l'Ouest par l'entremise d'un traité, et un gros contrat pour le nouveau CCP canadien était utile pour cela.
Ensuite, il y avait un sentiment général de rejet à l'idée d'être lié à l'industrie militaire américaine. De plus, les chars Patton se comportèrent de manière médiocre pendant la guerre du Yom Kipour en 1973, ce qui n'échappa pas aux acheteurs potentiels. La vulnérabilité de ces véhicules contre les missiles guidés antichars soviétiques et une tendance à prendre facilement feu lorsqu'il était touché frontalement (à cause des fluides hydrauliques inflammables) causèrent pertes élevées dans les rangs des tankistes israéliens et, bien que ces problèmes furent ultérieurement réparés, le mal était déjà fait.
Leopard C1 canadien
Le Canada commanda 127 de ces véhicules (désigné comme Leopard C1) en 1979. La plupart d'entre étaient en fait stationnés en Europe, et ils y restèrent jusqu'à leur retrait d'Allemagne. Vers 1990, les Leopard C1 étaient un peu obsolètes, ce qui conduisit à la modernisation et standardisation en version C2 (un total de 66 véhicules furent passés en C2). Pour résumer, cela constituait à remplacer la tourelle par celle, plus moderne, du Leopard 1A5, de rajouter du blindage et un système de contrôle de tir amélioré.
Quelques Leopard 1 canadiens furent également améliorés avec un kit de blindage MEXAS (Modular Expandable Armor System), développé dans les années 90 par IBD Deisenroth, la même entreprise allemande qui avait créé le kit ESPACE. Ces chars furent appelés Leopard C1 MEXAS. Les Leopard C1 servirent au Kosovo et en Bosnie, et les C2 dotés du MEXAS furent envoyés en Afghanistan.
Le Leopard 2 et le futur
En 2006 (année du déploiement en Afghanistan), cela faisait presque 30 ans que le Leopard 1 était au service de l'armée canadienne, et cela commençait à se faire ressentir. En dépit des niveaux de protection améliorée du C2, le véhicule n'était pas adapté au combat en milieu urbain et un remplaçant était à nouveau nécessaire.
Les Leopard 2 allemands étaient un premier choix évident. Il y avait plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, les liens entre l'armée canadienne et les fabricants allemands étaient maintenant solides avec Krauss-Maffei (qui s'appelait Krauss-Maffei Wegmann en 1999), qui était responsable des précédentes modernisations des Leopard canadiens. Les Leopard 2 Allemands étaient également disponibles, abordables et disposaient d'une assistance complète. De plus, ils n'étaient pas vendus avec des performances réduites (ce que faisaient les Américains, et continuent de le faire avec les versions d'exportation des Abrams).
Leopard 2A6M CAN canadien
Initialement, les Allemands louèrent 20 chars Leopard 2A6M aux forces canadiennes en Afghanistan. Les versions 2A6M étaient un 2A6 (canon 120 mm L/55) avec une protection accrue contre les mines qui consistaient en une plaque de blindage épaisse protégeant le plancher du char, ainsi que des améliorations effectuées sur quelques composants internes.
Les Canadiens, heureux avec leurs Leopard 2, décidèrent par la suite d'acheter quelques-uns de ces véhicules aux Pays-Bas. Il s'agissait de Leopard 2A4, améliorés en version 2A4M. Tout comme le 2A6M, la version 2A4M était dotée d'une protection améliorée contre les mines, une amélioration essentielle pour les conflits asymétriques. Le Canada décida de conserver également les Leopard 2A6M.
Le Canada utilise actuellement environ 80 Leopard 2A6M, et ses 66 Leopard C2 restants. Bien qu'il n'y ait pas de projet officiel pour remplacer les C2, ils sont généralement considérés comme étant obsolètes et il est peu probable qu'ils soient déployés de nouveau.
Dans Armored Warfare
Il est très probable qu'un véhicule canadien (tout au moins une variante canadienne) apparaisse dans Armored Warfare. Actuellement, il nous est impossible de dévoiler des projets spécifiques quant à l'introduction de ces véhicules, mais il y a quelques candidats très intéressants comme les variantes canadiennes des Leopard 1 et 2, ainsi que la ligne de véhicules AVGP.
Cependant, ce qui est certain, c'est que nous n'oublierons pas la contribution du Canada !